Santé

« Bâillon pas bâillon, on continue à défendre les services publics »

7 décembre 2023

Une large bannière reprenant le slogan de la campagne « La réforme Dubé : tout sauf santé » a été déployée, le 7 décembre, depuis le pont de Québec afin de rappeler au gouvernement de François Legault que la société civile, les organismes communautaires et l’ensemble des organisations syndicales en santé et services sociaux continueront à défendre les services publics à la population, même si le projet de loi no 15 est adopté sous bâillon.

« Les enjeux sont trop grands, et nous ne nous tairons pas », a déclaré par voie de communiqué un regroupement de quelque 300 associations et organisations communautaires, coopératives, médicales et syndicales, dont fait notamment partie la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Selon ces associations et organisations, la création de la nouvelle agence de gestion Santé Québec n’améliorera pas les services publics offerts à la population. « Pourquoi le ministre Christian Dubé s’entête-t-il à ignorer toutes les critiques à l’égard de son projet de loi no 15? », s’inquiètent-elles.

« Jamais une réforme n’aura attaqué de façon si frontale nos valeurs collectives de justice et de solidarité. Or, en ces temps de crise, plus que jamais, nous devons resserrer les mailles de notre filet social. Ce n’est certainement pas ce qui arrivera si nous confions notre destinée à une poignée de gestionnaires qui auront pour mandat de développer le secteur privé en santé. Nous exigeons et lutterons pour que la prévention, la promotion de la santé, les réalités régionales et l’autonomie des organisations citoyennes communautaires soient assurées. En somme, pour garantir le respect de la démocratie et du droit à la santé pour toutes et tous », a dit la présidente de la Coalition Solidarité Santé, Lise Goulet.

« Le ministre sait que son projet de loi est imparfait, bien qu’il ne montre pas de volonté de le modifier substantiellement d’ici son adoption. Il lance les établissements dans la plus vaste réforme centralisatrice jamais vue en reportant l’étude de questions pourtant fondamentales comme la perte de transparence, la centralisation accrue, l’insuffisance des mécanismes de reddition de comptes et l’ouverture inédite à la privatisation des soins et des services. Les enjeux sont beaucoup trop grands pour que nous renoncions à exiger que les voix du personnel soient entendues », enchaine-t-elle.

Période de transition

Les prochains mois constitueront une période de transition cruciale. Les syndicats demeurent convaincus que la réforme Dubé doit être améliorée, et ce, au bénéfice de l’ensemble de la population, qui tient à conserver des services publics de qualité, accessibles et universels. Si, jusqu’à maintenant, le ministre a choisi d’ignorer complètement les attentes et les inquiétudes de son personnel, les syndicats promettent de se rendre incontournables.

« On va se le dire, ce sont majoritairement des femmes qui sont les grandes perdantes de l’approche du ministre Dubé. Que ce soit comme salariées du réseau, travailleuses du milieu communautaire, proches aidantes ou usagères, bien des femmes subiront encore une fois ces mauvaises solutions sans qu’aucune réflexion n’ait été menée quant aux répercussions sur les conditions de vie et de travail des principales concernées », a ajouté la représentante du secteur communautaire de la Coalition Solidarité Santé, Nathalie Déziel.

En date d’aujourd’hui, plus de 300 associations et organisations issues des milieux communautaire, syndical, coopératif et médical ont signé une lettre d’opinion pour dénoncer l’absence évidente de consensus autour de la réforme de la santé du ministre Dubé. Malgré de nombreuses demandes de rencontre auprès du ministre, seules quelques-unes de ces organisations ont été reçues et aucune des solutions proposées n’a été retenue.

De très nombreuses organisations et plus de 120 individus ont répondu à l’appel de la Coalition Solidarité Santé et ont fait parvenir, au cours des derniers jours, des centaines de lettres aux 125 députées et députés de l’Assemblée nationale pour les sensibiliser aux dangers d’imposer unilatéralement le projet de loi no 15.