Les maux de la langue
Histoires de noms
11 décembre 2020
La formation du nom des animaux s’avère parfois assez étonnante. En voici une brève démonstration.
Le renard ne s’appelle ainsi que depuis un peu plus de 300 ans. Auparavant, on l’appelait goupil. C’est à la suite de la popularité du Roman de Renart, un recueil de récits animaliers du Moyen Âge, qu’il a graduellement changé de nom. Le personnage principal, un goupil nommé Renart, est rusé, joueur de tours et habile à se sortir du pétrin. Avec le temps, c’est par le prénom de ce héros qu’on en est venu à désigner l’animal, puis par sa variante, renard.
Le hérisson est, à sa façon, également digne de mention. Ce ne sont pas tant les variations de son nom qui sont intéressantes comme son origine. Il doit celui-ci au terme latin ericius, qui désignait une « machine de guerre faite d’une poutre garnie de pointes de fer »!
Le coq, lui, s’appelait poul au Moyen Âge, soit la version masculine d’une poule et la version adulte d’un poulet. L’expression fier comme un pou fait référence à cet oiseau, qui a une posture droite et une allure arrogante, et non à la bestiole que l’on connait. L’onomatopée correspondant à son cri n’est pas étrangère au nom qu’il porte aujourd’hui.
La dinde mérite aussi notre attention. Ce volatil vivait à l’état sauvage en Amérique lorsque les navigateurs espagnols y ont débarqué. Croyant se trouver aux Indes, ils ont appelé coqs d’Inde les spécimens qu’ils ont ramenés au pays. Ce nom s’est ensuite transformé en poule d’Inde, en poulet d’Inde et finalement en dinde, terme qui a d’abord été féminin et masculin.
Saviez-vous que…?
Lorsque le nom de famille d’une personne est étroitement lié à celle-ci, généralement par son métier ou ses occupations, il s’agit d’un aptonyme. On peut penser au chanteur Daniel Lavoie, aux inventeurs du cinéma, les frères Lumière, au champion de ski nautique Pierre Plouffe, etc. L’inverse est un contraptonyme. La chanteuse Véronique Sanson en est un exemple, ainsi qu’un Pierre Boucher qui est boulanger ou qu’un nutritionniste nommé Jean Bourlet. La palme revient à une certaine Marie Langlais, francophone, qui, en 1949, a épousé l’anglophone Thom French. Étant donné les pratiques de l’époque, on peut penser qu’elle a ensuite porté le nom de Marie French, nous fournissant ainsi un bel exemple de l’un et de l’autre.
Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes.