Les maux de la langue

Pendant les Fêtes

11 décembre 2024

Spectacles, concerts, pièces de théâtre, matchs : pendant les Fêtes, c’est le bon temps d’en profiter. Pour ne rien manquer de ces divertissements et en amoindrir le prix d’admission, on peut songer à se procurer un billet de saison. Cet astucieux stratagème comporte deux erreurs. En français, le mot admission ne s’emploie dans un sens concret qu’en mécanique, soit pour l’entrée des gaz dans le cylindre d’un moteur; donc, optons pour prix d’entrée. En ce qui a trait à billet de saison, cela ne décrit pas correctement le concept d’abonnement, terme à privilégier. D’une part, un billet donne droit à une seule entrée, et non à plusieurs, et d’autre part, un produit de saison est un produit récolté ou vendu durant une saison donnée. Cette expression ne s’applique pas aux privilèges.

Par Martine Lauzon, réviseure linguistique

Durant une prestation, seules les personnes souffrantes attendent l’intermission pour s’acheter un breuvage. Profiter d’une intermission, c’est bénéficier d’une interruption des effets d’un mal, de la douleur, moment que le breuvage saura surement prolonger puisque ce mot désigne « un médicament, un philtre que l’on boit ». Les gens bien portants, eux, pourront profiter de l’entracte pour consommer une boisson.

Pensez-vous que l’audience est consciente que les artistes ou les athlètes se sont pratiqués des heures durant pour offrir cette performance? Très improbable. Par contre, les gens présents, soit l’assistance, le public, savent bien que cet évènement a été possible grâce aux efforts des protagonistes, qui se sont exercésentrainés ou qui ont répété maintes et maintes fois. Précisons que l’audience est composée des personnes qui sont touchées par un message, un média, que ce soit la radio, la télévision, le Web, alors que se pratiquer signifie « être en usage, se faire de façon régulière ».

Saviez-vous que…?

On aime aussi faire bonne chère, pendant les Fêtes. C’est un moment privilégié, parfois rassembleur, qui ravit les palais et, à l’occasion, délie les langues. À ne pas confondre avec faire bonne chair, qui n’existe pas. Chère vient en fait du latin cara, qui se traduit par « visage ». Cette expression signifiait, au 13e siècle, « faire un bon accueil, avoir une mine souriante » lorsque des gens se présentaient chez soi. Avec le temps, faire bonne chère est devenu synonyme de « faire un bon repas », d’où la confusion avec l’homonyme « chair », du moins si l’on est carnivore.