Montréal, le 26 août 2015. – C’est en ces termes que la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) demande au ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR), François Blais, de cesser de tergiverser afin d’assurer la persévérance et la réussite des enfants du Québec en éducation. Il doit arrêter ses compressions, réinvestir en éducation et procéder à une réelle consultation sur ce que devrait être l’éducation au Québec.
Une consultation essentielle
« Au moment où une nouvelle année scolaire débute, il n’est pas normal que le personnel de l’éducation ne sache pas sur quel pied danser. Il doit composer avec de lourdes compressions tous azimuts, tout en étant ignoré dans la réforme à venir. Le gouvernement n’a même pas de gêne à consulter largement les gens d’affaires lors d’un forum sur l’éducation à la fin de ce mois-ci ! », fulmine Louise Chabot. La présidente de la CSQ réclame une réelle consultation de tous les intervenants du milieu pour élaborer ensemble une véritable politique de l’éducation qui corresponde aux besoins réels des élèves.
Pour assurer une véritable légitimité à toute réforme de l’éducation publique, la CSQ et ses fédérations du réseau scolaire de la CSQ, soit la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) et la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), estiment qu’il ne peut y avoir de changements imposés sans consultation des intervenants du milieu. « Dans ce cadre, nous croyons qu’un moratoire sur tout changement important en éducation est impératif pour que le gouvernement engage une véritable réflexion et un réel dialogue sur les grands enjeux éducatifs comme la réussite des élèves, les services qui leur sont nécessaires, l’amélioration des conditions d’apprentissage pour les élèves et des conditions d’exercice du personnel dont les conventions collectives sont présentement en négociation. Nous devons nous donner un temps de réflexion salutaire, qui permettra de dégager des orientations et des solutions légitimées par la population. Nous pensons qu’il y a des urgences beaucoup plus grandes présentement en éducation que celle de vouloir éliminer les élections scolaires et les commissaires » remarque Louise Chabot.
Des faits qui font réfléchir
Les coupes de plus d’un milliard de dollars dans le réseau de l’éducation dans les dernières années et la mise en place de méthodes de gestion qui ressemblent à ce qui se fait dans l’entreprise privée, créent sur le personnel une pression supplémentaire qui n’augure rien de bien.
De plus, le projet de fusion des commissions scolaires du ministre Blais est loin d’être une panacée. L’histoire récente nous rappelle que les fusions de 1998, devant rapporter 100 millions de dollars au gouvernement, ont, au contraire, coûté 70 millions de plus à l’État et aux commissions scolaires. Pour la CSQ et ses fédérations, la présence d’une structure intermédiaire est essentielle afin d’assurer un partage équitable des ressources et d’offrir aux élèves des services de qualité comparable d’une école à l’autre. Notons au passage que les coûts de gestion des commissions scolaires sont évalués à 4,2 %, soit un taux beaucoup plus bas que l’ensemble des municipalités et des sociétés d’État (à titre de comparaison, les frais administratifs des municipalités sont en moyenne de 12 %).
Une reconnaissance souhaitée
« N’ayant toujours pas étés officiellement consultés quant à un projet clair défini, nous sommes préoccupés par les orientations que le ministre Blais placera dans le projet de loi à venir. La réforme qu’il présentera en dira long sur l’importance que son gouvernement accorde aux élèves québécois, de même qu’au personnel de l’éducation », explique Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.
« Plus que des changements de structure, nous souhaitons que cette nouvelle réforme soit axée sur les besoins réels de celles et ceux qui travaillent au quotidien dans les écoles et qui, depuis des années, tiennent littéralement l’école à bout de bras. Le temps est venu de reconnaître et de respecter l’expertise des enseignantes et enseignants, de les écouter, et de placer leurs besoins au cœur de cette nouvelle réforme », ajoute-t-elle.
Les élèves et leurs familles ne seront pas affectés…
Alors que le ministre Blais prétend que les efforts budgétaires demandés aux commissions scolaires n’affecteront en rien les services aux élèves et à leur famille, la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) constate tout le contraire. « On a déjà des exemples concrets d’économie de bouts de chandelles. Dans certaines commissions scolaires, on en est rendu à couper l’accès au micro-onde et au frigo aux élèves. Quand on oblige nos enfants, dans nos écoles, à manger des sandwiches juste pour couper quelques heures au personnel affecté aux heures du midi, c’est qu’on est rendus bien bas dans la considération des jeunes qu’on est supposés éduquer et protéger », fustige Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ.
