Montréal, le 10 décembre 2018. – À sa dernière assemblée générale du 6 décembre dernier, la Coalition solidarité santé a décidé d’appuyer la Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique1, à l’instar de centaines de municipalités et de MRC, des Communautés métropolitaines de Québec et de Montréal, et d’organismes et de citoyen.ne.s. du Québec. Par cet appui, la Coalition veut reconnaître les dangers extrêmes pour la santé que fait peser le réchauffement climatique sur la population du Québec, mais aussi les dangers pour sa survie et celle de l’humanité.
On se rappellera que le 10 septembre dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutterez, servait une dure mise en garde à tous les États : il ne leur restait que deux ans, 24 mois, pour mettre en place les mesures sérieuses nécessaires à éviter les conséquences désastreuses qui viennent si rien n’est fait.
Trois mois plus tard, à la COP-24, ce même secrétaire général déclarait que « nous ne faisons toujours pas assez, nous n’allons pas assez vite…Le changement climatique avance plus vite que nous… C’est déjà une question de vie ou de mort. »
« Nous sommes inquiets de voir comment se comportent nos gouvernements à Ottawa et à Québec en cette situation de crise climatique », observe Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition solidarité santé. « Justin Trudeau aime bien utiliser les déclarations « selfies » à l’international, mais à l’interne du Canada, il finance à hauteur de 10 milliards de dollars en moyenne par année l’industrie du pétrole et du gaz qui font augmenter le réchauffement climatique de la planète. Il a même acheté avec nos finances publiques un oléoduc dans l’intention de le grossir pour soutenir l’exportation du pétrole bitumineux qui est des plus néfastes pour le climat », poursuit monsieur Benoit.
La Coalition solidarité santé est aussi préoccupée par les déclarations et actions du nouveau gouvernement Legault concernant le réchauffement climatique. « Le gouvernement semble avoir oublié les impacts vécus par sa population lors des inondations du printemps dernier, des canicules de l’été et des tornades de l’automne. Les chaleurs intenses de l’été ont causé près d’une centaine de morts, mais la canicule de 2010 avait entraîné 300 décès, majoritairement dans la communauté et non dans les lieux d’hébergement public», rappelle Jacques Benoit. « La Santé publique avait analysé que 71 % des cas avaient des facteurs de risque cardiovasculaire (maladie coronarienne, insuffisance cardiaque ou hypertension artérielle), et que 40 % des cas avaient un trouble de santé mentale (dont près de la moitié souffraient de schizophrénie). Et on peut craindre une aggravation du nombre, de la durée et de l’intensité des canicules qui s’en viennent, avec des impacts plus graves encore sur une population vieillissante », indique encore M. Benoit.
Au moment où la ministre de la Santé, madame McCann annonce qu’elle veut financer sans réserve les services à domicile parce qu’ils coûtent moins chers que l’hospitalisation et l’hébergement, la Coalition se questionne sur les mesures que la ministre entend prendre pour s’assurer que les personnes qui resteront à domicile ne se retrouveront pas pendant les prochaines canicules dans des conditions pouvant leur être fatales.
La Coalition souligne également que les désastres climatiques affectent aussi psychologiquement la population. « Quand les citoyen.ne.s victimes d’inondations ou de tornades voient leurs vies partir en morceaux, c’est aussi leur santé mentale qui écope. Les cas de dépression augmentent, les problèmes d’anxiété, d’abus d’alcool, de violence familiale aussi », poursuit Jacques Benoit. « Les producteurs et productrices agricoles qui ne peuvent semer au printemps parce qu’il y a inondation, puis qui voient ensuite leurs semences qui ne poussent pas à cause des sécheresses vivent de grandes anxiétés, des découragements extrêmes, se terminant  parfois en suicides », se désole-t-il. « Et on ne parle pas du personnel oeuvrant pour le système de Santé et de Services sociaux (SSS) qui peut aussi être affecté individuellement par ces catastrophes, mais qui doit continuer à fournir soins et assistance à la population, et qui, en surcroît de ses tâches habituelles, doit courir pour fournir un tant soit peu de rafraîchissement aux patient.e.s démuni.e.s dans des établissements non climatisés, dont la température intérieure dépasse souvent celle de l’extérieur », note encore M.Benoit.
La Coalition solidarité santé demande au gouvernement de prendre soin de la population du Québec, et à la ministre McCann de prendre soin de celles et ceux qui en prennent soin par le réseau public de SSS.
Solidarité santé implore la ministre de la Santé et le gouvernement Legault de reconnaître dès maintenant l’état d’urgence climatique, et de mettre en place dans toutes les sphères de la société les mesures qui s’imposent pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
« Les solutions existent et sont connues. 21 mois, c’est peu, mais c’est suffisant pour mettre en place la transformation sociale, économique et énergétique reconnue par la communauté scientifique, une transformation qui nous permettra d’ici 2030 de stopper le cours du réchauffement climatique, puis de l’inverser. Ce n’est pas idéologique, c’est scientifique! », affirme Jacques Benoit. 
« De même, il faut mobiliser toutes les parties concernées : le système public de SSS, les milieux communautaires, civils et municipaux, il faut impliquer les citoyen.ne.s démocratiquement non seulement comme exécuteurs, mais comme décideurs, comme acteurs, comme agents de prévention et de solutions. C’est une question de santé. Et même plus encore : comme l’a dit M. Gutterez, c’est déjà une question de vie ou de mort! », conclut Jacques Benoit.


1 Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique