Les maux de la langue

Mettons-nous à table

22 juin 2018

Comment se sont formées ces expressions? Passons aux aveux.
Ne pas être dans son assiette
Pour exprimer qu’on se sent mal, qu’on est indisposé moralement ou physiquement, on a recours à cette expression. Mais de quelle assiette s’agit-il? On fait référence ici à la posture, au maintien, au dérivé de l’assise et du verbe asseoir. On dit du cavalier en équilibre sur son cheval qu’il a une bonne assiette. Ainsi, ne pas être dans son assiette, c’est « ne pas être dans une disposition normale ».
Se mettre les pieds dans les plats
En France, on dit plutôt mettre les pieds dans le plat. Encore ici, il ne s’agit pas du plat auquel on pense, mais bien d’une vaste étendue d’eaux basses, que l’on nommait plat il y a deux siècles en Provence. Le fond en était généralement vaseux, ce qui fait que l’eau se brouillait lorsqu’on y mettait les pieds. Il y a également un rapprochement à faire avec le verbe gaffer, qui signifiait alors, toujours en provençal, « patauger dans la boue ». De là à imaginer la personne qui soulève maladroitement une question à ne pas aborder, il n’y a qu’un pas.
Être sous la coupe de quelqu’un
C’est lors d’une partie de cartes, et non d’un repas, qu’est née cette expression. Cette façon imagée d’exprimer qu’une personne est sous la dépendance ou sous l’influence de quelqu’un a pour origine la coupe aux cartes. On comprend que la personne qui divisait en deux les cartes battues avait une influence directe sur leur distribution. Ainsi, on croyait, au 17e siècle, que le joueur placé après le coupeur était directement sous son influence, bonne ou mauvaise.
Saviez-vous que…
Mettre la table, c’est « dresser le couvert », mais au Moyen-Âge, d’où provient cette expression, c’était littéralement la table qu’on mettait en place. En effet, les habitations ne disposaient pas de salle à manger, et les activités de la journée se déroulaient dans une grande pièce principale. Quand venait l’heure des repas, on installait des planches sur des tréteaux à l’endroit où l’on voulait manger, assemblage qu’on recouvrait de nappes, puis qu’on démontait jusqu’au prochain repas. Au Québec, mettre la table, c’est aussi « aplanir les difficultés, préparer le terrain pour une rencontre, une discussion, une négociation ».