Montréal, le 7 juin 2015. – Le 20e anniversaire de la marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » a été souligné le 6 juin 2015, dans le cadre d’un émouvant et stimulant pique-nique de retrouvailles, dans le Jardin de l’Assemblée nationale.
Parmi les 200 femmes présentes se trouvaient de nombreuses personnalités du milieu féministe, communautaire, syndical, artistique et politique, certaines se retrouvant après 20 ans. Plusieurs hommes alliés étaient également présents.
Les retrouvailles ont débuté par une cérémonie autochtone célébrée par Diane Picard Adisha, de Wendake, accompagnée par Pénélope Guay, originaire de Mashteuiatsh et vivant à Québec. Mesdames Françoise David et Diane Matte ont ouvert les témoignages, soulignant les défis que représentait l’organisation, à compter de 1994, la première à titre de présidente de la Fédération des femmes du Québec et la seconde à titre de coordonnatrice de la marche en 1995.
De nombreux témoignages y ont été livrés, avec générosité et beaucoup d’émotion, par des marcheuses, de même que par des militantes et des travailleuses ayant vécu l’événement. Des récits savoureux ont été partagés au sujet des solidarités créées, des parcours de vie transformés, mais aussi des ampoules aux pieds, des fêtes et des gymnases transformés en dortoirs, autant des contingents de Longueuil ou Montréal que de celui de Rivière-du-Loup.
Lise Fournier, coorganisatrice des retrouvailles et marcheuse en 1995, a souligné quelques éléments décrivant l’ampleur de l’événement. « Pendant dix jours, elles marchent avec l’espoir qu’on les entende et surtout qu’on réponde à leurs demandes. Une logistique impressionnante, réalisée en 15 mois, du plan d’entraînement jusqu’aux soirées d’activités, en passant par la liste des bagages, dans le « kit de la marcheuse » ! Sur leur passage dans les villages et les villes, elles reçoivent les encouragements de la population : des bravos, des klaxons, des cloches d’églises. Les médias les suivent à la trace, des journalistes marchent plusieurs jours avec elles. Une arrivée à Québec plus que remarqué, des milliers de personnes formant une haie d’honneur pour saluer les marcheuses et leur exploit. »
Les neuf revendications ont été présentées par autant de femmes, provenant d’organisations qui les portaient à l’époque et qui les soutiennent encore aujourd’hui. « Certaines revendications ont progressé, mais bien du travail est encore à faire, par exemple, en 20 ans, le salaire minimum n’a augmenté que de 4,10 $, pour une moyenne de 0,20 $ par an, la Commission de l’équité salariale est en péril, la Loi sur la perception automatique des pensions alimentaires n’empêche pas les défauts de paiements de s’élever à 188 millions de dollars, il faudrait maintenant 10 000 logements sociaux par an, etc. » de répertorier Mercédez Roberge, coorganisatrice des retrouvailles et travailleuse de l’équipe de coordination en 1995.
Les marraines de 1995 ont également livré des témoignages touchants. Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti, a raconté son expérience tandis qu’Ariane Émond, journaliste et animatrice, a rappelé notamment la mémoire d’Anne-Marie Alonzo, Pauline Julien, Madeleine Parent, Hélène Pedneaut et Léa Roback, disparues depuis. Et c’est en chantant a cappella que Marie-Claire Séguin, Geneviève Racette et Ariane Vaillancourt ont ému l’assistance par une version de « Du pain et des roses », mettant en valeur les paroles d’Hélène Pedneault.
Mesdames Élisabeth Germain et Émilia Castro, respectivement vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec et porte-parole de la Coalition québécoise de la Marche mondiale des femmes, ont souligné l’importance de la marche depuis 20 ans, invitant l’assemblée à participer au rassemblement de la Marche mondiale des femmes, le 17 octobre 2015, sous l’appel « Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche ».
Soulignons que l’Assemblée nationale a également reconnu l’importance qu’a eue la marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » en adoptant une motion à l’unanimité, le 4 juin dernier, motion notamment présentée par Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Présente aux retrouvailles, cette dernière a raconté quelques anecdotes liées au rôle qu’elle occupait en 1995, comme responsable des contingents.
Tout comme en 1995, plusieurs organisations syndicales ont apporté leur soutien à l’organisation des retrouvailles. Les organisatrices ont remercié la Confédération des syndicats nationaux, la Centrale des syndicats du Québec, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec et le syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec. Plusieurs représentantes de ces organisations étaient d’ailleurs présentes, notamment mesdames Louise Chabot, présidente de la CSQ, Régine Laurent, présidente de la FIQ, Véronique De Sève et Francine Lévesque, toutes deux vice-présidentes de la CSN et Louise Mercier, vice-présidente de la FTQ.
Également très présentes en 1995, Rose Drummond a répété son soutien en offrant les deux cents roses qui ont été distribuées aux personnes présentes, lesquelles sont également reparties avec un cahier souvenir et la déclaration préparée pour l’occasion.
L’événement s’est conclu par la lecture, par Lorraine Guay, responsable du contingent de Longueuil en 1995, d’une déclaration préparée pour l’occasion : « Se rappeler 1995 c’est agir face aux enjeux d’aujourd’hui. C’est agir pour les générations à venir comme nous l’enseignent nos sœurs autochtones. Les luttes sont longues. Il faut en recommencer plusieurs et en démarrer de nouvelles. La Marche nous a appris que seule l’action collective et solidaire peut faire reculer les politiques inacceptables, venir à bout de tous les systèmes d’oppression et d’exploitation. Nos « retrouvailles » constituent donc un appel à l’action et à la mobilisation ».
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.