Chibougamau, le 11 juin 2019. – Les membres du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), dont la présidente, Nathalie Savard, se sont invités aujourd’hui à la réunion du conseil d’administration du Centre régional de santé et de services sociaux (CRSSS) de la Baie-James pour déposer un manifeste revendiquant des actions concrètes pour mettre fin à la situation de crise qui perdure dans les établissements de santé de la région du Nord-du-Québec.
La présidente du SIISNEQ-CSQ était accompagnée de la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, et de la deuxième vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Anne Dionne.
Nombreux postes à pourvoir et à créer
Le manifeste déposé a été signé par 80 % des infirmières et infirmiers, infirmières et infirmiers auxiliaires, et inhalothérapeutes du CRSSS de la Baie-James. Les signataires dénoncent le fait que le manque d’effectifs, l’instabilité des équipes et l’épuisement généralisé du personnel affectent sérieusement la qualité des soins ainsi que la sécurité des usagers.
« Nous demandons à la direction générale d’entreprendre immédiatement des démarches afin de pourvoir les postes vacants. Il faut de plus, créer les postes nécessaires afin de réduire significativement le recours aux heures supplémentaires et à la main-d’œuvre indépendante, ce qui équivaut à la création d’environ 23 postes additionnels équivalent temps complet. Cela en priorisant l’affichage de postes à temps complet, ce qui permettrait d’améliorer la qualité de vie au travail de nos membres », explique Nathalie Savard.
Des mesures pour favoriser le recrutement
Les membres du SIISNEQ-CSQ demandent également à la Direction générale du CRSSS de travailler avec les ressources des différentes communautés pour mettre en place des mécanismes visant à faciliter l’accueil et l’intégration sociale du nouveau personnel éventuel.
« Il faut prendre les moyens qui s’imposent pour éliminer le recours à la main-d’œuvre indépendante. Le nombre d’heures réalisées par la main-d’œuvre indépendante a bondi de près de 12 % en une année seulement avec des salaires versés jusqu’à 263 % fois plus élevés que les employés permanents. C’est dire jusqu’à quel point la mauvaise organisation du travail coûte cher et met en péril la survie de soins de santé de qualité dans la région », dénonce Nathalie Savard.
Le gouvernement caquiste interpellé
La présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, ajoute que le manifeste rendu public interpelle aussi le gouvernement du Québec.
« La ministre Danielle McCann doit s’assurer que le plan d’action qu’elle a annoncé soit mis en place le plus rapidement possible. La ministre demande aux employeurs de créer davantage de postes à temps complet intéressants, de stabiliser les équipes de soins et de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin au temps supplémentaire obligatoire », soutient Claire Montour.
Des pratiques organisationnelles à changer rapidement
Cette dernière renchérit en affirmant que le CRSSS doit rapidement mettre en place des pratiques organisationnelles qui seront plus favorables pour assurer la santé du personnel en milieu de travail.
« Nous sommes convaincues que la stabilité des postes permettrait de corriger de façon durable les problèmes de pénurie et d’épuisement professionnel qui accable le réseau de santé dans la région. De plus, la hausse de 8,7 % des incidents et des accidents depuis un an dans les établissements de santé du Nord-du-Québec confirme que les pratiques organisationnelles actuelles ont de graves lacunes. Celles-ci doivent être changées pour permettre une meilleure qualité de vie au travail, améliorer la rétention du personnel et nous redonner un meilleur climat de travail », plaide Claire Montour.
Une confiance à regagner
Pour sa part, la deuxième vice-présidente de la CSQ, Anne Dionne, appelle le gouvernement de François Legault et les directions d’établissements à poser des gestes concrets pour démontrer leur respect du personnel de la santé et pour regagner sa confiance.
« Nous rappelons à ce même gouvernement qu’il s’est engagé à décentraliser le réseau de la santé et à redonner plus d’autonomie aux régions, aux usagers, aux gestionnaires et aux conseils d’administration des établissements. Voilà l’occasion, dès maintenant, de redonner aux milieux de travail les moyens et la capacité de mieux planifier en décentralisant la gestion des ressources humaines. Il faut redonner aux différents milieux de travail la capacité de gérer les horaires de travail en fonction des besoins spécifiques et de la réalité de chaque milieu, et de cesser la gestion des horaires en ayant recours de façon systématique au temps supplémentaire. Nous attendons des changements dans ce sens », déclare Anne Dionne.
Inquiétudes pour le maintien des services
Plus inquiétant encore, la leader syndicale craint que si les problématiques organisationnelles et de pénurie ne sont pas corrigées rapidement dans la région, le CRSSS pourrait se retrouver dans l’obligation de couper certains services essentiels de santé et de transférer encore plus de patientes et de patients vers d’autres régions administratives.
« C’est toute la région qui doit se mobiliser pour défendre ses services de santé si la population ne veut pas se retrouver obligée de se déplacer sur des dizaines voire des centaines de kilomètres pour recevoir des soins », prévient Anne Dionne.