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Comment réduire les inégalités de richesse au Québec?
4 avril 2024
Une délégation de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a participé au Forum Patrimoine et santé, le 3 avril dernier, à Montréal. Organisé par l’Observatoire québécois des inégalités, ce colloque a permis d’explorer les enjeux sociaux importants qui se cachent derrière les inégalités de patrimoine et de richesse au Québec.
Par Gabriel Danis, conseiller CSQ
Avec la crise du logement et les difficultés croissantes d’accès à la propriété, les effets concrets des inégalités de patrimoine et de richesse se font de plus en plus sentir. Alors que les inégalités de revenu peuvent être réduites par la fiscalité, les services publics et les luttes syndicales pour de meilleures conditions de travail, les inégalités de patrimoine explosent et passent pourtant sous le radar des politiques publiques et fiscales.
L’état des inégalités au Québec
Au Québec, en 2019, les 10 % des familles les plus riches accaparent, en moyenne, un revenu 9 fois plus élevé que celui des familles faisant partie des 40 % des plus pauvres. Or, ces mêmes familles les plus nanties possèdent, en moyenne, un patrimoine 76 fois plus élevé que celui des 40 % des familles les plus pauvres! Qui plus est, les 20 % des familles les plus nanties possèdent 68 % de la richesse accumulée alors que les 40 % des familles les plus pauvres ne possèdent que 3 % du patrimoine.
Ces inégalités criantes ne sont pas neutres et touchent principalement les femmes, les locataires et les populations marginalisées.
Quels effets?
Les effets des inégalités de richesse sont connus et bien réels. Par exemple, ce sont notamment d’importants déterminants des inégalités sociales de santé, de réussite scolaire et d’égalité des chances. Ainsi, les inégalités de richesse et de patrimoine contribuent à compromettre une mobilité sociale qui est de plus en plus en panne au Québec et au Canada.
Quels leviers d’action?
On oublie souvent que les inégalités croissantes de richesse ne vont pas nécessairement de soi et sont le fruit de décisions collectives. Dit autrement, il s’agit d’une question foncièrement politique et morale. Si nous souhaitons ne pas reproduire les niveaux d’inégalités que l’on retrouve aux États-Unis, le laissez-faire ne peut perdurer.
Heureusement, des solutions existent! Qu’on pense à l’amélioration des régimes de retraite publics, à la pleine imposition des gains en capitaux, à l’imposition d’une partie des gains en capital sur la vente de la résidence permanente, d’un impôt partiel sur les héritages de plus d’un million, etc. L’accroissement des inégalités n’est pas inévitable, il relève davantage d’un manque de volonté politique à agir sur ces causes.
Pourtant, selon un récent sondage, dont les résultats ont été présentés pendant l’évènement, la population québécoise est majoritairement favorable à plusieurs mesures visant à réduire les inégalités de richesse.