Montréal, le 2 décembre 2014. – « Je suis particulièrement déçue de constater qu’encore une fois, ce sont les travailleuses et travailleurs qui écopent alors que les entreprises et les banques sont à peine effleurées dans leur portefeuille », constate Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). En effet, sur les 2,5 milliards de compressions identifiées par le gouvernement libéral pour 2015, moins de 400 millions représentent les efforts demandés aux entreprises.
L’entêtement de l’équilibre budgétaire
Le gouvernement Couillard s’entête à réduire le rôle de l’État en coupant aveuglément dans les services publics. Ses compressions, identifiées par le ministre des Finances, Carlos Leitao, laissent présager le pire pour la société québécoise :
– 689 millions économisés par le gel d’embauche contribuant à la surcharge de travail du personnel de l’État et à la perte d’expertise ;
– 300 millions retranchés du pacte fiscal municipal qui sera refilé aux contribuables ;
– 205 millions espérés dans le grand chambardement de structures du réseau de la santé et des services sociaux ;
– 193 millions dans la révision du financement des services de garde favorisant le principe de l’utilisateur-payeur.
Que ce soit à titre de contribuable, d’employé ou de bénéficiaire de services, toutes ces mesures sont entièrement absorbées par la population. L’aveuglement idéologique du gouvernement l’empêche de voir que la cause première des déficits est le marasme de l’économie québécoise et non pas la soi-disant « explosion » des dépenses. Pourtant, il s’entête à frapper sur la colonne des dépenses et ne fait rien pour relancer l’économie. La CSQ remarque que tant la mise à jour économique que les Comptes publics de l’année dernière démontrent que le gouvernement rate sa cible de revenus de 500 millions à chaque coup. À trop vouloir ralentir l’intervention de l’État, le gouvernement nuit lui-même à son objectif d’équilibre budgétaire ; cela, en plus de mettre à mal les services à la population.
« Il est extrêmement inquiétant de voir nos dirigeants gouverner le Québec comme s’il s’agissait d’une entreprise privée. Laisser la misère et les inégalités grandir au sein d’une société est loin d’être rentable. Il faut plutôt miser sur la qualité de vie de sa population pour stimuler l’économie. Pas besoin d’être économiste pour comprendre ça », lance Louise Chabot.
Les entreprises et les banques épargnées
Le grand ménage des crédits d’impôt aux entreprises annoncé par le gouvernement afin de dégager 600 millions d’économies n’aura finalement pas lieu. Le ministre annonce donc qu’il n’ira pas plus loin que la réduction paramétrique de 20 % annoncée au budget. Il demande aux banques une faible contribution spéciale de 125 millions. En plus d’être trop modeste, cette contribution pénalise la création d’emplois dans ce secteur au lieu de puiser à même les larges profits annuels de ces dernières. Enfin, le ministre aura préféré piger 112 millions dans les poches des travailleuses et travailleurs par la réduction du taux de conversion du crédit d’impôt sur les cotisations syndicales et professionnelles de 20 % à 10 %. Le ministre Leitao semble s’inspirer de plus en plus du gouvernement Harper. Après avoir présenté un projet de loi « mammouth » incluant bien plus que des mesures d’application du budget, il s’attaque maintenant aux syndicats.
Verte de déception
Dans le mandat de la commission d’examen sur la fiscalité, le gouvernement libéral annonçait un virage vers la fiscalité verte. La majoration de la taxe sur les « grosses cylindrées » représente une mesure très décevante qui aura peu d’impact, tant sur les finances publiques (8 millions) que sur les choix des consommateurs. La CSQ propose depuis quelques années l’instauration d’une formule de bonus-malus qui récompenserait l’achat de véhicules écologiques tout en décourageant l’acquisition de voitures polluantes. Notre proposition permettait d’engranger plusieurs centaines de millions de dollars.
En conclusion, cette mise à jour ne nous apprend rien de nouveau sur les orientations du gouvernement libéral. Son entêtement à réduire la taille de l’État et remettre en question le modèle québécois sous prétexte d’équilibrer le budget se révèle plus que jamais.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.