Montréal, le 2 novembre 2024. Les 47 signataires/membres de la Campagne québécoise pour la régularisation et la justice migrante lancent une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation au sujet des réalités que vivent les personnes migrantes et immigrantes. Car celles-ci sont privées d’une voix collective et leurs droits sont bafoués. Ces injustices s’accompagnent d’une montée alarmante des discours antimigrants. C’est pourquoi nous appelons à manifester ce samedi 2 novembre 13 h, à Montréal, dans le cadre d’une semaine d’actions pour la régularisation et la justice migrante du 2 au 9 novembre.

Les personnes migrantes pénalisées. Elles ne sont pas responsables de leur perte de statut ni du recours accru aux permis temporaires de travail ou d’études après la pandémie. Pourtant, ce sont surtout elles qui sont aujourd’hui pénalisées, non les entreprises qui les exploitent et les abusent, ni celles et ceux qui leur louent des taudis ou les harcèlent, en profitant de leur position de vulnérabilité.

Drames humains. Les personnes migrantes qui sont déjà sur le territoire, qui vivent ici, souvent depuis des années, contribuent à construire nos communautés et à soutenir à bout de bras les services publics. Elles ne peuvent être considérées comme de simples dommages collatéraux quand on rompt des promesses et que l’on change sans délai les règles du jeu, suscitant ainsi des drames humains. C’est pourquoi nous réclamons de:

  • mettre en place un programme de régularisation véritablement inclusif pour les personnes sans statut migratoire;
  • stopper l’application des mesures prises pour les travailleuses et travailleurs déjà présents sur le territoire et leur permettre d’accéder sans délai à la résidence permanente;
  • faciliter l’accès à la résidence permanente, particulièrement pour les personnes qui sont sur le territoire canadien;
  • stopper les déportations et les détentions tant que ces revendications n’auront pas été prises en compte;
  • abolir le permis de travail fermé, moyen réel pour protéger les personnes migrantes de l’exploitation et les sortir du cheap labour.

Citations

« Le gouvernement doit reconnaître la dignité et l’apport des personnes sans statut en leur offrant une voie juste et humaine vers la régularisation » Christelle, personne sans statut, comité des femmes du IWC-CTI

« Après ces mesures… eh bien, je ressens une grande frustration. Dans mon cas, j’ai eu l’impression pendant tout ce temps de passer par un processus dans lequel j’ai essayé de profiter de cette opportunité, j’ai investi du temps et de l’argent pour m’éduquer et, pour remplir les niveaux de français, j’ai travaillé pour répondre aux besoins du Québec… Cependant, c’est terrible parce que maintenant, avec les nouvelles règles qui ont été mises en place, ils me laissent en dehors des candidats, sans la chance de renouveler, et avec une grande restriction pour la recherche d’un emploi et la présentation d’une demande. J’ai toujours suivi les directives du gouvernement, j’ai suivi toutes les règles, j’ai travaillé dur et tout ça pour quoi ? Avec tout ça, ma santé mentale a diminué et la seule chose que je trouve, ce sont des portes fermées, après que les mêmes gouvernements fédéral et provincial nous aient fait venir travailler… » Valeria, travailleuse migrante, affectée par les nouvelles mesures du PTET

« Quels que soient nos choix collectifs quant à nos politiques en immigration, les migrants qu’on accueille ont droit au respect et à la dignité ainsi qu’à des conditions de travail et de vie sécuritaires. Les programmes qui tendent à les traiter comme de la main-d’œuvre bon marché et jetable sont tout simplement révoltants! Ils veulent s’intégrer et contribuer à la société québécoise, mais encore faut-il le rendre possible. Ce n’est pas en coupant dans les services de francisation qu’on va y arriver. « En prendre soin », ça devrait être plus qu’un slogan! » Pascal Côté, troisième vice-président, Centrale des syndicats du Québec

« Être demandeur d’asile signifie vivre avec la peur au ventre en attendant de savoir si notre demande sera acceptée. Pour nous, demandeurs d’asile Guinéens, la déportation signifie les prisons surpeuplées où l’on meurt de maladie ou de torture. Des opposants, comme moi, sont tués en prison. La junte militaire tue des manifestants et viole les droits de la personne. Nous demandons la fin des déportations vers la Guinée, la fin de toutes les déportations.