Par ailleurs, la FPSS-CSQ dénonce l’abolition d’une cinquantaine de postes, dans une même commission scolaire, d’éducatrices et d’éducateurs spécialisés pour être remplacés par des préposés aux élèves handicapés. Ces préposés ont pour tâche de veiller aux besoins primaires des élèves alors que les éducatrices et éducateurs spécialisés interviennent dans l’apprentissage et le développement des enfants, en plus d’appliquer les plans d’intervention. Ils sont en soutien au personnel enseignant. « Nous craignons qu’avec ce que nous réserve le ministre et son méga projet de fusion de services, ne soit davantage instauré un climat d’insécurité et d’instabilité dans le réseau, sans compter les pertes d’emplois. Nous rappelons au ministre Blais que le personnel de soutien scolaire œuvre chaque jour tant auprès des enfants que de leurs parents, et ce, dans plusieurs sphères de notre système d’éducation », indique M. Pronovost.
Les services professionnels des élèves mis à sac
« La rentrée est morose pour le personnel professionnel, puisque c’est cette année que se fera véritablement sentir l’effet des coupes de plus de 250 postes professionnels, notamment en psychoéducation, en psychologie, en orthopédagogie en conseillance pédagogique ainsi qu’en animation à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire. Nous espérons que le gouvernement entende raison et qu’il choisisse de réinvestir dans les chances de succès de la prochaine génération, au lieu de lui clouer les ailes au sol comme il le fait présentement », affirme Johanne Pomerleau, présidente de la FPPE-CSQ.
« Nous surveillons également de près la réforme à venir. Si, sous prétexte de rapprocher les décisions des écoles, le gouvernement choisissait de renvoyer les budgets des services éducatifs dans chaque école, cela porterait un dur coup aux services professionnels. Non seulement les petits milieux n’auraient pas les moyens d’offrir l’aide adéquate à leurs élèves, mais les services professionnels seraient saupoudrés dans les écoles sans pouvoir combler les besoins criants », s’inquiète Johanne Pomerleau.
Réinvestir en éducation – une urgence
S’appuyant sur les derniers chiffres des dépenses publiques, publiés par Statistique Canada, Louise Chabot est d’avis que le gouvernement doit rapidement réinvestir en éducation. « Quand on sait que le Québec dépense, pour l’ensemble des réseaux de l’éducation, 265 $ de moins par habitant que la moyenne des autres provinces ! Au global, cela représente près de 1,9 milliard de dollars de moins dans les réseaux québécois de l’éducation. Nous devons éviter les conséquences néfastes pour l’avenir de nos enfants et de l’économie du Québec. »
« L’éducation que nous voulons pour le Québec de demain repose sur l’investissement que nous consentirons pour améliorer la qualité des conditions d’apprentissage et sur la qualité des conditions d’exercice du personnel. En coupant les moyens et le soutien aux écoles, on met le personnel dans une situation d’impuissance devant la tâche gigantesque qui consiste à assurer à tous les élèves, quelle que soit leur condition, les meilleures chances de réussite », conclut Louise Chabot.
Profil de la CSQ et de ses fédérations du réseau scolaire
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) représente plus de 60 000 enseignantes et enseignants de tous les secteurs d’enseignement, tant au préscolaire, au primaire et au secondaire qu’à la formation professionnelle et à l’éducation des adultes. La Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) est la seule fédération représentant exclusivement du personnel de soutien scolaire des écoles et des centres du Québec. Elle regroupe plus de 27 000 membres. La Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) représente 19 syndicats regroupant 7 300 membres et compte parmi ses membres différentes catégories de personnel dans les secteurs administratif, pédagogique et dans les services directs aux élèves (entre autres, psychologues, psychoéducatrices et psychoéducateurs, orthophonistes, conseillères et conseillers d’orientation, orthopédagogues, animatrices et animateurs à la vie spirituelle et l’engagement communautaire).