Enseignement supérieur, International

La liberté académique : contrepoids à l’autoritarisme

25 février 2025

La liberté académique est un enjeu crucial pour la démocratie et la recherche. À l’occasion de la conférence Savoir et pouvoir : La lutte internationale pour la liberté académique, qui s’est tenue à Calgary les 7 et 8 février derniers, la CSQ a joint sa voix à celles de partenaires du monde entier pour défendre cette cause fondamentale, qui fait contrepoids à la montée de l’autoritarisme à travers le monde.

Par Julien Poirier, conseiller CSQ

Une liberté sous pression au Québec

Le Québec dispose de protections juridiques plus avancées qu’ailleurs, notamment avec l’adoption en 2022 de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire. Sa mise en œuvre reste toutefois inégale. Président de la Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ), Vincent Beaucher souligne que « l’aspect de promotion de la liberté académique, pourtant prévu par la loi, n’est pas pleinement appliqué dans les universités ».

Par ailleurs, la spécificité du réseau collégial québécois complique la donne. La loi actuelle ne s’applique qu’aux universités, laissant un vide juridique pour les cégeps. « Bien que les profs puissent s’exprimer relativement librement à l’intérieur des établissements, c’est extra-muros que le bât blesse », explique le président de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), Youri Blanchet. Certains cégeps imposent des restrictions sur la prise de parole publique de leur personnel, contribuant à un climat d’autocensure.

Des réalités contrastées à l’échelle internationale

Des témoignages marquants de représentants venus du Zimbabwe, du Kenya, de l’Inde, de l’Australie et de l’Argentine, lors de la conférence, ont illustré l’ampleur des attaques contre la liberté académique dans certains pays. Des enseignantes et enseignants sont parfois intimidés, harcelés, censurés, kidnappés, voire emprisonnés pour leurs travaux. Directrice générale de la CSQ et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation (IE), Marjolaine Perreault insiste sur l’importance de « compiler et de documenter les violations de la liberté académique, un travail essentiel pour faire pression sur les instances concernées ».

Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ, Marjolaine Perreault, directrice générale de la CSQ et membre du Bureau exécutif de l’IE, Vincent Beaucher, président de la FREUQ-CSQ, et Julien Poirier, conseiller CSQ

Aux États-Unis, la liberté académique est assez peu protégée par le premier amendement. Elle est aussi fragilisée par des coupes budgétaires ciblant les programmes en équité, diversité et inclusion (EDI) ou ceux traitant de la théorie critique du genre. Pour Vincent Beaucher, cette situation illustre comment, « même en acceptant ces restrictions, les menaces de nouvelles limitations persistent ».

Le rôle clé des organisations syndicales

Dans ce contexte, la mobilisation syndicale reste un levier essentiel. Le modèle syndical québécois, qui intègre des clauses sur la liberté académique dans les conventions collectives, est envié à l’échelle internationale. Youri Blanchet rappelle que « cette collaboration internationale confirme l’importance de notre combat et renforce notre engagement à protéger ce pilier de la démocratie ».

La liberté académique est un combat permanent, autant à l’échelle locale qu’internationale. La CSQ et ses fédérations poursuivront leur engagement en favorisant le partage des meilleures pratiques, la solidarisation des efforts et la défense intransigeante de ce droit fondamental.