Montréal, le 5 novembre 2019. – Pour la centrale des syndicats du Québec (CSQ), l’adoption du projet de loi n° 5 sur les maternelles 4 ans universelles confirme que la priorité de ce gouvernement n’est pas l’éducation, mais plutôt la réalisation de ses promesses électorales coûte que coûte, sans tenir compte des mises en garde maintes fois répétées.
Pour la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, « il ne fait nul doute que le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur s’est enfermé dans une logique où sa seule motivation, sa seule priorité est de s’atteler à livrer les promesses de la CAQ. La priorité devait être l’éducation, jurait pourtant François Legault, main sur le cœur, lors de la dernière campagne électorale. Les faits nous montrent plutôt le contraire ».
« Quelles ont été les priorités de ce gouvernement depuis plus d’un an? D’abord, le déploiement hâtif des classes de maternelle 4 ans, alors qu’il aurait été nécessaire de développer le réseau des services éducatifs à la petite enfance parce qu’il manque de places pour répondre aux besoins des enfants et des parents et qu’il aurait mieux valu investir dans les facteurs de qualité structurelle des maternelles 4 ans en milieux défavorisés. Ensuite, le prochain chantier annoncé avec le projet de loi n° 40, la version 2.0 de la réforme Barrette transposée en éducation. Il aurait été plus utile qu’il s’attelle d’abord à régler les problèmes qui minent notre réseau de l’éducation », a rappelé la présidente de la CSQ.
« Ce qui frappe, c’est l’entêtement, c’est l’improvisation totale du ministre dans le dossier des maternelles 4 ans universelles qui crée des divisions dans les milieux plutôt que de favoriser le travail en commun des personnes préoccupées par le bien-être des enfants. Pensons aussi aux coûts qui explosent à 800 000 dollars par classe, voire davantage. À la priorité aux milieux défavorisés qui a été diluée pour lui permettre d’agir à sa guise. À la complémentarité entre les services qui n’est pas respectée. À l’opération de recrutement intensive d’enfants, menée pour gonfler artificiellement les inscriptions dans les écoles. À l’absence flagrante de planification, comme ont su le démontrer les députés des oppositions lors de l’étude détaillée », a poursuivi Sonia Ethier.
« Quand on pense aux besoins immenses et non comblés du côté des services aux élèves en difficultés – le Québec compte 206 617 élèves avec un diagnostic HDAA nécessitant des suivis professionnels et un encadrement particulier; quand on voit qu’il y a 44 000 enfants en attente d’une place dans les services éducatifs à la petite enfance; quand on réalise qu’il y a 65 000 élèves de plus dans les classes cette année qu’il y a cinq ans et que 65 000 s’ajouteront au cours des cinq prochaines années; quand on constate que les effectifs manquent à l’appel pour répondre à la demande sans cesse croissante; quand on mesure l’ampleur de la pénurie qui sévit dans le réseau de l’éducation; quand on prend acte des conditions toxiques qui prévalent, qui font fuir la relève et font en sorte que 20 % des jeunes enseignantes et enseignants décrochent au cours des cinq premières années; quand on considère l’augmentation fulgurante des arrêts de travail pour des raisons de santé physique ou mentale chez tous les professionnels, on ne peut que conclure que le ministre vit littéralement dans un monde virtuel », a conclu la présidente de la CSQ.