Petite enfance

Les intervenantes en petite enfance intensifient les moyens de pression

24 octobre 2024

Les intervenantes en petite enfance affiliées à la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) annoncent qu’elles entameront des actions concertées à partir de la semaine du 11 novembre 2024. Après plus d’un an sans entente collective et face à des négociations qui stagnent, elles disent n’avoir d’autre choix que d’intensifier la pression sur le gouvernement afin de faire avancer les discussions.

Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ

Sans convention et sans entente collective depuis près de deux ans (mars 2023), les responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) et les intervenantes des centres de la petite enfance (CPE) attendent toujours une offre sérieuse de la part du gouvernement. Malgré l’urgence des besoins, les négociations font du surplace. En septembre 2023, la FIPEQ-CSQ a soumis ses demandes et proposé des dates pour entamer des discussions. Ce n’est qu’au printemps 2024, après plusieurs actions de mobilisation, que le gouvernement a daigné présenter une première offre… insuffisante!

« Il est étonnant que, malgré les défis importants du réseau de la petite enfance au Québec, comme le manque de places, la baisse de la qualité des services et la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement ne prenne pas cette négociation plus au sérieux », déclare Anne-Marie Bellerose, présidente de la FIPEQ-CSQ.

Des actions concertées à partir du 11 novembre

Face à l’inaction du gouvernement et à l’absence d’avancées significatives à la table des négociations, les intervenantes en petite enfance ont pris la décision de lancer des actions concertées dès le mois de novembre. « Nous avons tout mis en place pour éviter d’en arriver là, mais il est désormais temps de forcer le gouvernement à s’engager sur des propositions concrètes et sur un rythme de négociation plus soutenu », précise Anne-Marie Bellerose.

Anne-Marie Bellerose, présidente de la FIPEQ-CSQ. Photo : Félix Cauchy-Charest.

Les actions débuteront de manière progressive pour les milieux familiaux, à compter de la semaine du 11 novembre 2024. Ces actions s’étaleront sur une période de quatre semaines. Les intervenantes des CPE affiliées à la FIPEQ-CSQ joindront le bal les vendredis, à partir du 15 novembre 2024.

La cible est le gouvernement, pas les parents

Les intervenantes en petite enfance sont conscientes des répercussions que ces actions pourraient avoir sur les parents et les enfants fréquentant les services de garde. Néanmoins, elles insistent sur le fait que ces actions sont nécessaires pour améliorer la qualité des services offerts.

« Ce n’est jamais de gaieté de cœur que nos membres prennent de telles décisions. Nous espérons que le gouvernement Legault saisira la balle au bond et réévaluera ses offres à la hauteur des enjeux actuels. Les solutions sont connues, il ne manque que la volonté politique », affirme Anne-Marie Bellerose.

Pour la FIPEQ-CSQ, il est impératif que le gouvernement prenne conscience de l’importance du réseau de la petite enfance et investisse les ressources nécessaires pour garantir sa pérennité.

Combattre la précarité pour maintenir la qualité des services

Les RSE opèrent à perte en raison de l’inflation galopante de ces dernières années. Le coût des services qu’elles offrent dépasse parfois ce qu’elles peuvent réclamer, ce qui entraîne une précarité croissante dans le milieu.

Dans les CPE, ce n’est pas mieux. Le ratio d’éducatrices qualifiées est en baisse, principalement en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Cette diminution du personnel formé se traduit directement par une baisse de la qualité des services offerts aux enfants et une charge de travail accrue. Dans un contexte où les CPE sont déjà confrontés à des difficultés financières, cette perte de qualité vient fragiliser davantage le réseau.

Le récent rapport du Vérificateur général du Québec a confirmé les inquiétudes de la fédération en soulignant la nécessité pour le gouvernement d’agir rapidement. Selon ce rapport, la qualité des services en petite enfance au Québec est menacée, et des mesures concrètes doivent être prises pour éviter que la situation ne se détériore davantage.

Une pression grandissante sur le gouvernement

La FIPEQ-CSQ attend désormais que le gouvernement réagisse face à cette nouvelle montée de la pression. Selon la fédération, il est encore temps pour l’État d’agir et de proposer une nouvelle offre qui serait à la fois équitable pour les intervenantes et bénéfique pour les familles du Québec.

En augmentant la pression à travers des actions progressives, la FIPEQ-CSQ espère forcer le gouvernement à accélérer les négociations et à prendre des engagements concrets pour l’avenir du réseau de la petite enfance. « Les professionnelles, dédiées aux enfants, ont été très patientes. Elles ont absorbé les pertes et tenu le réseau sur leurs épaules. Il est maintenant temps que le gouvernement présente des offres sérieuses », conclut Anne-Marie Bellerose.