Société

Façonner l’avancement de l’IA grâce au dialogue social

17 septembre 2024

Face à l’évolution rapide des systèmes d’intelligence artificielle (IA) qui affectent le monde du travail et nos sociétés en général, les organisations syndicales ont adopté une déclaration conjointe avec les entreprises membres du Business 7 (B7) afin de contribuer, ensemble, à la définition de politiques plus efficaces en matière d’utilisation et de surveillance de l’IA.

Réunies lors du Sommet du Labour 7 (L7)*, qui a eu lieu à Cagliari en Italie les 10 et 11 septembre derniers, les organisations syndicales, dont la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), ont discuté des changements provoqués par l’IA dans les méthodes de travail et les habitudes de millions de travailleuses et travailleurs et d’entreprises. Le président de la CSQ, Éric Gingras, et le responsable des relations internationales de la CSQ, Luc Allaire, ont participé à ce sommet.

Pour le meilleur ou pour le pire?

Les répercussions de l’IA sur le monde du travail seront-elles positives ou négatives? Tout dépend des choix que feront les décideurs et de leur capacité à adopter des politiques ambitieuses et efficaces ainsi que des cadres réglementaires qui favorisent le progrès social, l’inclusion, l’égalité, la création d’emplois décents, le respect des institutions démocratiques et le respect des droits des travailleurs.

Dans le climat technologique actuel en rapide évolution, les organisations syndicales considèrent qu’il est urgent de mettre en place des politiques et des mécanismes adéquats pour garantir que les humains gardent le contrôle des développements de l’IA, que les programmes d’enseignement incluent des connaissances et une sensibilisation aux changements technologiques et qu’ils profitent à tous, sans exacerber les inégalités, tant entre les pays qu’au sein de ceux-ci.

Le dialogue social joue un rôle clé à cet égard. En effet, lorsque les droits des travailleuses et travailleurs sont respectés, les lieux de travail utilisant l’IA et disposant d’une représentation du personnel peuvent se traduire par de meilleures conditions de travail et une productivité plus élevée. Cela démontre que c’est profitable à la fois aux travailleurs et aux employeurs et que cela favorise la coopération.

L’IA soulève toutefois des risques liés à la protection des données, à la cybersécurité, à la santé et à la sécurité au travail, à la vie privée, à la liberté d’association, à la responsabilité, à l’autonomie des travailleuses et travailleurs dans l’exercice de leur travail, ainsi qu’à la propriété intellectuelle et aux droits d’auteur. Des mesures appropriées doivent donc être prises pour garantir que l’IA ne porte pas atteinte à la sécurité et à la santé au travail et que la gestion algorithmique n’entraîne pas des niveaux extrêmes de surveillance, voire de surveillance illégale.

La prise de décision algorithmique ne doit pas exacerber davantage les préjugés et la discrimination sur le marché du travail, comme la discrimination fondée sur le sexe.

Que contient la déclaration adoptée par le L7 et les membres du B7?

En tant que représentants des syndicats et des organisations patronales du G7, le L7 et le B7 ont adopté une déclaration dans laquelle ils appellent les gouvernements des pays membres du G7 à adopter des cadres réglementaires et des politiques afin, notamment :

  • de promouvoir le principe de contrôle de l’IA par les humains, en mettant l’accent sur la nécessité de protéger l’espace civique, la gouvernance démocratique et les droits de la personne;
  • de mettre en place des mécanismes tripartites aux niveaux national et local pour favoriser le dialogue social et assurer un suivi continu de l’avancement de l’IA;
  • d’investir dans l’éducation et la formation pour garantir que les étudiantes et étudiants (jeunes et adultes) apprennent l’IA, notamment comment développer des technologies d’IA et comprendre son efficacité et ses risques;
  • d’intégrer le respect, la protection et la promotion de tous les principes et droits fondamentaux au travail dans les politiques d’IA, en particulier la liberté d’association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective, l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession et le droit à un environnement de travail sûr et sain;
  • de veiller à ce que les avantages de l’IA, notamment en termes de productivité, soient redistribués équitablement entre les travailleuses et travailleurs et tout au long de la chaîne de valeur.

*Le L7 réunit les organisations syndicales membres de la Commission syndicale consultative de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) des sept pays membres du G7, soient le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon.