Enjeux sociopolitiques
Intégration nationale : un pas de recul s’impose
8 avril 2025
Près d’une centaine d’individus et d’organisations demandent au gouvernement du Québec de suspendre l’étude du projet de loi no 84 (PL84) sur l’intégration nationale. Jugé trop restrictif, ce projet de loi soulève des inquiétudes quant à ses répercussions sur le modèle interculturel, les droits fondamentaux et l’autonomie des organismes communautaires.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Dans une déclaration commune, les individus et organisations signataires, dont la CSQ, critiquent le PL84 pour son approche assimilationniste, qui impose une culture et des valeurs québécoises aux personnes immigrantes, au détriment du dialogue et du pluralisme.
« Présenté comme un geste d’affirmation nationale, le projet de loi s’inscrit dans le prolongement de discours et de mesures qui ont fragilisé le vivre-ensemble au Québec ces dernières années. Ces discours, qui blâment de façon réductrice et mensongère les personnes immigrantes pour une panoplie de problèmes sociaux, servent à justifier des restrictions aux programmes d’immigration et d’intégration, tout en n’offrant aucune solution réelle pour résoudre ces problèmes », est-il indiqué dans la déclaration.
Les signataires affirment que le projet de loi remet aussi en question la portée de la Charte des droits et libertés de la personne. Il subordonne l’exercice des droits humains à un modèle d’intégration défini par le gouvernement, ouvrant la porte à des restrictions pouvant menacer l’égalité et les libertés fondamentales.
Enfin, les organisations signataires s’inquiètent de la perte d’autonomie pour le communautaire, notamment pour les organismes œuvrant dans le domaine de l’immigration et ceux recevant du financement gouvernemental : « Le projet de loi donnerait le pouvoir au gouvernement de déterminer les formes d’aide financière qui devraient être compatibles avec le modèle d’intégration nationale. Ceci constituerait une entorse supplémentaire à l’autonomie des organismes, alors que le gouvernement peine déjà à respecter pleinement ses propres politiques en matière d’action communautaire autonome. »
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