Saguenay, le 15 janvier 2019. – « La pénurie de personnel de soutien scolaire et l’augmentation du nombre d’élèves régulier et en difficultés affectent sérieusement la qualité des services offerts aux élèves et ont des impacts nuisibles sur le personnel. »
Telle est la situation dénoncée aujourd’hui en conférence de presse par le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), M. Éric Pronovost, ainsi que par la présidente du Syndicat du personnel de soutien scolaire de la Jonquière (SPSSJ-CSQ), Nancy Gagnon et le président du Syndicat régional des employés de soutien (SRES-CSQ), Yvan Bilodeau.
Pénurie et précarité
Le président de la FPSS-CSQ soutient que la précarité des emplois du personnel de soutien scolaire dans la région est problématique.
« Même si le taux de précarité dans les deux commissions scolaires est sous la moyenne nationale, il affecte tout de même 54 % du personnel de la Commission scolaire de la Jonquière (CSDLJ) et 61 % du personnel de la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay (CSRS), dont les trois quarts sont des femmes. Cela a de graves conséquences sur nos membres qui doivent boucler leur budget sans pouvoir compter sur un revenu suffisant. Pas surprenant que les commissions scolaires aient de la difficulté à recruter du personnel », explique Éric Pronovost.
Situation à la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay
Plus spécifiquement à la CSRS, Yvan Bilodeau soutient qu’au niveau des emplois administratifs, l’employeur contribue à la précarisation en offrant des postes temporaires, pour une durée indéterminée. « Si on veut retenir le personnel, il faut lui assurer de meilleures conditions de travail », explique le président du SRES-CSQ.
Augmentation des besoins et des élèves en difficultés
Sans compter que le personnel de soutien doit répondre aux besoins des élèves qui augmentent sans cesse. « Les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA) sont dépistés de plus en plus tôt et il faut s’assurer qu’ils puissent recevoir les services auxquels ils ont droit. Mais le personnel est insuffisant pour ce faire », déplore Yvan Bilodeau.
« La pression est particulièrement élevée pour les techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES), qui interviennent en soutien aux enseignantes et enseignants. Si l’on veut répondre aux besoins des élèves, il faudrait embaucher davantage de ressources », plaide le leader syndical.
Même problème pour le personnel en service de garde qui se retrouve sans ressources supplémentaires pour répondre à l’arrivée d’élèves HDAA. « Il est difficile d’assurer les services lorsque le personnel est insuffisant et que les horaires de travail sont coupés », dénonce Yvan Bilodeau.
Situation à la Commission scolaire de la Jonquière
À la CSDLJ, la présidente du SPSSJ-CSQ, Nancy Gagnon, soutient qu’au niveau des services directs aux élèves et de conciergerie, tous les postes ont été comblés, mais il est très difficile de trouver des suppléants. « Il y a encore trop de précarité. Les gens n’ont pas suffisamment d’heures de travail et exercent leur emploi sur des horaires coupés. Ce qui ne leur assure pas un revenu suffisant. »
Une surcharge de travail généralisée
Nancy Gagnon ajoute que la pénurie de main-d’œuvre et la précarité font d’autant plus mal que la surcharge de travail n’épargne personne.
« On demande au personnel d’en faire plus avec moins. Les conditions de travail sont de plus en plus lourdes et difficiles », précise Mme Nancy Gagnon. Un sondage récent, réalisé par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), démontrait d’ailleurs que 48 % des membres du personnel de soutien scolaire doivent travailler durant les pauses, l’heure du dîner ou prolonger leur journée de travail pour faire face à leurs tâches et responsabilités, qui augmentent sans cesse.
« Les trois quarts des employés de soutien scolaire constatent un alourdissement de leur tâche. L’épuisement vient donc s’ajouter au stress engendré par la précarité. Faut-il se surprendre que plus de 80 % de ces personnes se disent exténuées? On le serait à moins », mentionne Nancy Gagnon.
Une violence généralisée
D’autre part, la violence au travail est un sérieux problème tant à la Commission scolaire de la Jonquière (CSDLJ) qu’à la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay (CSRS). En effet, un sondage réalisé par la firme Ad hoc recherche, en collaboration avec la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), révèle qu’au cours de l’année 2017-2018, plus des deux tiers des membres du personnel de soutien ont subi de la violence au travail.
Les élèves sont la source principale de ces incidents qui prennent la forme de blasphèmes, de cris, de coups, d’objets lancés et de propos injurieux.
« Dans ce contexte, c’est encore plus inacceptable qu’en plus de ne pas être considérés et traités à leur juste valeur, les membres du personnel de soutien scolaire doivent subir une violence physique et verbale qui les affecte durement. Nous avons besoin de la collaboration des gestionnaires scolaires pour protéger le personnel de soutien », précise le président de la FPSS-CSQ.
Faire partie de la solution
En terminant, le président de la FPSS-CSQ, Éric Pronovost, invite les gestionnaires des deux commissions scolaires à tenir compte du personnel de soutien et du rôle important qu’il joue chaque jour dans la bonne marche de nos écoles. « Connaissant leur volonté d’améliorer la réussite éducative sur leur territoire, je tiens à leur rappeler que le personnel de soutien partage cette préoccupation et qu’il fait partie, lui aussi, de la solution pour améliorer notre système public d’éducation. L’éducation, c’est aussi nous! », conclut Éric Pronovost.