Balado Prendre les devants, Société

Éric Gingras et Jean Boulet discutent des enjeux du monde du travail en 2025

30 janvier 2025

Syndicalisation, équité salariale, risques psychosociaux : dans ce premier balado de l’année 2025, le président de la CSQ, Éric Gingras, s’est entretenu avec le ministre du Travail, Jean Boulet, sur différents enjeux qui touchent l’emploi au Québec.

Par Anne-Marie Tremblay, collaboration spéciale

Premier sujet sur la table : la fermeture des installations d’Amazon au Québec, qui occasionne la perte de près de 3500 emplois directs et indirects. Un geste qui, selon plusieurs observateurs, serait une réaction à la syndicalisation avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN) d’une des installations appartenant au géant américain. Une nouvelle que le ministre du Travail a appris le jour même, a-t-il expliqué.

« J’ai d’abord été étonné et déçu, mais j’ai tout de suite pensé au volet humain, aux travailleuses et aux travailleurs qui vivent un choc important, tant sur le plan personnel que professionnel. Quels sont les outils que nous avons dans nos lois pour les accompagner? Qu’est-ce que l’entreprise fera? C’est pour ça, notamment, que nous sommes intervenus auprès d’Amazon pour nous assurer qu’il y ait un comité d’aide au reclassement. »

Jean Boulet n’a pas voulu se prononcer sur ce cas précis. « Je sais que le contentieux de la CSN fait les analyses qui s’imposent en ce moment. Ils décideront des recours à intenter, le cas échéant. Mais la décision de la compagnie en soi n’est pas illégale. »

« C’est important de s’assurer qu’on ait un environnement d’affaires compétitif au Québec, a-t-il enchaîné. Ce qui n’est pas le cas à cause des syndicats, alors que le droit d’association est reconnu tant au Québec qu’au Canada », a-t-il précisé. « Il y a des entreprises de l’extérieur qui investissent ici, qui créent des emplois. En même temps, il y a un cadre législatif avec lequel ces entreprises doivent conjuguer. »

Revoir le Code du travail?

Éric Gingras a aussi questionné le ministre sur l’une de ses réflexions, évoquée dans une entrevue accordée à Radio-Canada faisant la rétrospective de son année parlementaire. L’article rapportait que Jean Boulet analysait la possibilité de changer le Code du travail « afin d’accorder au ministre du Travail le pouvoir discrétionnaire de suspendre une grève ou un lock-out et d’imposer un arbitrage aux parties en conflit ».

« Je suis constamment à l’affût de ce qui se passe au Canada ainsi qu’à l’échelle internationale sur les meilleures pratiques, les meilleures façons de sortir d’une impasse, a-t-il expliqué. Parce que, quand tu entres en grève ou en lock-out, c’est une impasse. On n’est pas capable de s’entendre. Et c’est simplement ce que j’ai mentionné aux journalistes qui me demandaient mon opinion sur ce qui s’était passé au Canada. » Il n’a pas émis d’opinion sur l’article 107, utilisé lors du conflit à Postes Canada pour mettre fin au conflit, qui est « libellé de façon très générale », a-t-il aussi plaidé.

« Cela m’amène à accélérer ma réflexion sur comment on pourrait faire les choses au Québec pour diminuer les conséquences des conflits qui peuvent durer longtemps. » Un changement qui viendrait modifier le rapport de force, a averti Éric Gingras. L’objectif n’est pas de briser l’équilibre, mais plutôt de baliser les façons de faire, a répondu le ministre.

Jean Boulet a aussi rappelé l’importance d’espaces de discussion entre les parties pour faire évoluer les dossiers et régler les conflits, notamment à travers le Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM) ou encore les instances de médiation-conciliation.

Violence en milieu de travail, équité salariale et déconnexion

Autres sujets qui seront toujours d’actualité en 2025 : l’équité salariale, qui tarde à se régler dans la fonction publique, et la prévention de la violence en milieu de travail. « Il faut condamner la violence, l’intimidation, que ce soit entre les étudiants ou entre les étudiants et le personnel enseignant, a souligné Jean Boulet. C’est inadmissible. Il faut que tout le monde puisse bénéficier d’un environnement de travail sain et sécuritaire, ce qui passe par la prévention. »

Ainsi, la Loi sur la santé et la sécurité du travail a été modernisée et prend maintenant en compte les risques psychosociaux. « Il faut que les parties s’assoient pour identifier ces risques. D’autant que, si on améliore la santé psychologique de nos travailleuses et travailleurs, c’est bon pour les familles et aussi pour nos organisations qui sont en pénurie de main-d’œuvre. » Dans la foulée, des comités paritaires ainsi que des programmes de prévention devront aussi être mis sur pied d’ici octobre 2025 dans les organisations.

Le gouvernement a aussi amorcé, fin 2024, une consultation sur l’impact des nouvelles technologies, dont la numérisation et l’intelligence artificielle, dans les milieux de travail. Un autre enjeu qui bouscule le monde de l’emploi et qui continuera certainement de faire couler beaucoup d’encre en 2025.

Pour écouter la discussion en entier :