Québec, le 13 septembre 2023. – « D’emblée, nous accueillons favorablement certaines propositions du gouvernement, mais plusieurs sujets essentiels sont absents des orientations mises au jeu et quelques-unes doivent être rajustées ou bonifiées. Nos recommandations font la promotion d’une approche de l’immigration basée sur l’inclusion, la dignité des personnes migrantes et la vitalité du Québec. »
C’est ce qu’a déclaré le vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Mario Beauchemin, lors de son passage cet après-midi à la consultation sur La planification de l’immigration au Québec 2024-2027.
Mettre fin à l’exploitation, aux discriminations et aux abus
Pour la CSQ, de graves enjeux d’exploitation, d’abus et d’obstacles à l’intégration sont ignorés alors qu’il faut s’y attaquer en priorité : « Nous proposons d’inclure l’immigration temporaire dans la planification pluriannuelle, de prévoir des mesures spécifiques aux réalités et aux enjeux vécus par les femmes migrantes et de soutenir la mise en place d’un programme de régularisation des personnes sans-papiers », ajoute le vice-président.
Nous appelons donc le gouvernement du Québec à travailler avec le gouvernement fédéral pour lever les nombreux obstacles d’accès à la résidence permanente rencontrés par plusieurs travailleuses et travailleurs migrants temporaires, en particulier celles et ceux admis ici dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), « un terreau fertile pour des formes d’esclavage moderne », selon le Rapporteur spécial des Nations Unies venu enquêter sur le sujet cette année. Dans la même optique, l’abolition du permis de travail fermé est tout autant essentielle.
Une incohérence à corriger au plus vite
Du côté de la francisation, la Centrale revendique que le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’intégration (MIFI) se ravise en acceptant les tests de français reconnus par le ministère de l’Éducation. « On est devant une incohérence. Les examens administrés par les centres d’éducation des adultes ne sont plus reconnus par le MIFI et les personnes immigrantes doivent plutôt fournir des résultats d’un test… français! De plus, ces tests coûtent de 300 à 400 dollars, contrairement à ceux reconnus par le ministère de l’Éducation, qui sont gratuits. Ça n’a tout simplement pas de sens que les deux ministères ne soient pas au diapason, et ce, au détriment des personnes immigrantes », soutient Mario Beauchemin.
Ce dernier a également soulevé plusieurs inquiétudes par rapport à l’implantation du guichet unique Francisation Québec. Ce système d’inscription en ligne semble connaître des ratés. C’est maintenant le MIFI qui gère les inscriptions aux cours du ministère de l’Éducation. Plusieurs personnes immigrantes attendent donc d’être référées dans des centres d’éducation des adultes qui ne sont pas utilisés à pleine capacité, avec du personnel pourtant prêt à les accueillir, mais ne pouvant plus le faire.
L’enjeu de la régionalisation
Par ailleurs, concernant la régionalisation de l’immigration, plusieurs enjeux sont à résoudre, notamment la francisation et l’adéquation entre les emplois offerts et les qualifications professionnelles. La CSQ insiste également sur le fait que le gouvernement doit bonifier substantiellement le soutien financier alloué aux organismes communautaires qui accompagnent les personnes immigrantes.
L’importance de l’immigration humanitaire et de la réunification familiale
Pour le vice-président, la hausse des seuils de l’immigration économique ne doit pas se faire au détriment des engagements internationaux du Québec envers l’accueil de personnes réfugiées et de leur famille. « Comme les personnes sans statut, les personnes demanderesses d’asile sont déjà établies ici et en processus d’intégration. Les délais de plus de 25 ans d’attente pour obtenir une décision sont, pour nous, inadmissibles! »
Finalement, la Centrale rappelle qu’une vision inclusive est nécessaire. « L’immigration est un enjeu profondément humain qui doit être traité avec sensibilité. Le recours massif à l’immigration économique pourrait s’avérer être un géant aux pieds d’argile si on ne l’accompagne pas d’investissements massifs dans nos services publics, dans l’accueil, la francisation et le soutien des personnes immigrantes. Pour la CSQ, les mesures de soutien à l’intégration, à l’information et à la défense des droits ainsi que l’accès à des services adaptés aux réalités des personnes sont prioritaires », conclut Mario Beauchemin.
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