Québec, le 10 mars 2020. – Le gouvernement ne cède pas à la panique du coronavirus. Il reconnaît l’excellente situation de ses finances publiques. « Pourtant, malgré un surplus surprise de 2 milliards de dollars, le gouvernement reste timide dans ses investissements dans les services publics. On constate un chapelet de mesurettes qui sont loin des changements structurants qui sont attendus par les milieux. Si le gouvernement voulait revaloriser les réseaux de la petite enfance, de l’éducation et de la santé et effacer les cicatrices de l’austérité passée, c’est un rendez-vous manqué! », se désole Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).
L’éducation à l’ombre de l’économie
« Une chance que le ministre Girard fait un lien entre l’éducation et l’économie, sinon elle aurait été oubliée. Le gouvernement aurait pu profiter du contexte favorable de ses finances pour faire de l’éducation SA priorité! », s’étonne Sonia Ethier. Dans les 141 millions de nouveaux investissements dans les réseaux scolaires, la CSQ retrouve quelques mesures positives, mais trop timides : on retrouve notamment 20,8 millions de dollars pour ajouter du personnel professionnel, de soutien ou enseignant pour soutenir les élèves en difficulté. « Considérant les coupes passées et les difficultés de recrutement actuelles, il aurait fallu être plus agressif. Cette mesure est réellement ‘’minimale’’ », mentionne Sonia Ethier. Quant à lui, l’ajout de 150 classes spécialisées, bien qu’elles s’additionnent aux 150 de l’année dernière, demeure insuffisant étant donné les 3000 écoles au Québec. « Nous sommes surpris que le gouvernement veuille consacrer une partie de ces ressources aux élèves doués alors que les projets particuliers pullulent déjà dans les écoles », commente Sonia Ethier.
La CSQ dénonce l’entêtement du ministre de l’Éducation : « Il persiste et signe sur les maternelles 4 ans. Il veut ajouter encore 2000 classes de plus d’ici 5 ans, alors qu’il y a une explosion des coûts et un manque criant de locaux et de personnel. Aussi, il continue de réduire la taxe scolaire. Cette année encore, c’est 182 millions de dollars de moins pour les écoles », s’insurge Sonia Ethier, présidente de la CSQ.
Les nouveaux investissements en éducation supérieure semblent moins répondre à la nécessité d’améliorer la qualité et l’accessibilité des études qu’à bien arrimer la formation avec les besoins des employeurs. La majorité des ressources est dirigée vers la création de nouveaux programmes axés sur « l’innovation », des bourses d’excellence ou de l’aide à la recherche.
Amélioration modeste en petite enfance
En petite enfance, la CSQ dénonce l’absence totale de vision du gouvernement. « Pour répondre au manque de places dans les services éducatifs à la petite enfance dans plusieurs régions, le gouvernement s’engage à ouvrir de nouvelles places. Mais sur les 6000 nouvelles places, seulement 2500 seront dans les CPE et les milieux familiaux. On en aurait pris plus. La majeure partie des nouvelles places annoncées proviennent de la conversion de garderies privées en privées subventionnées. De plus, l’apparente stagnation des crédits alloués aux CPE et aux bureaux coordonnateurs soulève de grandes inquiétudes dans le milieu. Avec son absence de vision, le gouvernement est en train de donner raison aux éducatrices en milieu familial de déclencher une grève générale illimitée », dénonce Sonia Ethier.
Des dépenses en santé à la limite des besoins
En santé aussi on retrouve un égrenage de petites mesures. « Plusieurs investissements pour les populations en difficulté ou à besoins particuliers et les communautés autochtones sont bienvenus. Par contre, l’augmentation de 5,3 % du budget de la santé est nettement insuffisante pour résoudre les problèmes urgents de surcharge de travail, de manque de personnel et de listes d’attente. On attend de voir comment seront dépliés les 488 millions de dollars pour améliorer l’accessibilité aux soins…, mais ça semble encore loin de projets qui stabiliseraient les équipes de travail comme les ratios infirmières-patients », rappelle Sonia Ethier.
L’éveil tardif de la CAQ
On ne peut que saluer la prise de conscience de la CAQ quant à l’urgence d’agir en faveur d’une transition écologique juste. Son Plan pour une économie verte, présenté comme la pièce maîtresse du budget, regroupe peu de mesures structurantes. Un signal encore plus fort en faveur du transport collectif se fait attendre.
Rappel des offres insultantes
Bien que le budget ne soit pas l’endroit indiqué pour faire des annonces en négociation, le gouvernement ne peut pas faire abstraction du contexte de pénurie de main-d’œuvre criante s’il veut réussir à mettre en place ses annonces budgétaires. « Le budget répète les offres insultantes de décembre dernier. Ce n’est pas ça qui va permettre d’attirer et de retenir le personnel nécessaire dans les réseaux des services publics. Le gouvernement n’a mis sur la table que 7 % sur cinq ans… Malgré le discours qu’il répète, aucune offre concrète supplémentaire pour le personnel des écoles ou les CHSLD n’a été déposée, rien de plus que le 6 sous l’heure pour les éducatrices en milieu familial », rappelle Sonia Ethier.
Une réelle valorisation
« Le gouvernement dit vouloir consolider les services en petite enfance, en éducation, en santé et services sociaux et dans les ministères. Il va falloir qu’il utilise sa marge de manœuvre pour réinvestir réellement et pour offrir des conditions de travail et salariales aux personnes qui portent ces services à bout de bras », déclare Sonia Ethier, présidente de la CSQ.