Diversité

Diversité sexuelle et de genre : montée inquiétante de l’intolérance des jeunes

16 janvier 2025

L’intolérance des jeunes du secondaire envers les personnes LGBTQ+ a pratiquement doublé en sept ans, selon les données d’une étude menée par le Groupe de Recherche et d’Intervention Sociale de Montréal (GRIS-Montréal), un organisme qui offre des ateliers de démystification de la diversité sexuelle et de genre en milieu scolaire.

Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef

«  Entre 2017 et 2024, le niveau de malaise des jeunes face à l’homosexualité de leur meilleure amie ou meilleur ami a doublé, passant de 15,2 % à 33,8 % pour une amie lesbienne et de 24,7 % à 40,4 % pour un ami gai », a mentionné la directrice de la recherche au GRIS-Montréal, Gabrielle Richard, lors d’une conférence de presse organisée avec la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) en marge du colloque Bâtir des ponts pour l’inclusion de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation.

Cette hausse de l’intolérance envers la diversité sexuelle et de genre, observée chez les élèves de différents horizons (âge, genre, religion, localisation de leur école), s’accompagne d’une augmentation des discours haineux et des actes de violence dans les écoles. Au cours de l’étude, des commentaires comme « je suis homophobe et c’est mon droit » ou « arrêtez de normaliser une honte » ont été colligés et témoignent d’un recul sociétal préoccupant. « Ce recul des attitudes d’ouverture chez les jeunes est exacerbé par la structure des réseaux sociaux, la polarisation des attitudes ou encore la montée des discours masculinistes », a souligné Gabrielle Richard.

 

« L’inaction n’est pas une option »

Face à cette situation, le GRIS-Montréal et la FCPQ appellent à une mobilisation collective pour rendre les écoles plus inclusives. « À titre de présidente de la FCPQ et à titre de maman, je suis préoccupée par les constats partagés aujourd’hui. J’invite les parents, et tous les adultes qui travaillent auprès des jeunes, à promouvoir l’ouverture, l’inclusion et le respect pour favoriser le bien-être des enfants et une société où tout le monde a sa place », a dit Mélanie Laviolette.

La directrice générale du GRIS-Montréal, Marie Houzeau, a mentionné avoir constaté beaucoup d’améliorations au cours des 20 dernières années, mais a ajouté « être consternée de voir que nous devons de nouveau nous battre pour que nos jeunes puissent s’épanouir sans craindre le rejet ou la violence. Nos recherches montrent un net recul, et l’inaction n’est pas une option ».

En conférence de presse, les deux organismes ont dit recommander le déploiement de programmes de sensibilisation aux réalités LGBTQ+ dans toutes les écoles afin de créer des milieux scolaires bienveillants et respectueux.

Mélanie Laviolette, présidente de la FCPQ, Marie Houzeau, directrice générale du GRIS-Montréal et Gabrielle Richard, directrice de la recherche au GRIS-Montréal.

Un colloque pour « bâtir des ponts pour l’inclusion »

Les enjeux liés à l’homophobie et à la transphobie en contexte éducatif sont justement au cœur du 6e colloque de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation, dont la CSQ est fondatrice et partenaire, qui a lieu cette semaine.

Organisé sous le thème Bâtir des ponts pour l’inclusion, l’événement, qui rassemble une centaine de personnes (membres du personnel de l’éducation, de la petite enfance à l’enseignement supérieur), a pour objectif de sensibiliser et de former les intervenantes et intervenants du milieu de l’éducation ainsi que les étudiantes et étudiants sur les enjeux liés à l’homophobie et à la transphobie.

Il vise également à créer un espace de dialogue sur des sujets complexes, comme la polarisation autour des questions de diversité sexuelle et de genre, la montée de l’homophobie et de la transphobie dans les écoles québécoises, la « révolution du genre » observée chez les plus jeunes.

En pleine période de débats sociaux sur ces sujets, l’événement propose aux personnes participantes d’échanger, à l’aide d’ateliers et de conférences, sur les défis auxquels elles sont confrontées au quotidien.