Les maux de la langue

La maire, la mairesse et les féminins en -esse

27 mai 2019

La Banque de dépannage linguistique a récemment mis en ligne des fiches portant sur l’appellation des personnes et la formation des noms féminins. On apprend entre autres qu’une quarantaine de noms masculins se terminant en ˗e ont un féminin en -esse, mais qu’il existe souvent une autre variante féminine. En fait, on n’utilise pratiquement plus le suffixe ˗esse pour former de nouveaux noms féminins.
Ce suffixe a d’abord servi à féminiser des noms de dignitaires : abbesse, chanoinesse, mairesse, duchesse, etc. Il permet aussi de nommer les femmes qui participent à un acte juridique : demanderesse, acquéresse, venderesse et autres. Dans ce domaine, on rencontre aussi les formes en -euse : demandeuse, acquéreuse, vendeuse.
Certaines appellations désuètes ne figurent plus dans les dictionnaires courants (ministresse, peintresse), désignent maintenant « l’épouse de… » (notairesse) ou sont péjoratives (poétesse). C’est maintenant la forme épicène qui prévaut : la ministre, la notaire, la peintre, la poète.
D’autres noms féminins en -esse sont encore utilisés (doctoresse, contremaitresse), mais ont également un équivalent épicène (la contremaitre) ou en -eure (docteure).
Enfin, il existe des dénominations qui ne concernent pas les professions. Des mots comme diablesse, devineresse, ogresse, pècheresse, par exemple, qui n’illustrent pas des concepts nouveaux, ne susciteront probablement pas la création d’une forme épicène.
Les nouvelles fiches sur la formation du féminin en général et l’appellation des personnes se trouvent à l’adresse bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3332.
Saviez-vous que…?
Au Québec, le féminin mairesse est plus répandu que sa forme épicène la maire, et il ne s’agit plus de l’épouse du maire. C’est cette forme que l’Office québécois de la langue française (OQLF) privilégie, mais la version épicène est aussi acceptée. En Europe, c’est différent. Le terme mairesse peut désigner soit l’épouse du maire (souvent un usage vieilli ou plaisant), soit la personne qui occupe cette fonction (mais peu utilisé dans ce sens en France). Quant au mot maire, les Européens l’utilisent soit au masculin (madame le maire) soit de façon épicène (madame la maire). En Belgique, on emploie les deux termes : la mairesse et la maire. Selon l’OQLF, il est permis de croire qu’avec la croissance du nombre de femmes occupant de tels postes, les termes féminins s’uniformiseront.