Sept-Îles, le 2 mars 2020. – Considérant qu’il est urgent de mettre un terme au climat de travail malsain et à la grave situation de détresse psychologique qui affectent les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de la Basse-Côte-Nord, le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ) annonce qu’il a déposé des plaintes au Tribunal administratif du travail (TAT) ainsi qu’au Collège des médecins du Québec. De plus, le syndicat réclame au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord l’intervention, dans les plus brefs délais, d’une firme externe afin d’effectuer une enquête neutre et indépendante dans le milieu de travail.
La présidente du SIISNEQ-CSQ, Nathalie Savard, a tenu une conférence de presse ce matin en compagnie de la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, pour rendre publiques les plaintes déposées et faire le point sur le climat de travail tendu et délétère sur la Basse-Côte-Nord.
Enquête du syndicat sur le harcèlement… et mise en demeure du CISSS!
Les événements ont débuté le 18 février dernier à la suite du dépôt d’un grief de harcèlement psychologique de la part du SIISNEQ-CSQ. Cette démarche faisait suite aux appels de plusieurs membres demandant à leur syndicat de mettre fin à un climat malsain dans leur milieu de travail sur la Basse-Côte-Nord.
Face à cette situation, la présidente, Nathalie Savard, émettait un mémo à tous ses membres concernés pour les inviter à rapporter au syndicat toute situation de harcèlement ou de discrimination qu’ils ont vécue ou dont ils ont été témoins. Suivant ce mémo, quelques heures plus tard, le CISSS de la Côte-Nord, par l’entremise d’un bureau d’avocats de Québec, adressait une mise en demeure à la présidente du SIISNEQ-CSQ lui ordonnant « de cesser toute action directe ou indirecte visant à porter atteinte à la réputation, […] faute de quoi des procédures pourraient être entreprises ».
Une tentative malhabile de bâillonner le syndicat
Réagissant à la situation, la présidente du SIISNEQ-CSQ, Nathalie Savard, a interpellé par écrit le président-directeur général du CISSS de la Côte-Nord, Marc Fortin. Dans sa lettre officielle, la présidente syndicale rappelle à la direction du CISSS qu’« [e]n tant qu’employeur, vous avez l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer aux personnes salariées un milieu de travail exempt d’harcèlement psychologique. Tant les dispositions de la convention collective, la Loi sur les normes du travail, la Loi sur la santé et la sécurité au travail, le Code civil du Québec et la Charte des droits et libertés de la personne vous obligent à maintenir des conditions de travail assurant au personnel leur santé, leur sécurité et leur bien-être ». Dans ces circonstances, le syndicat poursuit sa lettre en réclamant l’intervention d’une firme externe spécialisée en harcèlement psychologique et climat de travail afin d’effectuer une enquête et de mettre un terme au climat toxique dans le milieu de travail de la santé en Basse-Côte-Nord.
« Après cette réaction très malhabile des dirigeants du CISSS, je les invite à se ressaisir sans plus tarder et à assumer leurs responsabilités à l’égard de leurs infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. Il n’est pas question que notre syndicat se fasse dicter sa conduite dans la défense de ses membres. Nous entendons faire respecter nos droits, que ça leur plaise ou non. Le climat de travail malsain qui perdure depuis trop longtemps a des effets négatifs sur la rétention et l’attraction des employées. Il est plus que temps de rétablir la situation. Ça urge! », constate la présidente du SIISNEQ-CSQ.
Intervention du Tribunal demandée contre le CISSS
Le SIISNEQ-CSQ estime que la mise en demeure envoyée par les avocats du CISSS de la Côte-Nord n’est ni plus ni moins qu’une tentative de bâillon à son endroit visant à les empêcher de défendre les droits des membres et de les représenter. Par la voix de ses avocats, le SIISNEQ-CSQ demande donc au TAT de déclarer que le CISSS de la Côte-Nord « s’ingère, domine et entrave les activités du Syndicat ». On demande également au Tribunal « d’ordonner au CISSS, ainsi qu’à ses dirigeants […] de cesser d’exercer à l’endroit du SIISNEQ-CSQ toute ingérence, domination et entrave de quelque nature que ce soit ».
De plus, une seconde plainte a aussi été déposée au TAT afin de reconnaître que la mise en demeure adressée par les avocats du CISSS de la Côte-Nord constitue une forme « de représailles, de menaces et d’intimidation » visant à empêcher des membres d’exercer leurs droits et activités reconnus par leur convention collective et protégés par le Code du travail.
Le Collège des médecins interpellé
Finalement, le SIISNEQ-CSQ a adressé une plainte à la Direction des enquêtes du Collège des médecins du Québec concernant un membre du corps médical de la Basse-Côte-Nord. La plainte déposée au Collège demande de faire la lumière sur des propos insultants, dénigrants et qui constituent des attaques à l’endroit de collègues de la profession infirmière qui ont été adressés directement au syndicat. La Direction des enquêtes du Collège des médecins est donc sollicitée afin de « procéder à une enquête sur ce geste et, si nécessaire, à prendre les actions nécessaires afin de discipliner le médecin et de faire en sorte qu’un tel événement ne se reproduise plus », mentionne la plainte.
Appui de la FSQ-CSQ
Pour sa part, la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, interpelle la ministre de la Santé et des Services sociaux, madame Danielle McCann, qui a plus d’une fois affirmé vouloir « mettre fin à la Loi d’Omerta dans le réseau de la santé et des services sociaux » : « Le gouvernement ne peut pas rester indifférent à un milieu de travail qui cause de la détresse psychologique à du personnel dévoué et profondément engagé. La ministre, à qui on lance un cri d’alarme, a aujourd’hui l’occasion de poser un geste concret pour enfin donner l’exemple dans le réseau de la santé. Les babines doivent suivre les bottines! », explique la présidente de la FSQ-CSQ.
Non à l’intimidation pour la CSQ
La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Ethier, renchérit d’ailleurs en rappelant que la question du harcèlement au travail est un problème qui préoccupe grandement la CSQ : « Depuis plusieurs mois, nous menons une importante campagne d’information pour dénoncer les situations de harcèlement et d’intimidation dans les milieux de travail. Nous encourageons les travailleuses et les travailleurs qui en sont victimes à ne pas demeurer silencieux et isolés pour que ça cesse une fois pour toutes! Les comportements de harcèlement et d’intimidation dans les milieux de travail en santé sur la Basse-Côte-Nord doivent cesser. La CSQ accompagnera celles et ceux qui subissent ces situations difficiles et inacceptables », conclut la présidente de la CSQ.