Montréal, le 10 septembre 2020. – Les syndicats membres de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) interpellent les directions de cégep afin qu’elles répondent prestement aux attentes ministérielles visant à mieux soutenir l’encadrement pédagogique des étudiantes et étudiants de cégep. « Les profs se font dire qu’il n’y a pas de ressources pour répondre à leurs besoins alors que la ministre de l’Enseignement supérieur, madame McCann, nous rappelait lors d’une rencontre virtuelle vendredi dernier que des sommes étaient effectivement prévues pour soutenir le travail des profs. Il faut que cesse ce discours contradictoire! », de s’insurger Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ.
Une juste part pour les profs dans les nouvelles annexes de financement
Rappelons qu’à la fin du mois d’août, la nouvelle ministre annonçait un soutien de 375 millions de dollars destiné aux étudiantes et étudiants du postsecondaire dont une portion serait consacrée à améliorer l’encadrement pédagogique dans ce contexte inédit d’enseignement. Ainsi, la FEC-CSQ apprenait récemment que le Régime budgétaire et financier des cégeps 2020-2021 prévoit deux nouvelles annexes de financement. D’une part, l’annexe S120, intitulée « Soutien additionnel aux étudiants en contexte de crise sanitaire », réserve 18,8 millions de dollars à l’encadrement pédagogique des étudiantes et des étudiants en situation de pandémie. D’autre part, sous le titre « Réussite à l’enseignement collégial et relance économique du Québec », l’autre nouvelle annexe budgétaire – la S119 – consacre 17 millions sur une enveloppe totale de 22,5 millions de dollars à la poursuite d’objectifs en partie similaires à ceux poursuivis par l’annexe S120. Puisque ces sommes n’ont pas directement été injectées dans l’enveloppe destinée à financer l’enseignement, les directions de collège pourraient opérer des choix différents que de consacrer ces ressources au soutien des profs, et cela en dépit des orientations ministérielles formulées en ce sens. Une concertation des acteurs du milieu collégial qui permettrait de développer une vision réseau s’avère donc indispensable.
« Tous les signaux gouvernementaux indiquent une reconnaissance des besoins des profs de cégep pour mener à bien leur responsabilité éducative dans le contexte très difficile de l’enseignement à distance. Après avoir sauvé la session d’hiver, il est pour le moins aberrant de constater aujourd’hui que les profs doivent encore se battre auprès de leur direction pour obtenir des ressources », d’ajouter la présidente de la FEC-CSQ.
Classes virtuelles, surcharge réelle
La reprise des cours dans le réseau collégial en cette rentrée 2020 représente un défi colossal d’adaptation, tant pour les profs que pour la population étudiante. Tout en prenant en considération les directives parfois générales de la Santé publique et du gouvernement, les modèles d’enseignement sont multiples : présentiel avec distanciation, synchrone, asynchrone ou encore hybride. Les situations et les besoins particuliers de la population étudiante étant encore plus aigus qu’à l’habitude, il n’est donc pas étonnant que la charge de travail des profs de cégep ait augmenté : préparation des cours à adapter, appropriation du matériel technopédagogique, soutien spécifique à offrir à des jeunes qui font face à une anxiété particulière, etc.
À cet effet, rappelons qu’il y a presque un an, dans le cadre de la négociation en cours, la FEC-CSQ déposait aux directions de collège les propositions de ses membres visant l’amélioration des conditions d’exercice de la profession enseignante et à favoriser, du même coup, le soutien à la réussite étudiante. Les profs n’ont reçu aucune réponse satisfaisante sinon que les sommes disponibles pour parvenir à une entente en vue du renouvellement de leur convention collective seraient faméliques : à peine 800 000 dollars pour le contrat de travail des membres de la FEC-CSQ s’échelonnant sur trois ans, dont la moitié seulement constitue une somme récurrente. « Pendant ce temps, les directions de collège se partageront annuellement plusieurs millions de dollars sans que nos membres puissent donner leur aval sur l’utilisation la plus adéquate possible de ces sommes. Est-ce véritablement ce à quoi nous sommes ici conviés? Nous ne pouvons pas nous résigner à un tel constat. Nous demandons donc aux directions de cégep de suivre les directives ministérielles visant à mieux soutenir la pratique enseignante pour favoriser la réussite étudiante », de conclure la présidente de la FEC-CSQ.