Société
En attente d’un quatrième plan de lutte contre la pauvreté
17 octobre 2023
Cet automne marquera le dépôt d’un quatrième plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, qui a lieu le 17 octobre, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) rappelle que les attentes sont grandes.
Par Gabriel Danis, conseiller CSQ
Adoptée en 2002, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale a pour objet de « guider le gouvernement et l’ensemble de la société québécoise vers la planification et la réalisation d’actions pour combattre la pauvreté ». Les trois plans d’action gouvernementaux mis en œuvre jusqu’à maintenant, bien qu’ils aient donné lieu à la mise en place de mesures porteuses de résultats positifs, n’ont permis que des avancées trop timides par rapport à l’objectif de tendre vers un Québec sans pauvreté.
Le quatrième plan d’action doit découler de consultations publiques s’étant déroulées en juin dernier et auxquelles la CSQ a participé.
État des lieux
Selon les plus récents calculs de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), 14,2 % de la population se situerait, en 2020, sous le seuil de pauvreté établi selon la mesure de faible revenu (MFR). En nombre absolu, cela signifie que plus de 1 217 000 personnes vivaient avec moins de 60 % du revenu médian québécois, ce qui représente 29 220 dollars par année pour une personne seule. De ce nombre, plus de 660 000 personnes (7,7 %) ne peuvent couvrir leurs besoins de base établis par la mesure du panier de consommation.
Les attentes sont donc grandes envers ce quatrième plan d’action à venir, d’autant plus que plusieurs indicateurs nous laissent croire que la réduction des services publics, l’inflation et la crise climatique ont et auront à l’avenir des répercussions beaucoup plus grandes sur les populations à faible revenu.
Des solutions existent
Bien loin de constituer une fatalité, la pauvreté résulte plutôt de décisions ou d’indécisions politiques. Or, afin de sortir des centaines de milliers de Québécoises et de Québécois de la spirale de la pauvreté, des solutions existent :
- Offrir des mesures volontaires de soutien individuel pour l’insertion ou la réintégration professionnelle;
- Bonifier le crédit d’impôt pour soutien aux ainés et le crédit d’impôt pour solidarité;
- Faciliter la mise en place d’un régime public, universel et gratuit d’assurance médicaments;
- Augmenter significativement le soutien à la mission des organismes communautaires.
Dans le même ordre d’idées, la CSQ estime qu’il est urgent de fixer le salaire minimum à un montant permettant aux personnes travaillant à ce salaire et à temps plein d’avoir un revenu au-dessus du seuil de pauvreté.
La crise du logement : la cerise sur le sundae
Évidemment, la crise du logement qui frappe le Québec doit aussi faire partie de l’équation. Cette crise frappe de façon disproportionnée les plus démunis, les travailleuses et travailleurs précaires, les familles en quête d’un logement abordable et les communautés autochtones.
Le rôle crucial des services publics
Enfin, la preuve n’est plus à faire : les services publics constituent l’un des plus efficaces remparts contre la pauvreté et contribuent fortement à réduire les inégalités socioéconomiques. Entre autres exemples, les liens entre la scolarisation et le taux de pauvreté ne sont plus à démontrer. De même, un enfant vivant dans un milieu défavorisé a beaucoup plus de risques de vivre dans la pauvreté à l’âge adulte. Ainsi, le plus important levier pour briser ce cercle vicieux intergénérationnel est, de loin, la réussite éducative.
À noter que la Centrale est membre actif du Collectif pour un Québec sans pauvreté depuis sa fondation en 1998.
Pour aller plus loin
Consultez le mémoire que la CSQ a présenté dans le cadre des consultations publiques en juin dernier.