Les maux de la langue
Enjeu, problème ou défi?
10 janvier 2024
On m’a suggéré de parler du mot enjeu, utilisé de plus en plus souvent dans les médias et autres, et parfois au détriment de problème ou de défi.
Par Martine Lauzon, réviseure linguistique
Au sens figuré, un enjeu est d’abord « ce que l’on peut gagner ou perdre dans une compétition, une entreprise, un affrontement ». Il peut s’agir de l’enjeu d’une guerre, d’une rencontre sportive ou encore d’enjeux économiques ou politiques.
L’emploi plus récent de ce nom comme synonyme de problème, défi, préoccupation majeure, est assez répandu, mais est parfois critiqué, dans certains ouvrages et par plusieurs linguistes, entre autres lorsqu’il s’agit d’une façon d’éviter des mots dont le sens est plus négatif, mais qui conviendraient mieux.
Donc, si l’on désire éviter l’emploi abusif d’enjeu ou avoir recours à un terme plus juste, l’Office québécois de la langue française (OQLF) nous propose, en plus des trois synonymes déjà mentionnés : sujet, question, thème, problématique, dossier, conséquence, objectif.
Saviez-vous que…?
Le désengagement discret, phénomène apparu dans les années 1990, s’observe chez une salariée ou un salarié qui décide de moins s’investir dans son travail, et de ne répondre qu’aux exigences minimales de son poste lorsqu’elle ou il s’acquitte de ses tâches et de ses responsabilités professionnelles. Parmi les comportements caractéristiques de cette démarche, on note aussi bien le refus de faire des heures supplémentaires que les retards, l’absence de participation aux discussions lors des réunions ou encore une tendance à réduire ses interactions avec ses collègues. On appelle aussi ce concept démission silencieuse, mais il s’agit d’un calque de quiet quitting qu’il est préférable d’éviter, selon l’OQLF, car il est imprécis.