Enseignement supérieur
Enjeux des cégeps, un point avant la rentrée
16 août 2023
À l’approche de la rentrée collégiale, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du secteur collégial, dont la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), se sont rassemblées lors d’une conférence de presse pour appeler le gouvernement Legault à prendre des mesures concrètes en faveur du personnel des cégeps.
Lors de la conférence de presse, les responsables de la CSQ et de ses fédérations ont mis en évidence le manque d’attention accordée au réseau collégial et les défis persistants liés à la pénurie de main-d’œuvre qui impactent l’ensemble des cégeps.
Le rôle essentiel du réseau collégial
Le président de la CSQ, Éric Gingras, souligne l’importance cruciale du réseau collégial pour le Québec. Chaque année, les cégeps jouent un rôle essentiel dans la formation de milliers de jeunes et d’adultes qui, ultérieurement, mettront en avant leurs compétences sur le marché du travail ou poursuivront leurs études à l’université. Le réseau collégial apporte une contribution inestimable à notre développement social, culturel et économique mais, malheureusement, cette réalité n’est pas toujours pleinement reconnue et évaluée à sa juste valeur. Il est alors primordial que le gouvernement Legault et le ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, adressent des signaux clairs quant à l’importance qu’ils accordent aux cégeps.
« Du côté de la négo en cours, poursuit le président, nous sommes déçus de constater le relatif silence du gouvernement sur les enjeux majeurs qui touchent le réseau, dont les problèmes récurrents d’attraction et rétention du personnel enseignant, de soutien et professionnel. À l’heure actuelle, le message qu’il envoie traduit le fait qu’il ne s’agit pas d’une priorité gouvernementale. Or, il fait fausse route. Le réseau collégial est une spécificité du Québec dont il faut être fier. Et en pleine pénurie de main-d’œuvre, il faudrait plutôt miser sur le réseau plutôt que de le laisser dans l’ombre de celles et ceux qui y travaillent ! »
L’importance du personnel de soutien
La présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, a évoqué le rôle crucial du personnel de soutien dans le bon fonctionnement des établissements collégiaux. Elle a exprimé sa préoccupation quant au fait que ces employées et employés passent souvent inaperçus dans les priorités gouvernementales, malgré leur contribution indispensable à la réussite des étudiants.
La pénurie de main-d’œuvre affecte également cette catégorie de personnel. « Pour que les cégeps redeviennent des employeurs de choix, la partie patronale doit nous offrir autre chose que des reculs, précise la présidente. Pour le moment, les offres qui sont sur la table sont insatisfaisantes et ne répondent pas aux enjeux de pénurie. Ce n’est pas en réduisant les accès aux congés, en réduisant les possibilités de changer de service et en éclatant le cadre horaire que le réseau retiendra son monde. Précariser, c’est ajouter à la pénurie. »
Les défis de la perte d’expertise
Une augmentation des départs vers d’autres employeurs est constatée par le président de la FPPC-CSQ, Éric Cyr. « Depuis quelques années, les départs se multiplient. Les gens quittent vers d’autres employeurs qui offrent souvent de meilleures conditions de travail (municipal, fédéral, universités, privé). Le taux de roulement du personnel augmente sans cesse. Résultat ? Les cégeps sont tristement en train de devenir une pépinière de talents professionnels pour les autres employeurs, ce qui entraîne une constante perte d’expertise et des surcharges pour les professionnelles et professionnels qui restent. Les services fonctionnent souvent à effectifs réduits avec plusieurs personnes inexpérimentées. »
La FPPC réclame urgemment des conditions de travail plus modernes et des salaires plus compétitifs pour ses membres. « Les cégeps seront des employeurs plus attractifs s’ils travaillent avec nous à la table de négociation, afin de moderniser les conditions de travail, notamment en offrant plus d’autonomie professionnelle à nos membres, affirme le président. Par exemple, en offrant plus de flexibilité d’horaire, un meilleur accès au télétravail, plus de congés. Souvent, ces changements entraînent peu de frais pour l’employeur et font la différence pour la personne professionnelle. »
Négligences des investissements en enseignement
Le président de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, souligne que le personnel enseignant a été négligé en matière d’investissements au cours des dernières années. « Plusieurs investissements gouvernementaux n’ont pas profité autant que nous aurions pu le penser au personnel enseignant des cégeps. C’est ce que constate le professeur Martin Maltais, qui a étudié les rapports financiers annuels (RFA) des établissements collégiaux dans un rapport de recherche qui sera publié prochainement par notre fédération. Alors qu’entre 2010 et 2020 les effectifs étudiants ont stagné, on peut constater une baisse du nombre de profs mais une augmentation du nombre de cadres. En dollars constants, la masse salariale consacrée à la direction est passée de 78 à 81 millions, soit une augmentation de 4 % contre 0,1 % pour le personnel enseignant. »
Un appel collectif pour l’action
Rappelons également que la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) forment le Front commun afin de négocier d’une seule voix avec le gouvernement. Ensemble, ils représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs.