Montréal, le 29 juin 2020. – Alors que s’amorce la période estivale, force est de constater que les négociations en vue du renouvellement des conventions collectives du personnel enseignant des cégeps n’avancent pas, la partie patronale n’ayant visiblement pas le mandat d’en arriver à un règlement avant la fin du mois de juin, malgré ce que le gouvernement Legault avait annoncé plus tôt au printemps. C’est le constat que l’équipe de négociation de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) a pu faire au cours des dernières semaines – un scénario qui semble d’ailleurs se répéter aux autres tables de négociation des secteurs public et parapublic où siègent les différentes fédérations affiliées à la CSQ.
Malgré un désir initial de reporter la négociation après la crise sanitaire, ce que le gouvernement Legault avait d’ailleurs d’abord annoncé le 15 mars dernier avant de faire volte-face, la FEC-CSQ est retournée à la table afin de négocier de bonne foi, le gouvernement ayant affirmé vouloir parvenir à une entente avant les vacances estivales. « Cependant, les négociations piétinent », déplore la présidente de la FEC-CSQ, Lucie Piché, qui constate que même les demandes syndicales sans incidence monétaire, telles celles liées à la conciliation famille-travail ou à l’autonomie professionnelle, ne reçoivent qu’un faible écho, la partie patronale n’ayant visiblement pas les mandats pour régler quoi que ce soit à court terme. À la suite du récent remaniement ministériel au sein du gouvernement caquiste, « nous espérons que la nomination de Sonia LeBel au Conseil du trésor insufflera un nouveau rythme aux négociations », poursuit la présidente de la FEC-CSQ, « mais nous devrons vraisemblablement attendre la fin de l’été avant d’être fixés, le temps que la ministre s’approprie les dossiers ».
À quand un cadre financier satisfaisant?
Bien que la crise sanitaire ait plombé l’économie québécoise, le récent énoncé budgétaire révèle que le recours à la réserve de stabilisation permettra au gouvernement d’endiguer les effets négatifs de la pandémie et de soutenir la relance économique. « Les réseaux de la santé et de l’éducation doivent impérativement être pris en compte dans ces projets de relance, ces derniers devant non seulement miser sur les infrastructures, mais aussi sur le soutien de celles et ceux qui éduquent et prennent soin. Nous espérons que la nouvelle présidente du Conseil du trésor révisera le cadre financier de la négociation en ce sens, afin d’améliorer de façon significative les conditions d’exercice de la profession enseignante », plaide la présidente de la Fédération. Elle souligne que les réseaux publics nécessitent des réaménagements majeurs en termes d’organisation du travail, comme le démontre bien l’actuelle situation en santé, et qu’on ne peut faire l’économie de réinvestissements qui vont bien au-delà d’augmentations salariales. « Dans le réseau collégial, il faut mieux soutenir le personnel enseignant de plus en plus confronté à des populations étudiantes dont les parcours atypiques nécessitent toujours plus d’encadrement, dans un contexte de virage numérique qu’exacerbe la crise sanitaire. En outre, la précarité dans laquelle se retrouve plus de 40 % du personnel enseignant fragilise nos institutions et plombe l’attractivité du réseau collégial. Investir dans la formation collégiale, c’est investir dans l’avenir de notre société, et ce, dans une période où la pénurie de main-d’œuvre est particulièrement alarmante », de rappeler la présidente de la FEC-CSQ.
Demande de médiation en vertu de la Loi 37, une démarche devenue nécessaire
Face à l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus de négociation et à l’instar de plusieurs autres fédérations de la CSQ, la FEC-CSQ a déposé une demande de médiation auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité. Prévue par la loi encadrant le régime de négociation des conventions collectives dans les secteurs public et parapublic (Loi 37), « cette demande de médiation constitue une étape essentielle en vue d’en arriver à un règlement satisfaisant », de conclure Lucie Piché. Rappelons qu’au terme de ce processus de médiation, les organisations syndicales régies par la Loi 37 obtiendront alors le droit d’avoir recours à des moyens de pression plus lourds, dont le recours à la grève.