Éducation, Santé et sécurité au travail

Détresse psychologique en éducation : des chiffres alarmants

31 mars 2025

Une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) révèle une exposition inquiétante des travailleuses et des travailleurs du réseau scolaire québécois aux risques psychosociaux. Harcèlement, surcharge et perte de sens au travail figurent parmi les principales causes de détresse. La CSQ appelle à des mesures collectives pour protéger le personnel.

Par Marc Gagnon et Jérôme Bazin, conseillers CSQ

Milieu sous pression

Les résultats de cette enquête de l’INSPQ, menée en 2022 auprès de 21 800 personnes, confirment une réalité préoccupante : le niveau de détresse psychologique du personnel de l’éducation est élevé. Au total, 57 % des personnes ayant participé à l’étude disent en avoir souffert; 42 % affirment que leur travail est en cause et 53 % indiquent qu’elle résulte d’un mélange entre leur travail et leur vie personnelle.

Le milieu de l’éducation est considéré comme très à risque de détresse psychologique, et cela n’est pas étranger à l’idée de réaliser cette étude, affirme Mariève Pelletier, une des principales chercheuses responsables de l’enquête pour l’INSPQ. Les personnels enseignant, professionnel et de soutien travaillent auprès d’enfants qui reçoivent des services, mais répondre à leurs besoins dans un horaire normal de travail est pratiquement impossible, selon elle. Cela favorise l’émergence de risques psychosociaux.

Parmi les principaux facteurs de risques, la surcharge de travail arrive en tête (72 %), suivie du manque de reconnaissance (56 %) et de l’absence d’autonomie (46 %). Le harcèlement est également une problématique majeure, touchant 42 % des personnes ayant répondu à l’étude. Plus alarmant encore : 65 % des répondantes et répondants estiment avoir perdu le sens de leur travail.

La violence en milieu scolaire constitue un autre enjeu majeur : 32 % des personnes ayant participé à l’étude mentionnent avoir déjà subi de la violence physique dans la dernière année et 23 % ont reçu des menaces. Dans 98 % des cas, les agressions provenaient des élèves.

Des conséquences importantes

Les répercussions de cette détresse psychologique sont lourdes : 55 % des personnes répondantes ont dit avoir déjà été en arrêt de travail pour des raisons de santé mentale au cours de l’année scolaire, et 55 % ont poursuivi leur travail malgré leur mal-être (ce qu’on appelle « le présentéisme »).

Autre constat préoccupant : l’intention du personnel de quitter le milieu scolaire. Une personne sur six a dit envisager de changer d’emploi au cours de la prochaine année, un chiffre qui grimpe à une personne sur quatre chez les hommes.

La prévention, une responsabilité collective

Devant de tels chiffres, la CSQ rappelle que la prévention des risques psychosociaux est une responsabilité collective. La Loi sur la santé et la sécurité du travail impose désormais l’identification et la correction de ces risques. Afin de soutenir ses membres et de promouvoir des conditions de travail plus saines, la CSQ poursuit son engagement envers sa campagne Tout cela n’est pas dans ta tête.

Pour en savoir plus

Lisez l’Étude menée auprès du personnel scolaire du Québec sur l’état de santé mentale et l’exposition aux risques psychosociaux du travail menée par l’INSPQ.