Éducation, Opinions
Espérons que la FEEP va passer de la parole aux actes
26 janvier 2022
Situation difficile pour le personnel des établissements d’enseignement privés
La Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ) a lu avec beaucoup d’intérêt et grande surprise les propos tenus dans Le Devoir, le 22 janvier dernier, par la directrice générale de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP). Madame Nancy Brousseau disait s’inquiéter de la « fragilité du personnel enseignant » dans le contexte actuel du retour en présentiel.
Un constat que nous partageons bien évidemment, mais auquel nous répondrons par un seul mot : ENFIN. Enfin, parce que notre organisation syndicale sonne l’alarme à ce sujet depuis plusieurs années et que, durant tout ce temps, plusieurs directions d’établissements privés ont fait la sourde oreille à nos inquiétudes.
Ce changement de discours de la FEEP fait donc plaisir à entendre et nous le saluons. Mais cette prise de conscience soudaine ne doit pas s’arrêter là. Elle doit être suivie de gestes concrets de la part des directions des établissements privés pour aider réellement les enseignantes et enseignants touchés.
Une bombe à retardement en éducation
On le sait maintenant : l’enseignement à distance nécessite une charge de travail plus lourde pour le personnel enseignant, ce qui a généré beaucoup d’épuisement. Pire encore, non seulement la tâche s’alourdit, mais elle se complexifie aussi, au point de générer un dangereux sentiment de ne jamais en voir la fin, ce qui accentue la fragilité du personnel.
En effet, l’enseignement en comodalité est en train de s’implanter dans les classes pour assurer un enseignement en présentiel et un enseignement à distance pour les élèves en isolement lié à la COVID-19. Il faut être conscient des conséquences que cette formule d’enseignement aura auprès du personnel! C’est une bombe à retardement!
La pression à l’innovation constante, ajoutée à l’exigence de fournir des services éducatifs au-delà des exigences ministérielles, surcharge le personnel des établissements privés. La marchandisation de l’éducation pousse les directions à exiger toujours plus du personnel. Arrêtons de vouloir satisfaire les exigences, parfois démesurées, des parents et cessons le clientélisme en éducation.
Il est urgent que l’on prenne soin du personnel de l’éducation en arrêtant d’en demander toujours plus et en se concentrant sur l’enseignement en présentiel.
Revenir à l’essentiel pour le bien du personnel et des élèves
Depuis le printemps 2020, les établissements d’enseignement privés et surtout l’ensemble du personnel de l’éducation ont déployé des efforts hors du commun pour permettre aux jeunes de continuer à avoir accès à une éducation de qualité dans les circonstances exceptionnelles de la pandémie!
Soyons reconnaissants et concentrons-nous sur l’essentiel, c’est-à-dire garantir un environnement de travail sain en présentiel pour le personnel de l’éducation. Permettons au personnel enseignant et aux organisations syndicales de proposer des solutions concertées pour favoriser la réussite éducative de tous les élèves. Voilà ce que les enseignantes et enseignants « fragilisés » par 22 mois de pandémie attendent de la FEEP et des directions d’établissements. À eux maintenant de passer de la parole aux actes.
Stéphane Lapointe, président de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ)