Action féministe, Diversité
Femmes, égalité des genres et jeunesse : un ministère sacrifié
27 mars 2025
Tout juste assermenté, le nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, a présenté son nouveau Conseil des ministres, annonçant par le fait même l’élimination de plusieurs ministères, dont celui des Femmes, de l’Égalité des genres et de la Jeunesse. Cette décision suscite une vive indignation de la part de la CSQ, qui espère que le prochain gouvernement fera volte-face.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
La décision d’inclure les dossiers touchant les enjeux féministes et l’égalité des genres dans un ministère élargi nommé « de la Culture et de l’Identité canadienne » est survenue la semaine dernière, en plein sommet des Nations Unies sur les droits des femmes à laquelle participait la CSQ.
Selon la première vice-présidente de la CSQ et responsable de l’action féministe, Nadine Bédard-St-Pierre, « dans le contexte où on observe, dans un pays sur quatre, des reculs en matière de droit des femmes, cette mesure envoie un signal troublant sur les priorités du gouvernement actuel en matière d’égalité des genres et de justice sociale. L’abolition du ministère des Femmes, de l’Égalité des genres et de la Jeunesse représente un recul majeur après des décennies de luttes pour l’égalité. »

Elle rappelle que l’égalité ne peut se réduire à une simple réflexion dans un portefeuille ministériel plus large : « L’égalité des genres exige un leadership dédié, des ressources adéquates et une volonté politique claire. Son intégration à un autre ministère diluera les efforts et nuira aux avancées réalisées. »
Cette décision du nouveau premier ministre canadien met en péril du financement et des actions en faveur des femmes, mais aussi des personnes issues des communautés LGBTQ+ et des jeunes, rappelle la deuxième vice-présidente de la CSQ, Anne Dionne, responsable des dossiers touchant les jeunes ainsi que la diversité sexuelle et de genre. « Toujours dans le contexte actuel où l’économie prime, il est impossible de la renforcer tout en défendant l’inclusivité sans investir dans la jeunesse. Former la prochaine génération de leaders et les accompagner pour qu’ils prennent leur place dans les instances décisionnelles est essentiel pour provoquer de réels changements sociétaux », dit Anne Dionne.

« Nous ne pouvons pas tolérer qu’une telle régression ait lieu alors que nous devrions plutôt renforcer nos engagements envers l’égalité des genres et la protection des droits des femmes », selon Nadine Bédard-St-Pierre, qui insiste sur le fait que cette suppression risque d’accroître les inégalités socioéconomiques. « Les femmes et les personnes issues des communautés marginalisées seront les premières à en subir les conséquences », ajoute, pour sa part, Anne Dionne.
D’autres voix se joignent à cette contestation. Des organisations défendant les droits des femmes et des personnes issues des communautés LGBTQ+ ainsi que de nombreuses personnalités politiques ont déjà fait part de leur opposition à cette mesure. « Nous avons besoin d’un gouvernement qui comprend que l’égalité est une condition essentielle à une société équitable et prospère. Il est impératif que les partis s’engagent en ce sens », ont conclu Nadine Bédard St-Pierre et Anne Dionne.