Être demandeur d’asile signifie aussi qu’on est embauché seulement par des agences de placement pour du travail dangereux, des salaires très bas, du harcèlement et des accidents de travail. Mais nous avons notre dignité. Nous ne sommes pas de la marchandise qui peut être transportée dans une autre province sans notre consentement. Ici, nous avons notre famille, nos ami(e)s, notre travail. Non aux déportations. Oui à la régularisation. » Djibril Diallo, demandeur d’asile, Statut pour les Guinéens

« Malgré les chartes de protection des droits et libertés, au Québec et au Canada, les personnes sans statut et à statut précaire subissent des violations de droits multiples, allant de leur droit à la vie et à la sécurité, au logement, au travail, à la santé, à l’accès à la justice, etc. Ces graves violations des droits humains se perpétuent en raison de la précarité des statuts migratoires des gens. Ce sont les politiques mises de l’avant par nos élu(e)s ainsi que par le système économique qui provoquent cette précarité et les situations d’exploitation vécues par de nombreux migrant(e)s. » Lynda Khelil, responsable de la mobilisation, Ligue des droits et libertés.

« Les nouvelles mesures fédérales annoncées, loin d’apporter des solutions, précarisent davantage les personnes migrantes déjà présentes et restreignent la réunification familiale, autrement dit pénalisent des gens qui occupent déjà un logement. Les freins à l’immigration permanente de Québec font de même. La crise actuelle du logement découle de choix politiques des gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans à Québec comme à Ottawa. Elle est la conséquence notamment d’un encadrement inadéquat du marché locatif menant à la perte de logements locatifs, notamment au profit d’Airbnb; et d’un manque d’investissements en logement social faisant en sorte que celui-ci, qui n’occupe que 11% du parc locatif, ne peut agir comme rempart face aux crises. La question des seuils d’immigration est un écran qui masque une gestion politique défaillante de la situation du logement qui se détériore partout. » Stéphanie Barahona, organisatrice, Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

À propos

La Campagne québécoise pour la régularisation et la justice migrante (https://cqrjm.org/) a été lancée en 2022 sous le nom de la Campagne québécoise pour la régularisation des personnes sans statut migratoire.

Organisations engagées dans la campagne :

  1. Action Réfugiés Montréal (ARM)
  2. Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
  3. Amnistie internationale Canada francophone
  4. Association générale étudiante du campus de Rimouski de l’UQAR (AGECAR)
  5. Association pour les droits des travailleuses.rs de maison et de ferme (DTMF-RHFW)
  6. Au bas de l’échelle (ABE)
  7. CALACS de l’est du BSL
  8. Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
  9. Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  10. Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (IWC-CTI)
  11. Centre femmes de La Mitis
  12. CLEF Mitis-Neigette
  13. Clinique pour la justice migrante (CJM)
  14. Collectif Bienvenue / Welcome Collective
  15. Collectif pour un Québec sans pauvreté
  16. Comité d’action de Parc-Extension (CAPE)
  17. Comité logement Bas-Saint-Laurent
  18. Confédération des syndicats nationaux (CSN)
  19. Conseil central du Bas-Saint-Laurent-CSN (CCBSL-CSN)
  20. Conseil central du Montréal métropolitain-CSN (CCMM-CSN)
  21. Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
  22. Corporation de développement communautaire des Grandes Marées (CDCGM)
  23. Fédération des femmes du Québec (FFQ)
  24. Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
  25. Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
  26. Fondation Béati
  27. Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  28. Illusion Emploi de l’Estrie
  29. International Migrants Alliance Canada (IMA Canada)
  30. La Débrouille
  31. MCM – Solutions Justes
  32. Médecins du Monde
  33. Migrante Québec
  34. Observatoire pour la justice migrante (OPLJM)
  35. Solidarité populaire Estrie (SPE)
  36. Syndicat des Métallos
  37. Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
  38. Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM)
  39. Le Québec c’est nous aussi (LQCNA)
  40. Ligue des droits et libertés (LDL)
  41. Médecins du Monde Canada
  42. Organisation des femmes philippines du Québec (PINAY)

La semaine d’actions est aussi appuyée par :

  1. Association générale étudiante du Cégep de Rimouski (AGECR)
  2. Mouvement Action-Chômage de Montréal (MAC)
  3. Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12)
  4. Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ)
  5. Solidarité sans frontières (SSF)