Montréal, le 19 février 2021. – Réagissant aux annonces du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, de procéder à une réforme du développement des places en centres de la petite enfance (CPE) et en services éducatifs en milieu familial, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) confirment leur intention de participer activement à la réflexion et demandent au ministre de s’engager en faveur d’un réseau public de la petite enfance fort et accessible.
Les organisations rappellent au ministre qu’un réseau solide de la petite enfance au Québec permet de faire d’une pierre, trois coups : lutter contre les inégalités sociales, favoriser le développement des enfants et permettre aux femmes d’intégrer le marché du travail. Elles réclament donc que le ministre affiche dès maintenant son parti pris pour le réseau public, qui n’a plus à faire ses preuves tant ses impacts sont positifs sur les plans éducatif, social et économique.
Les bonnes intentions ne suffisent plus
Malgré les propos malhabiles du ministre de la Famille à l’effet que « le développement des CPE ne fonctionnait plus », la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, reconnaît la volonté politique d’apporter un changement positif dans le réseau de la petite enfance à long terme. Elle fait toutefois valoir que les bonnes intentions ne suffisent plus et soutient l’urgente nécessité que le ministre affiche clairement une position en faveur des CPE et des services éducatifs en milieux familiaux régis et subventionnés. Selon elle, le ministre et son équipe, bien avant les recours législatifs, disposent de nombreux leviers décisionnels permettant de passer à l’action dès maintenant et de faciliter la création de places publiques, en petite enfance, régies et subventionnées.
« La trame de fond des dernières années, en petite enfance, c’est l’abandon politique qui a causé un affaiblissement presque systématique du réseau public. Il faut revenir à l’essence de ce qui a caractérisé la création du réseau de la petite enfance dans ses origines. Deux années après son entrée en poste, le ministre a l’occasion de passer à l’histoire en redressant le problème… ou en l’accentuant. Il n’appartient qu’à lui de donner un sens à ses actions et de passer de la parole aux actes en s’engageant pour un réseau national de services éducatifs à la petite enfance de qualité. Nous saisirons toujours les mains tendues en faveur d’un réseau public de la petite enfance fort, universel et accessible », explique Sonia Ethier.
L’incontournable enjeu des conditions de travail
De son côté, la présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie Grenon, fait part que, si le ministre de la Famille veut entamer une réflexion sérieuse, il n’aura d’autre choix que d’aborder aussi la question des conditions de travail des intervenantes en petite enfance. Elle insiste à l’effet qu’il faut résoudre la pénurie importante d’éducatrices en CPE, mais aussi que les 4 000 postes non comblés de responsables en services éducatifs en milieu familial permettraient à eux seuls la création de 26 000 places à faible coût. Estimant que le moment est venu pour valoriser le secteur de la petite enfance, Valérie Grenon se montre satisfaite que Mathieu Lacombe ouvre la porte à une collaboration avec tous les acteurs du milieu.
« Notre rencontre de cette semaine avec le ministre a confirmé que l’enjeu des conditions de travail est incontournable. On ne peut pas aborder la question des CPE et des services éducatifs en milieu familial comme si les installations étaient des coquilles vides, sans intervenantes pour répondre aux besoins des enfants. Il y a un manque criant d’éducatrices en CPE qui cause des ruptures de services et bien des maux de tête aux parents. Si le ministre est sérieux dans sa volonté de solutionner des problèmes de fond en petite enfance, il est urgent de favoriser l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre, particulièrement dans les milieux familiaux, qui sont confrontés à une véritable hémorragie et qui pourraient être une réponse rapide au manque de places subventionnées. Le ministre peut dès maintenant adopter une série de mesures permettant d’améliorer significativement le quotidien et la tâche des intervenantes. Nous avons hâte d’entendre ce qu’il va nous annoncer dans les prochaines semaines, et nous serons là pour le guider dans cette réflexion », s’engage la présidente de la FIPEQ-CSQ.
Des solutions rapides à la portée du ministre
La CSQ et la FIPEQ-CSQ font part de solutions concrètes que le ministre de la Famille peut notamment mettre de l’avant dès maintenant :
- Des mesures d’allègement du fardeau administratif et une augmentation de la subvention visant les soins aux enfants à besoins particuliers.
- Des mesures favorisant le recrutement de nouvelles éducatrices, telles qu’une subvention d’ouverture d’un service éducatif en milieu familial.
- Des incitatifs financiers pour favoriser le maintien des intervenantes qui sont en poste ou, encore mieux, pour inviter les intervenantes qualifiées qui ont quitté le milieu à revenir.
- Une prime COVID-19 aux intervenantes en petite enfance afin, notamment, de compenser l’importante surcharge de travail à cause de la crise sanitaire et, ainsi, limiter les départs du réseau.
- Un engagement ferme du gouvernement à compléter rapidement les négociations de la prochaine entente collective des CPE, échue depuis mars 2020.