Montréal, le 15 février 2020. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) réagit très négativement au premier palmarès des cégeps dévoilé aujourd’hui par le Journal de Montréal et le Journal de Québec. La Centrale déplore la réalisation de cette liste qui repose sur un portrait incomplet qui mine la crédibilité de la démarche. Si le taux de diplomation est un indicateur certes important, il importe de rappeler qu’il ne peut à lui seul et d’aucune façon traduire la complexité de la question de la réussite au collégial. Il en va de même des efforts consentis par la communauté collégiale dont les actions ne visent pas qu’à assurer la réussite scolaire, mais plutôt à répondre à un idéal plus large : celui de la réussite éducative.
Au-delà des seules statistiques de diplomation, la CSQ ajoute que les parcours éducatifs ne sont pas qu’une question de chiffres. Les milliers d’étudiantes et d’étudiants qui fréquentent nos établissements vivent de nouvelles réalités auxquelles l’ensemble du personnel tente de répondre au quotidien. De la conciliation avec un emploi en dehors des études aux difficultés personnelles en passant par le retour aux études ou l’intégration dans un nouveau milieu de vie, les cégeps sont confrontés à de nouvelles réalités.
« Établir la performance d’un cégep sur la base de son taux de diplomation est un exercice réducteur et déconnecté du terrain. Les profils sociodémographiques de la population étudiante, qui sont extrêmement variables d’un établissement à l’autre, sont complètement occultés par le palmarès et constituent des facteurs de réussite bien plus importants que le simple taux de diplomation. Ce palmarès encourage une mise en concurrence malsaine alors que la force des cégeps devrait reposer sur le travail en réseau, les principes de collaboration, de complémentarité et de concertation qui profitent à tous. On peut y voir l’aboutissement d’une logique de compétition qui a gagné du terrain parmi des établissements contraints à une perpétuelle « quête de clientèle » exacerbée par le sous-financement chronique des dernières années qui a poussé les uns et les autres à développer des stratégies de survie.
Nous sommes en droit de nous demander à qui profite réellement un exercice de la sorte. En dehors des bénéfices financiers d’une entreprise médiatique qui mousse ses intérêts commerciaux sur ses différentes plateformes, les intérêts des étudiantes et des étudiants tout comme ceux de la population sont desservis par ce type d’exercice », explique Mario Beauchemin, vice-président à la CSQ et lui-même professeur de cégep en histoire.
Pour déterminer le choix d’établissement, la Centrale encourage les étudiantes et les étudiants et leurs parents à s’informer directement auprès des établissements et à utiliser les nombreuses autres ressources existantes qui permettent de faire un véritable choix éclairé.