Montréal, le 3 octobre 2015. – Solidaires des travailleuses et travailleurs du secteur public et inquiètes face au démantèlement de l’état québécois, plus de 150 000 personnes ont manifesté dans les rues de Montréal en appui aux revendications des 400 000 salariés des secteurs de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la fonction publique et des organismes gouvernementaux présentement en négociation pour le renouvellement de leurs conventions collectives.
« Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est parce que nous sommes particulièrement préoccupés de l’avenir de nos services publics, de leur accessibilité et de notre capacité à travailler dans un environnement nous permettant de livrer des services de qualité à la population. Ça fera bientôt un an que nous négocions avec le gouvernement libéral. Après des dizaines et des dizaines de rencontres, le gouvernement continue de faire la sourde oreille, il continue de vouloir nous appauvrir dès maintenant. Il voudrait même nous appauvrir jusqu’à la fin de nos jours en charcutant notre régime de retraite, pourtant en excellente santé financière, en réduisant jusqu’à 40 % les rentes des retraités qui ont consacré leur vie au service public. Pourtant, nous avons identifié des solutions qui permettraient au gouvernement d’économiser des millions chaque année. Le gouvernement ne veut tout simplement rien entendre, ce qui démontre la réelle volonté idéologique des libéraux : réduire l’État, réduire les services à la population », souligne Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
« Le gouvernement fait preuve encore une fois d’un mépris inexcusable envers ses propres employés, dénonce Carolle Dubé, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP). Une arrogance inexcusable envers le plus grand groupe de travailleuses au Québec, les postes dans les services publics étant occupés à 75 % par des femmes. Il faut rappeler que les attaques du gouvernement envers nos conditions de travail se déroulent en même temps que l’imposition de politiques d’austérité sans précédent. Le Parti libéral abolit des postes, coupe des programmes, réduit les services à la population. Tout ça ne fait qu’augmenter la charge de travail des salariés du secteur public, qui sont découragés de ne plus pouvoir offrir à la population les services auxquels elle a droit. Le gouvernement voudrait presser le citron, alors que nos membres sont épuisés. Il y a des limites à ce qu’un enseignant, un préposé aux bénéficiaires, une infirmière, un fonctionnaire ou un technicien de laboratoire peut faire dans une journée de travail. Si nous sommes ici aujourd’hui, ce n’est pas uniquement pour nos conditions de travail. C’est surtout parce que nous sommes persuadés qu’en coupant dans tous les programmes, en attaquant nos conditions de travail, le gouvernement vient miner notre capacité à livrer des services publics de qualité. Il vient réduire l’accessibilité à ces services. Et ça, ça concerne toute la population du Québec ».
« Si ça ne suffit pas d’être plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies aujourd’hui pour sauvegarder l’accessibilité et la qualité de nos services publics et décrier ces offres insultantes, si M. Coiteux continue de faire la sourde oreille, le Front commun sera prêt à aller plus loin, annonce Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). En assemblées, les votes se prennent avec de très fortes majorités en faveur d’un mandat de grève. Le gouvernement a été prévenu. Il va devoir négocier sérieusement et de bonne foi s’il veut éviter un conflit de travail. En date d’aujourd’hui, la très vaste majorité des syndicats membres du Front commun ont un mandat de grève. Nous faisons le pari que d’ici quelques jours, ce seront 400 000 personnes qui auront ce mandat. Au cours des prochaines semaines, nous entendons utiliser tous les moyens à notre disposition pour faire comprendre au gouvernement que ses offres sont tout à fait inacceptables. Nous demandons aux membres du Front commun, dans toutes les régions du Québec, de lancer des actions de perturbation socio-économiques. Les travailleuses et travailleurs du secteur public sont mobilisés et solidaires. Si le gouvernement maintient son mépris et son arrogance envers les travailleuses et travailleurs des services publics, nous n’hésiterons pas à déclencher la grève partout au Québec si c’est nécessaire. »
À propos
Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la fonction publique du Québec. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2015.