Montréal, le 30 janvier 2019. – Voici la réaction de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Éthier, à l’annonce par le ministre Jean Boulet de la hausse du salaire minimum qui s’élève à 12,50 dollars l’heure cette année :
« Le ministre du Travail aurait dû augmenter le salaire minimum à 15 dollars l’heure en toute cohérence avec la pénurie de la main-d’œuvre tant décriée par le milieu des affaires et le gouvernement lui-même. Pourtant, à la première occasion qui se présente pour améliorer les conditions de travail des bas salariés, le ministre Boulet prétexte de possibles pertes d’emploi pour passer son tour. Avec 50 cents d’augmentation, la CAQ fait pire que l’année dernière. C’est décevant. Les travailleuses et travailleurs sont en droit d’avoir, dès maintenant, un salaire décent », dénonce Sonia Éthier.
De plus, la campagne 5-10-15, dont nous sommes membres a également réagi :
Les travailleuses et travailleurs au bas de l’échelle condamnés à la pauvreté
Les membres de la campagne 5-10-15 déplorent que le ministre Boulet n’ait pas eu le courage d’augmenter davantage le salaire minimum pour 2019. Prétextant vouloir éviter les pertes d’emploi, le nouveau ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale va même à l’encontre de ce qui se dessine comme tendance au sein des entreprises, à savoir l’augmentation des salaires pour retenir ou attirer la main-d’œuvre dont elles ont désespérément besoin.
« Alors que le ministre Boulet lançait la semaine dernière sa Grande corvée, une opération visant à répondre aux besoins des entreprises dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, le même ministre décide aujourd’hui de laisser un autre type de corvée aux travailleuses et aux travailleurs au bas de l’échelle : vivre avec un salaire qui ne permet pas de sortir de la pauvreté », s’indigne Virginie Larivière, co-porte-parole de la campagne 5-10-15.
Pour expliquer son refus d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure, le ministre Boulet prend en exemple le cas de l’Ontario. Rappelons qu’à la suite d’un changement de gouvernement, cette province a renié son engagement d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure pour janvier 2019, prétextant que la hausse précédente de 2,60 $ (qui a fait passer le taux horaire du salaire minimum de 11,40 $ à 14 $), avait eu des impacts négatifs sur l’économie et l’emploi.
« Le ministre du Travail semble avoir occulté les effets positifs d’une hausse du salaire minimum, particulièrement dans le contexte de rareté de main-d’œuvre que nous connaissons actuellement. Rendre le salaire minimum plus attrayant stabilise la relation d’emploi et diminue le roulement de personnel. Alors que plusieurs entreprises du Québec se plaignent de ne pas combler les postes disponibles, augmenter le salaire minimum à 15 $ serait bénéfique autant pour les travailleuses et travailleurs du Québec que pour les entreprises », explique Mélanie Gauvin, également co-porte-parole de la campagne 5-10-15.
« Le ministre se garde bien de mettre dans la balance le fait que des centaines de milliers de personnes en Ontario ont pu bénéficier, avec la hausse de janvier 2018, d’une amélioration non négligeable de leurs revenus. Or, mettre l’accent sur les effets négatifs surtout quand ils s’avèrent inexacts est indigne d’un ministre du Travail » déclare Virginie Larivière.
La prédiction de pertes d’emploi est basée sur une fausse prémisse, voulant que le salaire minimum ne doit pas excéder 50 % du salaire horaire moyen, sans quoi des emplois seraient éliminés — surtout chez les jeunes.
« L’économie du Québec se porte bien. L’augmentation de 75 cents du salaire minimum de l’année dernière n’a pas fait disparaître des milliers d’emplois au Québec. L’Institut de la statistique rapporte plus de 110 000 postes vacants au deuxième trimestre de 2018, dont près du tiers sont dans les secteurs du commerce, de l’hébergement et de la restauration. Près de 90 % des emplois au salaire minimum se situent dans le secteur des services », conclut Virginie Larivière.
La campagne 5-10-15 est menée par le Front de défense des non-syndiquéEs, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).