Syndicalisme
États généraux du syndicalisme : prendre le (contre) pouvoir
1 avril 2025
Les gouvernements se succèdent et se ressemblent dans la méfiance envers les contre-pouvoirs. Commissions scolaires, municipalités régionales de comté (MRC), comités d’usagers, présence citoyenne dans les conseils d’administration, ces lieux de contre-pouvoir se raréfient au Québec. Mais comme dans Astérix, si tous semblent avoir disparu…, il en reste un : le mouvement syndical!
Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ
C’est le constat qui s’est imposé lors des discussions entre les représentantes et représentants des neuf organisations syndicales à l’origine des états généraux du syndicalisme, lancés en grande pompe en ce pluvieux dernier jour de mars 2025, à Montréal.
Loin de se conforter entre convaincus, les centaines de participantes et participants représentant plus de 1 200 000 membres ont fait preuve de lucidité. Le monde du travail évolue, la société change, la confiance envers les institutions s’effrite et nous devons nous adapter.
Assumer notre rôle de contre-pouvoir
Président de la CSQ, Éric Gingras a résumé l’essence des pistes de réflexion par cette idée qu’il fallait assumer le fait de faire partie du contre-pouvoir. Mais comment? Les idées foisonnent! Prioriser la mobilisation, l’action et la bienveillance, renforcer la présence syndicale dans les communautés, mieux communiquer avec nos membres et plus fréquemment lutter contre l’individualisme en s’engageant dans des combats sociaux, favoriser une véritable collaboration intersyndicale…, autant de pistes de réflexion qui guideront ce vaste chantier jusqu’en octobre 2026.

« Mais ce sont les membres qui nous donneront le vrai son de cloche. C’est pour ça que la participation du plus grand nombre est la clé du succès de l’opération : les militants, les moins militants et les non-militants! », a dit Éric Gingras. Il a ajouté que « les syndicats ne sont pas désincarnés, ce sont les membres qui mettent ensemble leur capacité d’action pour aller défendre leurs droits et faire des gains ».
Un pouvoir syndical essentiel
Ces propos résonnent avec ceux de Mélanie Laroche, professeure en relations industrielles à l’Université de Montréal et animatrice de l’événement. Elle a souligné que les avancées obtenues par le mouvement syndical résultent d’un pouvoir d’organisation politique bien réel. Le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), la Loi sur la santé et la sécurité du travail, la Loi sur les normes du travail : toutes ces conquêtes sociales ont été arrachées grâce à la mobilisation syndicale, qui a su exercer une pression déterminante sur les décideurs politiques.

Toujours en mouvement, toujours en avant!
Mélanie Laroche a également rappelé la célèbre citation de Simone de Beauvoir, qui disait qu’« il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question », tout en poursuivant qu’il en allait de même des droits syndicaux et qu’il fallait demeurer vigilant.
Comme l’ont souligné les représentantes et représentants syndicaux lors de l’événement : le mouvement syndical existe dans l’action. S’il doit se transformer et s’adapter à son époque, il ne peut se permettre de baisser la garde.
Malgré les attaques, Éric Gingras demeure optimiste : « Nous continuons à réaliser des gains, mais nous devons mieux les mettre en valeur. Il est crucial de rappeler que nos valeurs sont partagées par la majorité des travailleuses et des travailleurs. »
Les états généraux du syndicalisme marquent ainsi un point de départ essentiel pour un dialogue ouvert et la construction d’un mouvement syndical encore plus fort, au service de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs du Québec.
Pour en savoir plus sur les États généraux sur le syndicalisme, visitez le site Web.