Montréal, le 26 octobre 2020. – « Deux ans après l’adoption de la Loi 22.1 visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur, la culture du viol demeure encore trop présente dans nos cégeps et il est plus que temps qu’un message collectif fort soit envoyé à tous les acteurs du milieu pour qu’on y mette fin une fois pour toutes. »
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du secteur collégial, la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), réagissent ainsi à la publication, au cours des derniers jours, d’une enquête menée par le Projet intercollégial d’étude sur le consentement, l’égalité et la sexualité (PIECES). Plus de 6 000 personnes, cégépiennes et cégépiens ainsi que membres du personnel, ont participé à l’enquête menée à l’automne 2019 dans cinq collèges.
Ça ne peut plus durer!
La présidente de la CSQ, Sonia Ethier, qualifie de profondément troublantes les données de l’enquête qui démontrent malheureusement que les violences sexuelles ne sont ni rares ni des cas isolés dans nos collèges. « Aucun groupe n’est épargné. Depuis leur arrivée au cégep, 34,6 % des étudiantes et des étudiants ont vécu de telles situations; c’est également le cas de 48,3 % des enseignantes et des enseignants et de 39,7 % des autres personnels. De plus, 14 % des personnes survivantes subissent non seulement des répercussions sur leur vie personnelle et sociale, sur leurs études et leur travail, mais vont aussi jusqu’à en ressentir une forme de stress post-traumatique. C’est grave, et ça ne peut plus durer. »
Nécessité de formation et de sensibilisation
Pour sa part, la présidente de la FEC-CSQ, Lucie Piché, rappelle que, depuis l’adoption de la Loi 22.1, les cégeps ont l’obligation de se doter de politiques de prévention et de traitement des plaintes et des dévoilements. « Or, très peu de personnes ont formulé une plainte ou même signalé un incident aux instances du cégep. On a le sentiment que la situation n’était pas jugée assez grave ou n’en était pas une de harcèlement ou de violence. La banalisation de la violence sexuelle semble malheureusement répandue dans nos cégeps et paraît nuire à l’efficacité des recours prévus. C’est dire combien il demeure essentiel de former et de sensibiliser non seulement la jeunesse cégépienne, mais aussi le personnel lui-même », commente Lucie Piché.
Rendre les établissements plus sécuritaires
De son côté, la présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, soutient que les cégeps ont le devoir de rendre leurs établissements sécuritaires et ça presse. « Les établissements d’enseignement supérieur se sont dotés, en 2019, de politiques visant à contrer les actes de violence à caractère sexuel, mais force est de constater que c’est nettement insuffisant. Ça doit être tolérance zéro. Tout le monde a droit à un milieu de travail et d’études sain et sécuritaire, personne ne devrait se sentir menacé ou inconfortable de parcourir nos corridors, vestiaires, ascenseurs, stationnements ou cages d’escaliers », affirme Valérie Fontaine, présidente de la FPSES-CSQ.
Renforcer la politique et augmenter les ressources
La vice-présidente de la FPPC-CSQ, Suzanne Tousignant, précise quant à elle que, s’il est peut-être un peu tôt pour évaluer l’efficacité de la politique mise en place par l’ancienne ministre, Hélène David, des actions doivent tout de même être dès maintenant entreprises. « Les résultats de cette enquête nous permettent de prédire que le phénomène des violences à caractère sexuel est d’une telle ampleur qu’il faudra rendre la politique plus sévère. Mais il faut aussi ajouter une quantité beaucoup plus significative de ressources pour améliorer le processus de prévention et pour assurer une approche d’accompagnement plus appropriée des victimes dans leurs démarches », de dire Suzanne Tousignant.
La balle dans le camp des cégeps
Finalement, la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, prévoit que ce n’est pas parce que les conseils d’administration des cégeps ont adopté des politiques internes que la situation va s’améliorer d’elle-même. « Avec les données issues de ce rapport, les cégeps doivent mettre en place des campagnes de sensibilisation et de prévention en tenant compte des différents groupes cibles. La balle est dans le camp des cégeps. Nous suivrons la situation de près », termine la présidente de la CSQ.