Société

Budget 2025-2026: les travailleuses et les travailleurs laissés à eux-mêmes

25 mars 2025

La CSQ constate avec désarroi que le budget 2025-2026 du gouvernement du Québec trace la voie vers la réduction des services publics dans les prochaines années, alors que ceux-ci sont de formidables stabilisateurs économiques. Le ministre Girard appuie l’entièreté de son plan d’aide économique sur la construction de routes et le soutien aux entreprises, sans égard pour les travailleuses et travailleurs.

Par Étienne Richer, conseiller CSQ

Les réseaux sur le fil du rasoir

La CSQ constate, à la lecture du plan budgétaire 2025-2026, que le gouvernement ne parvient pas à adresser sa propre évaluation des coûts de système pour la prochaine année. En 2025-2026, les dépenses de portefeuille consacrées à la santé et aux services sociaux ainsi qu’à l’éducation atteignent respectivement 3 % et 2,2 %, alors que, pour maintenir les services, le gouvernement estime qu’il faudrait plutôt y consacrer 3,3 % et 3 %.

« Après avoir annoncé en catastrophe des gels d’embauche et reporté des investissements, le gouvernement ne semble pas avoir appris de ses erreurs. Aujourd’hui, il nous promet le statu quo sur la base d’une optimisation des dépenses qui nous apparaît ténue. Ce qui pointe à l’horizon est encore plus inquiétant. Dès l’année prochaine, la croissance des dépenses sera même négative pour plusieurs portefeuilles. Ça va forcément se traduire en coupes dans les services à la population! », estime Éric Gingras, président de la CSQ.

Face à une administration américaine qui se fait menaçante, entraînant au passage d’importantes perturbations de l’économie québécoise, le ministre des Finances choisit de concentrer ses investissements dans les routes et dans le soutien aux entreprises.

« Investir dans le bitume, c’est une mesure simpliste qui a ses limites. Ajoutons à cela qu’on mise encore sur un secteur à prédominance masculine. Par ailleurs, les mesures d’aide à la formation et à la requalification sont aux abonnés absents au même moment où l’opération main-d’œuvre arrive à son terme », explique M. Gingras en ajoutant que « l’histoire récente a d’ailleurs démontré que les pays où les services publics étaient les plus développés affichaient une meilleure résilience en période de crise économique, puisqu’ils agissent comme stabilisateurs ». 

Examen des dépenses fiscales

Considérant le besoin important du financement des services publics dans une période de grande incertitude, la CSQ trouve dommage le fait que le gouvernement ait manqué de courage avec le dévoilement des résultats de son examen des dépenses fiscales. Bien qu’il dégagera à terme près de 3 milliards de dollars d’ici 2029-2030 en optimisant la fiscalité québécoise, le gouvernement a lui-même annoncé qu’il y aurait un écart à résorber de 6 milliards de dollars entre 2027 et 2030.

La CSQ avait proposé au gouvernement des mesures courageuses pour éviter l’austérité en allant chercher près de 8 milliards de dollars pour financer les services publics. À la lumière du manque d’audace du gouvernement, la CSQ s’inquiète maintenant d’un retour à des coupes dans les services publics par manque de fonds. 

Vétusté des cégeps et des universités

Estimant à mots couverts que les équipes sur le terrain exagéraient le déficit de maintien des actifs collégiaux et universitaires, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a annoncé une révision des méthodes d’évaluation dans les derniers jours. Nous constatons avec stupéfaction que le gouvernement a tout simplement cessé d’en faire l’évaluation cette année. Rappelons qu’au dernier PQI, le gouvernement accusait un important retard des investissements et que la vétusté des cégeps et des universités s’amplifiait.

« Les cégeps et les universités ne se dégraderont pas moins vite parce qu’on ferme les yeux sur la situation. L’impact sur les conditions d’apprentissage des étudiantes et étudiants et sur les conditions de travail du personnel qu’on représente reste entier », estime le président de la CSQ.

Santé et services sociaux

En devenant l’employeur unique de 340 000 travailleuses et travailleurs le 1er décembre dernier, Santé Québec s’est vu confier le mandat ingrat de procéder à des compressions de 1,5 G$ en à peine quelques mois. Un peu partout au Québec, les soins à la population ont été affectés par des coupes de postes en service direct auprès des patients.

À la lecture du budget, force est de constater que la population n’est pas au bout de ses peines, puisqu’on constate que le gouvernement a sous-évalué l’augmentation des coûts de système. La CSQ calcule que l’augmentation des budgets devrait être de 3,4 % plutôt que des 3,3 % prévus. 

Petite enfance

La conversion de 1000 places additionnelles dans le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance en places subventionnées est accueillie positivement par la CSQ, qui invite toutefois le gouvernement à ce que celles-ci le soient dans des CPE tout en continuant de soutenir les milieux familiaux subventionnés et régis. La Centrale estime également que le gouvernement doit continuer de mettre les bouchées doubles afin d’offrir rapidement à chaque enfant une place de qualité.

Personnes aînées

La CSQ salue le fait que le gouvernement prenne au sérieux la sécurité des travailleuses et travailleurs retraités en investissant 10 millions de dollars pour installer des gicleurs dans les résidences privées pour aînés, mais elle aurait aimé voir des annonces qui répondent aux besoins en matière d’hébergement.

Le vieillissement de la population est un phénomène bien réel. En ce sens, la question du soutien à domicile en est une qui est fondamentale pour le Québec de demain. Pour la CSQ, parce que la question est passée sous silence dans le budget, ce sera une priorité de regarder de près pour voir si la nouvelle politique du soutien à domicile de cet automne sera à la hauteur. 

Crise du logement

Finalement, la CSQ déplore l’absence de nouveaux investissements afin de permettre la construction de logements sociaux. En pleine crise du logement, on constate que seule la réalisation de projets existants est prévue au plan budgétaire.

Tant les locataires que les ménages cherchant à accéder à la propriété font présentement les frais de la crise du logement actuel. L’itinérance est également intimement liée à la situation du logement ainsi qu’à son abordabilité.