Action féministe
Condition féminine : « Nous sommes à la croisée des chemins »
23 octobre 2024
Où en sommes-nous vraiment en matière d’égalité entre les femmes et les hommes? C’est la question sur laquelle se sont penchées plus de 180 personnes participantes lors du 2e Forum des partenaires en égalité, organisé par le Secrétariat à la condition féminine (SCF). L’événement visait à faire le point sur la stratégie actuelle pour l’égalité et à réfléchir aux enjeux que la prochaine stratégie gouvernementale devrait aborder.
Par Julie Pinel, conseillère CSQ
Plus de 81 organismes et organisations, dont la CSQ, étaient réunis le 15 octobre dernier pour l’occasion. Dans son mot d’ouverture, la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, a lancé aux groupes féministes un appel à la solidarité afin de poursuivre le travail.
Avec la montée des discours de droite et les reculs concernant les conditions de vie des femmes auxquels nous assistons un peu partout dans le monde, on se doit d’avoir un mouvement fort et de demeurer vigilantes. « Nous sommes à la croisée des chemins en termes de condition féminine et nous devons travailler ensemble plus que jamais », a déclaré la ministre.
Bilan de la stratégie
Lors de l’événement, le SCF a dressé le bilan des actions gouvernementales réalisées depuis la mise en place de la stratégie, en 2022. Plusieurs plans d’action contre la violence ont été instaurés, et le Secrétariat a intensifié ses efforts de sensibilisation pour favoriser une plus grande application de l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) en formant plus de 800 personnes au sein de la structure gouvernementale. De plus, quatre projets pilotes ont été lancés afin d’intégrer cette analyse dans une perspective intersectionnelle (ADS+).
Sur ce point, de nombreux groupes ont pris la parole pour réclamer que le SCF favorise l’application de l’ADS+ à l’ensemble des politiques, des mesures ou des projets de loi mis en place par le gouvernement qui peuvent entraîner des répercussions différenciées sur les femmes et les hommes, mais également sur les femmes en situation de handicap, celles issues de groupes minorisés, etc. Ce n’est qu’en tenant compte des enjeux vécus par les femmes vivant à la croisée des oppressions que nous pourrons tendre vers une plus grande égalité entre toutes les femmes.
Reconnaître les enjeux propres aux femmes
Lors de cette journée, il a d’abord été question de l’absence de reconnaissance des enjeux propres aux femmes, notamment dans la conception et l’aménagement de l’espace public, ce qui crée des iniquités entre les femmes et les hommes. Les transports collectifs desservent de façon générale les pôles d’emploi et répondent moins aux besoins des femmes, qui doivent souvent mener les enfants à l’école ou au service de garde éducatif à l’enfance avant de se rendre au travail, ce qui peut avoir des incidences sur leur participation socioéconomique.
Les études démontrent par ailleurs que les femmes sont plus préoccupées par la sécurité que les hommes, peu importe le moyen de transport utilisé et le moment de la journée. Cela génère chez elles un niveau de stress et d’anxiété plus élevé lorsqu’elles se déplacent dans l’espace public. Des solutions existent et, pour tendre vers l’égalité entre les femmes et les hommes, il est essentiel de considérer les enjeux de genre dans l’aménagement de nos espaces publics.
L’après-midi a été dédié à la situation économique et professionnelle des femmes. Avec l’avènement du télétravail, le Conseil du statut de la femme (CSF) étudie actuellement les avantages et les risques de cette nouvelle forme de travail pour les femmes. Les données démontrent qu’elles sont plus nombreuses que les hommes à y recourir, souvent en raison de la nature des emplois qu’elles occupent.
Bien qu’elles soient nombreuses à témoigner de l’effet positif du télétravail sur la conciliation de leurs différents rôles, elles sont également plus nombreuses à constater que cela complique la gestion de leurs responsabilités. La poursuite de cette recherche par le CSF aidera certainement à mieux comprendre ces données et à mettre en place une organisation du travail répondant mieux aux besoins des femmes.
Du chemin reste à parcourir
Bien d’autres sujets ont été abordés au cours de cette journée riche en échanges. Ce qui en ressort, c’est que la situation des femmes au Québec s’est considérablement améliorée, mais qu’il reste encore beaucoup à faire afin de tendre vers une égalité de fait entre les femmes et les hommes.