Montréal, le 29 août 2019. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) et la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), ont dressé ce matin l’état des lieux concernant la pénurie qui sévit dans le domaine de l’éducation et dévoilé les résultats d’un sondage montrant l’appui massif de la population à l’égard de mesures devant être mises en place rapidement pour contrer cette pénurie.
Au moment où l’on prévoit une augmentation de 65 000 élèves d’ici cinq ans et que quelque 206 617 élèves avec un diagnostic HDDA nécessitent des suivis professionnels et un encadrement particulier, les effectifs manquent à l’appel pour répondre à la demande. La relève fait défaut avec près de 3 000 étudiantes et étudiants en moins dans les facultés d’éducation. Le nombre de diplômés stagne autour de 1 400 par année. Plus de 20 % des jeunes enseignantes et enseignants décrochent au cours des cinq premières années. Les arrêts de travail pour des raisons de santé physique ou mentale augmentent chez tous les professionnels, comme le nombre de départs à la retraite. Tel est le portrait de la situation.
« Les voyants sont au rouge et les conditions sont réunies pour que le réseau de l’éducation vive une crise importante au cours des prochaines années », a d’abord indiqué la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.
« Les causes de cette pénurie qui frappe le domaine de l’éducation sont connues par la population et les mesures qui peuvent l’endiguer sont largement appuyées comme le démontrent clairement les résultats d’un sondage effectué par la firme Léger. L’heure n’est pas aux chambardements de structures, aux programmes lancés dans l’improvisation comme les maternelles 4 ans ou aux solutions à la pièce. Il faut une approche globale pour s’attaquer à la précarité d’emploi qui touche tous les secteurs. Il faut augmenter le nombre de postes à temps complet, assurer un plus grand soutien aux nouveaux enseignants, diminuer le nombre d’élèves par classe, établir un ratio élèves/enseignants/professionnels et personnel de soutien, valoriser les professions, alléger la tâche du personnel en éducation, établir un plancher de services professionnels aux élèves et bonifier la rémunération du personnel en éducation. Il faut agir sur tous ces fronts », a insisté Sonia Ethier.
Citation de Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ
« La pénurie que l’on vit actuellement est la conséquence du manque de valorisation et de la dégradation des conditions de travail du personnel enseignant, amplifiée par des compressions sur plusieurs années. Malheureusement, ce manque de ressources a eu un impact ressenti par tous, y compris les élèves. Pour attirer la relève et conserver nos collègues dans les écoles, il faudra clairement donner un coup de barre pour améliorer non seulement le salaire, mais l’ensemble des conditions d’exercice des enseignantes et enseignants. Ils doivent pouvoir souffler. De plus, une meilleure valorisation de notre expertise requiert que notre autonomie soit respectée et que nous soyons réellement consultés pour contribuer aux politiques publiques qui nous concernent au premier chef. »
Citation de Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ
« Actuellement, des gens choisissent d’aller travailler au salaire minimum plutôt qu’en milieu scolaire, parce qu’ils obtiennent plus d’heures. Il faut bonifier les heures de travail si on veut rendre certains postes attrayants. Dix heures par semaine, c’est insuffisant! Il faut une amélioration globale des conditions de travail, y compris du nombre d’heures travaillées! Si l’on ne finance pas correctement l’éducation, il va toujours y avoir une pénurie. Le personnel de soutien scolaire peut aider à différents niveaux pour améliorer les services aux élèves, nous faisons partie de la solution. »
Citation de Jacques Landry, président de la FPPE-CSQ
« À l’heure actuelle, sur le terrain, nos professionnels sont trop peu nombreux et ont à peine le temps d’évaluer les élèves et rarement, voir jamais, d’offrir un suivi ou des interventions appropriées. Les élèves en difficulté se retrouvent sur des listes d’attente qui s’allongent. Dépister ou diagnostiquer sans intervenir, ça ne sert à rien, ça n’apporte strictement rien à l’élève. La FPPE-CSQ évalue qu’il faudrait ajouter environ 2 000 psychologues, psychoéducatrices, orthophoniste, conseillers d’orientation, ergothérapeutes ou travailleurs sociaux afin d’assurer un seuil minimum de services pour intervenir tôt auprès de l’élève et effectuer un suivi adéquat tout au long de son parcours scolaire. Nous sommes loin du compte, les défis sont énormes. »
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