Montréal, le 26 août 2020. – Représentant près de 200 000 membres œuvrant majoritairement dans le secteur de l’éducation sur le territoire québécois, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) juge que l’annonce du gouvernement canadien de 2 milliards de dollars envers l’éducation est une nouvelle preuve du désengagement du gouvernement du Québec en éducation.
L’aide du gouvernement fédéral étant évaluée à environ 432 millions de dollars pour le Québec, la CSQ estime que la hauteur du montant confirme le manque de ressources décrié depuis plusieurs années dans les établissements scolaires, particulièrement dans le contexte de la pandémie. En comparaison, la Centrale rappelle que le ministre de l’Éducation a annoncé, il y a quelques jours, une somme non récurrente de 20 millions pour la réussite éducative dans les écoles, soit l’équivalent de 6 500 dollars par école : un montant dérisoire. Si les sommes consacrées par le gouvernement fédéral permettent d’espérer qu’il n’existe plus aucune raison de compromettre la santé et la sécurité des élèves et du personnel dans le contexte de pandémie, la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, lance un appel pour une aide proportionnelle et équitable à l’endroit de l’enseignement supérieur. « Au-delà de la sécurité dans les établissements, il y a l’incontournable question de l’éducation. On martèle depuis plusieurs mois les conséquences de la pandémie sur la réussite des élèves et des étudiants, sur tous les niveaux. Il y a urgence d’améliorer les ressources sur le terrain pour avoir la meilleure prise en charge possible, notamment pour intervenir auprès des plus vulnérables dont la réussite est compromise. Les conséquences du décrochage sont trop graves pour qu’on puisse les ignorer », explique-t-elle.
Par ailleurs, la présidente de la Centrale déplore que l’aide financière du Canada s’effectue dans un contexte où le gouvernement du Québec vient de procéder à une baisse généralisée de la taxe scolaire, privant ainsi le réseau de l’éducation de 800 millions de dollars en revenus supplémentaires potentiels. « La nature ayant horreur du vide, le sous-investissement du gouvernement du Québec en éducation et en santé est comblé par le Canada. Après que l’armée canadienne soit intervenue pour soutenir d’urgence nos CHSLD dont on décriait le sous-financement depuis plusieurs années, voilà maintenant que le gouvernement canadien vient soutenir les écoles du Québec à l’aube de la rentrée scolaire. Devant un gouvernement de la CAQ qui fait la sourde oreille envers les besoins réclamés en éducation et en santé, le Canada répond à un désengagement. Le premier ministre Legault disait faire de l’éducation sa priorité, nous attendons toujours que cela se concrétise sur le terrain! », dit Sonia Ethier, présidente de la CSQ.
Une nouvelle campagne marketing pour éviter d’agir
Parallèlement à l’annonce du gouvernement fédéral, un article du Journal de Montréal rapportait hier la volonté du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, de lancer une nouvelle campagne publicitaire pour favoriser le recrutement du personnel en éducation. En réponse à cette campagne, la CSQ dénonce une gestion à courte vue consistant à se mettre la tête dans le sable et nier les réalités vécues dans les établissements d’enseignement. L’annonce d’une nouvelle campagne marketing a de quoi faire sourciller, surtout à la lumière du coup de barre réclamé dans les conditions de travail du personnel en éducation ainsi que pour l’amélioration des ressources aux élèves et aux familles.
« Plutôt que d’investir dans des solutions structurantes permettant aux élèves, aux familles et au personnel de respirer et d’avoir des services auxquels ils sont en droit de s’attendre, on nous annonce une nouvelle campagne marketing pour nous faire croire que le milieu de l’éducation rayonne et que tout va bien. Gouverner, c’est faire des choix. Cela fait maintenant deux fois que le ministre choisit la publicité avant d’améliorer les ressources sur le terrain. Nous attendons que le ministre cesse de tourner le dos à des mesures structurantes pour améliorer les conditions de travail des enseignantes, des enseignants, du personnel de soutien ainsi que du personnel professionnel. Il faut que ça change maintenant! », explique Sonia Ethier.
En réponse à la quantité de campagnes de publicité menées par le ministre Jean-François Roberge et par souci de représentation de ses fonctions, la CSQ propose que l’on modifie désormais son titre officiel pour celui de « ministre du Marketing de l’Éducation ». Par ailleurs, la CSQ rappelle les résultats d’un sondage tenu auprès des Québécoises et des Québécois du 22 au 29 juillet dernier, où, parmi les options offertes pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre en éducation, la diffusion d’une campagne publicitaire était l’option la moins retenue. À cet effet, seulement 12 % des répondants estimaient que la tenue d’une campagne publicitaire était une solution appropriée et pertinente.