Enseignement supérieur
Loi 14 : chaos dans les cégeps anglophones
29 janvier 2025
Le personnel professionnel des cégeps anglophones sonne l’alarme face aux répercussions de la loi 14. La surcharge de travail et des obstacles administratifs perturbent les employées et employés ainsi que les étudiantes et étudiants, appelant le gouvernement à intervenir rapidement.
Par Étienne Richer, conseiller CSQ, et Audrey Parenteau, rédactrice en chef
La loi 14, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, adoptée par l’Assemblée nationale du Québec en mai 2022, a apporté des modifications à la Charte de la langue française qui ont une incidence sur les cégeps de langue anglaise.
Depuis son implantation, le personnel professionnel des cégeps anglophones est submergé par des tâches accrues. La Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) dénonce une organisation chaotique et demande des ajustements urgents. Le président de la fédération cite en exemple les aides pédagogiques individuels (API), pour qui les nouvelles règles à appliquer varient selon la provenance de chaque étudiante et étudiant. « Il y a tellement de cas individuels différents que les API qui travaillaient avec 19 grilles de cheminement scolaire dans les programmes d’un cégep doivent maintenant en utiliser 115, ce qui alourdit considérablement le travail et augmente le risque d’erreur », déplore-t-il.
Les nouvelles règles à appliquer imposent aussi que toutes les communications des cégeps anglophones doivent maintenant être bilingues. « Non seulement les ressources professionnelles pour réaliser ce travail supplémentaire n’ont pas suivi, mais, en plus, les cégeps sont entrés dans une période de gel de recrutement et d’embauche. Aucun professionnel ne s’est transformé en pieuvre depuis l’adoption de la loi. Résultat : plusieurs de nos membres sont épuisés en raison des répercussions de cette loi, ils ont besoin d’aide », ajoute le président de la FPPC-CSQ.
Les étudiantes et étudiants ne sont pas épargnés. Un simple changement de programme peut imposer plusieurs cours supplémentaires, réduisant leur motivation et leur chance de diplomation. La FPPC-CSQ propose une clause « grand-père » temporaire pour protéger celles et ceux inscrits avant l’entrée en vigueur de la loi 14.
Par ailleurs, les adultes en formation continue rencontrent des obstacles pour prouver leur maîtrise du français. Les exigences linguistiques imposent souvent des frais élevés pour des tests, pénalisant notamment les immigrantes et immigrants récents qui souhaitent obtenir une attestation d’études collégiales (AEC). La FPPC-CSQ recommande d’élargir l’accès aux cours de francisation et d’assouplir les critères d’évaluation.
Représentant 2 200 professionnels dans 38 syndicats, dont tous les cégeps anglophones, la FPPC-CSQ appelle le gouvernement à agir pour corriger ces effets néfastes.