Action féministe, Diversité
Identité de genre : une question de respect
5 février 2025
« Les attaques envers les femmes trans, et les personnes trans en général, sont des attaques antiféministes. La défense de la diversité des genres est donc essentiellement un combat féministe », résumait Marie Houzeau, directrice générale du Groupe de Recherche et d’Intervention sociale (GRIS-Montréal), un organisme qui a pour mission de démystifier les orientations sexuelles et les identités de genre, lors du dernier Réseau d’action féministe de la CSQ.
Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ
Ce constat fait écho à une vérité simple, bien que désagréable : exister en dehors des cadres rigides du genre dérange encore. Pourtant, l’identité de genre ne devrait jamais être une question de débat, mais bien de reconnaissance et de respect.
L’identité, ce n’est pas un choix!
Connais-toi toi-même, disait Socrate. Belle invitation à la réflexion. Mais que se passe-t-il lorsque la société refuse de reconnaître ce que l’on sait être au plus profond de soi?
Si le genre n’avait jamais été une contrainte, on ne verrait pas autant de personnes se battre pour simplement être appelées par le bon prénom, le bon pronom. On ne verrait pas tant d’obstacles érigés sur le chemin des personnes trans et non binaires. Parce que l’identité de genre, contrairement à ce que certains s’obstinent à penser, n’a rien d’un caprice ou d’une mode passagère.
C’est une réalité intérieure, une certitude intime. Et surtout, ce n’est pas un choix.
La violence du regard des autres
Dans une société qui aime bien les cases et les définitions nettes, les personnes trans et non binaires viennent brouiller les lignes. Et ça, certains ne le supportent pas. En conférence, Marie Houzeau a mis de l’avant des données inquiétantes : « Les personnes trans sont deux fois plus susceptibles de signaler des expériences de violence au cours de leur vie par comparaison aux femmes cisgenres, et quatre fois plus que les hommes cisgenres. »
« Les personnes trans sont deux fois plus susceptibles de signaler des expériences de violence au cours de leur vie par comparaison aux femmes cisgenres, et quatre fois plus que les hommes cisgenres. »
– Marie Houzeau, directrice générale du GRIS-Montréal
Qu’on parle de harcèlement au travail, d’agressions verbales dans la rue ou de discriminations légales à peine voilées, être une personne trans aujourd’hui, c’est encore trop souvent faire face à des regards qui jugent, des institutions qui freinent et des commentaires qui blessent.
Il suffit d’écouter les témoignages pour comprendre l’ampleur du malaise. Des collègues qui refusent de s’adresser correctement à une personne, selon son genre, sous prétexte que « c’est trop compliqué », des employeurs qui hésitent à embaucher « pour éviter des tensions », des familles qui coupent les ponts parce qu’elles n’arrivent pas à accepter que leur enfant ne soit pas la personne qu’elles avaient imaginée.
La réalité des personnes trans est marquée par cette violence sourde du quotidien, cette invalidation constante de leur existence. L’élection de Donald Trump, au sud de la frontière, n’est pas pour aider à défaire les préjugés, ce dernier ayant radié l’existence des personnes trans aux États-Unis d’un simple trait de crayon présidentiel.
Être une personne alliée : on ne veut pas le savoir, on veut le voir!
S’afficher comme une personne alliée, ce n’est pas juste glisser un drapeau trans dans sa bio Instagram ou applaudir une fois par an, lors de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.
Selon Marie Houzeau, c’est refuser de rire aux blagues transphobes, dénoncer les commentaires inappropriés, reprendre quelqu’un qui mégenre une personne, même quand elle n’est pas là pour l’entendre. C’est faire en sorte que les espaces de travail, d’éducation, de loisir soient inclusifs et sécurisants.
C’est aussi, et surtout, écouter. Parce que trop souvent, les personnes trans doivent justifier leur existence, expliquer encore et encore ce qu’est l’identité de genre, pourquoi il faut arrêter de dire qu’elles sont « nées dans le mauvais corps » ou pourquoi leur transition ne regarde qu’elles.
C’est reconnaître la place qu’ont les femmes trans dans le mouvement féministe et les appuyer dans leurs combats particuliers comme elles partagent nos luttes, c’est une question de solidarité et de sororité.
Et si, au lieu de demander encore des preuves et des explications, on leur laissait simplement être qui elles sont?
L’identité, une évidence à respecter
Certaines vérités sont simples. L’identité de genre ne se décrète pas, elle se ressent. Elle ne se débat pas, elle se respecte. Au fond, ce combat n’a rien de complexe : il s’agit juste d’écouter, d’accepter et de faire preuve d’un minimum d’humanité.
Le respect, lui, est un choix. Et il est plus que temps de le faire.