Baie-Comeau, le 9 juin 2020. – Trois dirigeants du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord (CISSS de la Côte-Nord), soit le président-directeur général, la directrice des ressources humaines et la directrice adjointe des ressources humaines recevront chacun, au cours des prochaines heures, une boîte de bonbons surs envoyée par le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ) et la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) pour dénoncer des mesures disciplinaires prises contre seize infirmières et infirmières auxiliaires.
Le CISSS de la Côte-Nord reproche aux infirmières et aux infirmières auxiliaires concernées d’avoir réalisé une courte vidéo sur leur lieu de travail pour participer à un concours lancé par une influenceuse sur Facebook. En ce temps de pandémie, l’influenceuse Catherine Paquin, elle-même une ancienne infirmière, invitait les travailleuses et les travailleurs de la santé à lui faire parvenir une vidéo exprimant leur bonheur au travail, malgré le contexte difficile. Les participantes pouvaient gagner une boîte de bonbons.
Seize infirmières et infirmières auxiliaires de la Côte-Nord ont participé au concours en envoyant une vidéo de quelques secondes manifestant leur joie d’offrir des soins aux personnes qui en ont besoin, même si ce travail est exigeant et difficile. Pour leur part, les dirigeants du CISSS de la Côte-Nord n’ont pas apprécié cette initiative et ils ont rencontré les infirmières et les infirmières auxiliaires pour leur exprimer leur mécontentement et leur remettre un avis disciplinaire à leur dossier. Précisons que la vidéo tournée par les infirmières et les infirmières auxiliaires n’a entraîné aucun bris sur le matériel utilisé et n’a mis en danger la sécurité de personne.
Le bonheur au travail n’est pas permis au CISSS de la Côte-Nord
Une intransigeance patronale qui choque profondément les présidentes du SIISNEQ-CSQ, Nathalie Savard, et de la FSQ-CSQ, Claire Montour.
« La réaction de la direction du CISSS de la Côte-Nord est nettement exagérée. La direction aurait pu exprimer sa désapprobation tout en demandant aux infirmières et aux infirmières auxiliaires de ne pas renouveler une telle expérience et cela aurait été très suffisant. Le dépôt d’un avis disciplinaire à leur dossier est un pas de trop qui démontre le manque d’empathie de la direction à l’égard de son personnel », commente Nathalie Savard.
Cette dernière juge également fort étrange que le président-directeur général du CISSS de la Côte-Nord et les membres de sa direction des ressources humaines ne trouvent pas mieux à faire, par les temps qui courent, que d’envoyer des remontrances à des infirmières et des infirmières auxiliaires qui ont commis « le crime » de manifester leur bonheur au travail en pleine crise sanitaire.
« Depuis des années, les infirmières et les infirmières auxiliaires doivent subir des conditions de travail très difficiles, obligées notamment de faire du temps supplémentaire obligatoire. Depuis trois mois, la crise de la COVID-19 est venue alourdir encore plus leur travail et augmenter le stress et l’inquiétude qu’elles vivent quotidiennement pour elles et leurs proches. Malgré cela, seize infirmières et infirmières auxiliaires ont voulu envoyer le message qu’elles aiment leur travail et qu’elles y sont heureuses, question d’envoyer un peu d’encouragement à l’ensemble de leurs collègues dans le contexte pénible actuel. Les dirigeants du CISSS de la Côte-Nord ont conclu qu’une telle expression de bonheur est déplacée et mérite d’être réprimée par un avis disciplinaire », explique la présidente du SIISNEQ-CSQ.
Manque de jugement et de sensibilité
Pour sa part, la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, reproche aux autorités du CISSS de la Côte-Nord de traiter de façon très cavalière ces « anges gardiens » qui travaillent sans relâche depuis des semaines pour combattre la pandémie et assurer à la population les soins de santé qu’elle mérite.
« Nous traversons une période très angoissante, notamment pour les infirmières et les infirmières auxiliaires qui sont au front dans ce combat contre le virus. Plutôt que de les encourager et les soutenir, les autorités du CISSS de la Côte-Nord préfèrent leur adresser des avis disciplinaires qui affectent durement leur moral ainsi que celui de leurs collègues qui travaillent dans les mêmes établissements. C’est un énorme manque de jugement et de sensibilité pour des personnes supposément aptes à diriger une organisation. Ont-ils oublié leur propre principe directeur qu’est l’humanisme? », clame Claire Montour.
Un geste semblable à celui de Horacio Arruda
Cette dernière poursuit en mentionnant que « les infirmières et les infirmières auxiliaires n’ont rien fait de plus que le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, avec sa petite danse sur les réseaux sociaux. Un moment de bonheur qui n’a fait de mal à personne et qui a fait sourire un grand nombre de Québécoises et de Québécois. Mais si le docteur Arruda avait travaillé au CISSS de la Côte-Nord, il aurait reçu de sévères remontrances et un avis disciplinaire ».
Nathalie Savard et Claire Montour terminent en invitant les trois dirigeants du CISSS de la Côte-Nord à prendre le temps de goûter aux bonbons surs qu’ils recevront, question de constater par eux-mêmes les conséquences d’une décision au goût amer.