Enjeux sociopolitiques, Société
Un moment de réflexion et d’inspiration avec Kim Thúy
12 décembre 2024
Cette semaine, près de 300 personnes déléguées de la CSQ se sont réunies à Québec dans le cadre du conseil général de la CSQ, qui a pour thème central l’immigration et la francisation. Invitée d’honneur, l’autrice et conférencière Kim Thúy a partagé son parcours d’immigrante, éclairant l’assistance sur les manières de favoriser une intégration harmonieuse des nouveaux arrivants.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef | Photos : Pascal Ratthé
Lors de sa conférence, Kim Thúy a captivé son auditoire avec des anecdotes parfois touchantes, parfois cocasses, tirées de son expérience personnelle. Elle a mis en contexte la décision de sa famille de quitter le Vietnam, en 1978, alors qu’elle n’avait que 10 ans, afin de fuir la répression du régime communiste comme l’ont fait, à l’époque, près d’un million de Vietnamiennes et Vietnamiens.
Son voyage en mer sur un bateau d’à peine 10 mètres où s’entassaient 250 personnes, son vécu dans un camp de réfugiés en Malaisie, son arrivée à Granby, en Montérégie, où s’est installée un peu par hasard sa famille et l’accueil chaleureux qu’elle et ses proches ont reçu de leur nouvelle communauté a construit son identité.
L’analogie du poisson rouge
Avec sa sensibilité caractéristique, Kim Thúy a évoqué les difficultés rencontrées, mais aussi les richesses que peuvent apporter les personnes immigrantes à une société, et vice-versa.
En entrevue après sa conférence, celle qui est récipiendaire de plusieurs prix littéraires prestigieux a utilisé l’image du poisson rouge comme une analogie pour expliquer comment différents points de vue peuvent enrichir notre compréhension et notre perception des autres.
« En français, on l’appelle le poisson rouge. En anglais, le gold fish, le poisson doré, et en vietnamien, le poisson chinois, en raison de son origine. On l’appelle différemment, selon notre façon de le regarder. De face, ses écailles semblent rouges, de dos, dorées. Autour d’une table, on peut ainsi être plusieurs à décrire le poisson de façons différentes. Personne n’a tort ou raison. Tout le monde apporte son point de vue différent et enrichit la façon de décrire ce poisson », a imagé Kim Thúy, expliquant que cette métaphore puissante illustre comment l’accueil des personnes immigrantes peut enrichir une société et à quel point chaque individu peut offrir une perspective unique et précieuse.
« Une société accueillante, c’est une société qui ne craint pas la différence, mais qui en fait une opportunité de grandir », a-t-elle ajouté. Au cours de sa conférence, Kim Thúy a invité la délégation du conseil général à cultiver une curiosité bienveillante envers les différentes cultures, un pas nécessaire pour bâtir des liens solides entre les communautés.
Apprendre par amour
Kim Thúy a partagé un épisode touchant sur son apprentissage du français. « Ce n’est pas la Loi 101 qui m’a appris le français, c’est l’amour. » Elle a expliqué que son désir de maîtriser la langue est né de l’affection qu’elle a reçue de la part des Québécoises et des Québécois. « Quand on est aimé, on veut tout de cette personne : sa culture, sa langue, son univers. »
Ce message, porté tout au long de sa conférence, a résonné fortement auprès de l’audience, rappelant que l’intégration réussie passe souvent par des relations humaines authentiques.
Une vision pour l’avenir
Lors de notre entretien privé avec Kim Thúy, l’autrice a approfondi sa vision d’une société d’accueil idéale. Pour elle, l’éducation et les opportunités d’échanges sont des piliers essentiels. Elle préconise de voir la diversité culturelle non pas comme un défi, mais comme une ressource permettant d’élargir les horizons de chacun.
« Ce qui rend une société extraordinaire, c’est sa capacité à accueillir avec curiosité et respect, tout en étant ouverte à apprendre de l’autre », a-t-elle expliqué. Cette vision interpelle tout particulièrement les membres de la CSQ, qui sont nombreux à être engagés au quotidien dans la francisation et l’accompagnement des personnes immigrantes.
Un thème essentiel pour la CSQ
Le choix de thématiser cette édition du conseil général autour de l’immigration et de la francisation réaffirme l’importance pour la CSQ de répondre aux enjeux de la société. Les personnes déléguées ont profité de cet événement pour échanger sur les pratiques exemplaires et les défis liés à l’accueil des personnes immigrantes, inspirés par les propos de Kim Thúy.
La conférence de l’autrice aura sans doute marqué les esprits, non seulement par la beauté de ses histoires, mais aussi par l’élan qu’elle a su insuffler pour construire une société plus inclusive. « Si nous sommes capables de transformer notre peur de la différence en une curiosité constructive, alors nous pourrons grandir ensemble », a conclu Kim Thúy, sous les applaudissements chaleureux de l’auditoire.