Gaspé, le 9 octobre 2020. – Avec pour slogan « 2e vague : On veut pas se noyer », la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) et le Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est du Québec (SIIIEQ-CSQ) lancent une offensive visant à obliger la direction du centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Gaspésie à rendre public son plan concret pour protéger le personnel au cours des prochains mois de la crise sanitaire.
« La première vague a créé une situation de crise sans précédent dans le réseau de la santé et des services sociaux, particulièrement dans les établissements de santé de la Gaspésie. Plusieurs décisions prises dans l’urgence ont mis à mal le personnel de la santé déjà très épuisé par la surcharge de travail, l’instabilité des équipes de soins et le manque d’effectifs. Si le personnel a su tenir la tête hors de l’eau, il risque de ne pas réussir cet exploit une deuxième fois! », appréhende la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.
Un plan de sauvetage qui presse
Pour sa part, la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, explique que « nous entrons dans une deuxième vague avec des travailleuses et des travailleurs fragilisés, qui ont besoin qu’on prenne soin d’eux si l’on veut qu’ils soient pleinement en mesure de prendre soin, à leur tour, de la population. Le personnel des établissements de santé de la Gaspésie revendique un plan de sauvetage d’urgence MAINTENANT, avant que la deuxième vague n’entraîne dans la noyade un plus grand nombre de travailleuses et de travailleurs ».
Des gestionnaires dépassés
De son côté, le président du SIIIEQ-CSQ, Pier-Luc Bujold, considère que les dirigeants du CISSS de la Gaspésie donnent l’impression d’être dépassés par l’ampleur de la crise dans la région.
« Les gestionnaires commettent une grave erreur en appliquant à la lettre les arrêtés ministériels, sans tenir compte de la réalité de notre milieu et des impacts sur le personnel. Cette façon de faire a pour conséquence de rendre encore plus difficiles les conditions de travail de nos membres, à un point tel que plusieurs partent à la retraite ou démissionnent tout simplement de leur poste. En même temps, on assiste à une hausse importante des coûts de l’assurance salaire », constate le président du SIIIEQ-CSQ.
Une situation préoccupante
Pier-Luc Bujold soutient que la situation est préoccupante dans l’ensemble des établissements de santé de la Gaspésie. « Actuellement, seuls les tests des personnes symptomatiques sont examinés sur place. Pour les patients asymptomatiques, leurs tests sont envoyés à Rimouski et, dans l’attente des résultats, ils ne sont pas placés en isolement. Cette façon de faire a occasionné des problèmes au cours de la première vague, mais on la reproduit maintenant. »
Pour ce qui est des masques N-95, ils sont difficilement accessibles au personnel infirmier dans l’ensemble des établissements. « Il faut faire une demande et attendre qu’on nous l’apporte. Si une infirmière sans masque N-95 doit intervenir d’urgence auprès d’un patient en détresse, elle doit attendre qu’on lui livre un masque et choisir entre sa propre sécurité ou porter secours à la personne », déplore Pier-Luc Bujold.
Situations problématiques
Plus précisément, le président du SIIIEQ-CSQ explique qu’au CHSLD de Maria (Résidence Saint-Joseph), les décès et les cas positifs ont recommencé à s’additionner. On impose au personnel des horaires de 12 heures, sans préavis décent. Plusieurs employés positifs ont été retirés. Des employés immunosupprimés ont même été forcés de travailler et ont contracté la COVID-19. L’épuisement et la détresse psychologique sont palpables chez le personnel.
À l’Hôpital des Monts, à Sainte-Anne-des-Monts, le CISSS de la Gaspésie, à la suite des pressions du SIIIEQ-CSQ, a ramené l’unité COVID-19 sur un étage isolé avec un personnel qui travaille uniquement à cet endroit. Cependant, on a prévenu qu’en cas de pénurie de personnel, l’unité COVID-19 se retrouvera à nouveau sur un étage de multiclientèle comprenant de la pédiatrie, de l’obstétrique, de la médecine et de la chirurgie. Un scénario qui ferait courir de grands risques aux patients.
Mobilité du personnel
Du côté de l’Hôtel-Dieu de Gaspé, une unité COVID-19 est ouverte depuis le début de la semaine et l’employeur demande aux volontaires de faire des quarts de travail de 12 heures, même s’il n’y a pas d’entente avec le syndicat.
Finalement, à l’Hôpital de Chandler, l’employeur continue de recourir à la mobilité du personnel malgré les directives de la Santé publique demandant de proscrire une telle pratique. De plus, on retrouve un département où l’on ne compte plus que deux infirmières en soirée pour veiller sur douze patients, en plus d’être responsables de l’unité COVID-19, qui peut compter jusqu’à cinq malades.
Un plan d’action au plus vite
Appuyé des présidentes de la CSQ et de la FSQ-CSQ, le président du SIIIEQ-CSQ somme donc la direction du CISSS de la Gaspésie de rendre public le plan d’urgence qu’il a concocté pour soutenir les travailleuses et les travailleurs au cours des mois difficiles qu’ils devront traverser.