Montréal, le 7 janvier 2018. – « Dans le contexte électoral de 2018, le Québec peut-il espérer enfin avoir un gouvernement qui aura à cœur les besoins réels de sa population et qui lui assurera des services publics accessibles et de qualité? Peut-on espérer un gouvernement qui tiendra compte avant tout des impacts humains plutôt que des cibles chiffrées dans ses prises de décision? »
Tel est le message lancé par la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, à l’occasion de la conférence de presse qui marque le début de la nouvelle année.
Elle précise que la CSQ a l’intention d’être toujours très active en 2018 pour défendre publiquement les enjeux qui lui tiennent à cœur et sa vision d’une société juste, égalitaire et solidaire. « Nous l’avons vu au cours des dernières années : l’austérité, ce n’est pas un projet de société et ça appauvrit tout le monde. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas en période de négociation que nous cesserons de nous mobiliser pour défendre les enjeux qui nous interpellent », soutient Louise Chabot.
Une lourde responsabilité
Cette dernière croit que personne ne devrait diriger un État au gré de ses humeurs et de ses seuls intérêts. « Celles et ceux qui composent le gouvernement doivent être conscients qu’ils ont la lourde responsabilité de gérer le bien commun en vue d’une plus grande justice sociale. Trop de politiciennes et de politiciens l’oublient malheureusement une fois rendus au pouvoir. Nous allons le leur rappeler, particulièrement en cette année électorale », prévient la leader syndicale.
Des engagements électoraux sous surveillance
Louise Chabot ajoute que, peu importe le parti politique au pouvoir, le gouvernement prétend toujours gouverner pour le peuple. « C’est donc important que la population se fasse entendre. À la CSQ, nous représentons 200 000 membres qui proviennent de toutes les régions du Québec. Nous allons donc nous faire un devoir de bien analyser les engagements électoraux de tous les partis. Nous interpellerons les candidats sur des enjeux qui concernent le développement des services publics, les législations du travail, l’exercice des droits syndicaux, et qui ont des impacts sur les inégalités sociales », explique la présidente de la CSQ.
Fini, la politique du chapeau magique
Elle ajoute que « nous ne voulons plus d’un gouvernement qui impose des sacrifices insensés pendant les trois quarts de son mandat pour ensuite sortir de son chapeau magique, avant les élections, des lapins à coups de milliards de dollars. Le gouvernement Couillard a agi en illusionniste en nous faisant croire qu’il y avait une crise des finances publiques. Si c’était le cas, il n’aurait pas aujourd’hui, comme par enchantement, une marge de manœuvre de 7 milliards de dollars. Nous ne voulons plus également d’un gouvernement qui prétend être transparent alors qu’il fait disparaître toutes nos structures démocratiques ».
Un biais flagrant en faveur du privé
D’autre part, cette dernière souhaite fortement que le prochain gouvernement rompe avec l’orientation inquiétante de privilégier le secteur privé au détriment des services publics. « Le biais en faveur du privé a été particulièrement flagrant au cours des dernières semaines. Le ministre Barrette veut qu’on cesse d’opposer le public au privé en santé, le ministre Luc Fortin modifie son projet de loi pour protéger les garderies privées et le ministre Proulx invite des hommes d’affaires vedettes à repenser l’école… On voit bien pour qui gouvernent les libéraux », déclare Louise Chabot.
Du pain sur la planche
Plus précisément, la CSQ revendique auprès du gouvernement Couillard qu’il procède rapidement à la refonte des normes du travail promise par la ministre et attendue depuis longtemps. Celle-ci devrait notamment prévoir une hausse du salaire minimum à 15 dollars l’heure, 10 jours de congés payés en cas de maladie ou de responsabilités familiales, connaître son horaire de travail cinq jours à l’avance, une semaine de vacances supplémentaire, l’abolition des heures supplémentaires obligatoires, l’interdiction des clauses de disparité de traitement. La CSQ, membre de la Coalition pour la conciliation famille-travail-études, réclame également une loi-cadre sur cette conciliation. Enfin, la Centrale demande au ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale de refaire ses devoirs et de mettre en place un véritable plan de lutte contre la pauvreté. Entretemps, Louise Chabot presse le ministre de mettre fin à toute mesure coercitive et coupe de prestation pour les bénéficiaires de l’aide sociale incapables de se conformer au plan d’intervention et d’intégration en emploi.
Réinvestir pour de vrai
Du côté du secteur public, la leader syndicale plaide pour un réinvestissement majeur dans l’ensemble des services afin de réparer les graves dommages causés par les milliards de dollars de compressions, tant en éducation, en enseignement supérieur, en petite enfance qu’en santé. « Un gouvernement qui a les moyens de se priver de 2 milliards 650 millions de revenus en baisses d’impôt a certainement la marge de manœuvre pour réinvestir plus que des miettes comme ce fut le cas jusqu’à présent », soutient la présidente de la CSQ.
Un personnel à respecter
En terminant, Louise Chabot invite le gouvernement à reconnaître l’expertise et l’autonomie professionnelle des employés du secteur public, notamment en leur donnant les moyens et les ressources nécessaires pour bien s’acquitter de leur mandat, et des milieux de travail plus sains.
« Les travailleuses et travailleurs du secteur public sont des personnes engagées au service de la population. Ils ont à cœur leur travail, mais sont pour la plupart à bout de souffle en raison des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. Contrairement aux investissements dans le secteur privé qui enrichissent une minorité, les investissements dans le secteur public profitent à l’ensemble de la population. Il serait plus que temps que tous les partis politiques le comprennent », conclut Louise Chabot.