Balado Prendre les devants, Société
Et si l’État-providence était un atout pour le Québec?
26 février 2025
Alors que plusieurs attaquent l’État-providence, c’est pourtant un modèle distinctif qui est à l’avantage des Québécoises et des Québécois, a mentionné la journaliste, auteure et chroniqueuse Josée Boileau au balado Prendre les devants. Plutôt que de chercher à réduire l’État, si on examinait les bénéfices pour la société?
Par Anne-Marie Tremblay, collaboration spéciale
Cette discussion entre Josée Boileau et le président de la CSQ, Éric Gingras, s’est déroulée lors du 5e épisode du balado Prendre les devants, alors que La Presse publie une série de reportages qui compare la situation de la Suède à celle du Québec. « Cela m’agace puisque la Scandinavie est inspirante, mais on ne peut pas faire du copier-coller », a expliqué d’entrée de jeu la journaliste. En effet, le modèle d’État-providence diffère d’un endroit à l’autre, selon qu’il protège les droits des travailleuses et des travailleurs, ceux des plus vulnérables ou qu’il offre une protection tout risque.
« Concrètement, quand on dit que la Suède a réussi à implanter avec succès le modèle des CLSC, c’est que là-bas, les médecins sont salariés, a souligné la chroniqueuse. Cette solution est peut-être formidable, mais très franchement, je ne pense pas que ça va arriver ici. Donc, il faut faire attention à ce genre de comparaison. »
Idem pour le droit de grève, alors que 70 % des travailleuses et travailleurs suédois sont syndiqués, mais utilisent rarement ce type de moyen de pression. Comparer, c’est faire fi du consensus social qui est lié à l’histoire de la Suède et à sa géographie, a-t-elle souligné : « Au Québec, on a compris dans les années 1940-1950, sous Duplessis, que si on voulait faire des gains, il fallait se mobiliser dans la rue. » Conjugué à un mouvement social et communautaire fort, cela a permis, à titre d’exemple, de créer le réseau des centres de la petite enfance (CPE).
Faire face au vent
Sous l’influence des États-Unis notamment, la tentation est forte de réduire la taille de l’État. Un élément qui se retrouve aussi dans le discours des élus, notamment au Québec. Or, le modèle québécois génère de multiples bénéfices, dit Josée Boileau.
Ainsi, le Québec compte le taux de pauvreté le plus bas au Canada. Elle ajoute que « c’est aussi ici que se concentre le plus grand nombre de femmes riches au pays ». Ceci est le reflet de nos programmes sociaux, comme les CPE, le Régime québécois d’assurance parentale ou encore les tarifs relativement bas d’Hydro-Québec. « J’ajouterais à cela le réseau des cégeps, qui non seulement permet de rendre accessible l’éducation partout au Québec, mais qui a aussi une incidence sur la vitalité économique des régions », a dit Josée Boileau.
Dans cette optique, le gouvernement devrait revoir certaines réductions d’impôts – sur le prix du renouvellement du permis de conduire, par exemple – et cesser de couper sans relâche dans les écoles, les hôpitaux, les garderies, etc.
« Certes, il y a des choses à améliorer, mais le problème, ce n’est pas le fondement de notre système en tant que tel. C’est plutôt comment on le gère. Pour cela, il faut écouter les personnes qui y travaillent. Ce n’est pas en mettant tout à terre, en arrêtant de faire la grève, par exemple, que tout va bien aller », a dit la chroniqueuse. Elle a ainsi fait référence au projet de loi no 89, que le ministre du Travail, Jean Boulet, vient de déposer et qui vise à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out. Ce sujet en est un sur lequel le président de la CSQ, Éric Gingras, avait questionné le ministre lors d’un récent épisode du balado.
Bref, le modèle québécois a fait ses preuves et contribue à la vitalité sociale et économique de la province. Il est maintenant temps de se mobiliser pour le conserver et l’améliorer.
*Les propos de Josée Boileau ont été édités pour en faciliter la lecture.
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