Enjeux sociopolitiques

« Il faut abolir le permis de travail fermé au lieu de punir les victimes »

1 octobre 2024

Au lieu de rehausser l’accès aux droits fondamentaux et du travail des personnes migrantes et immigrantes, les restrictions portant sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), dont certaines viennent d’entrer en vigueur, pénalisent les victimes de ce système à plusieurs vitesses, affirment 52 organisations et groupes des milieux communautaires, syndicaux (dont la CSQ), universitaires, étudiants et de défense des droits. 

Depuis le 26 septembre dernier, les employeurs canadiens sont soumis à de nouvelles restrictions concernant l’embauche de travailleurs étrangers temporaires faiblement rémunérés. Désormais, pas plus de 10 % de leur main-d’œuvre ne peut être embauchée à partir du volet « bas salaire » du programme et les contrats pour les postes à bas salaire sont généralement limités à un an. Selon ce que rapporte Radio-Canada, « le gouvernement fédéral espère que ce changement de politique incitera les entreprises à s’efforcer davantage d’embaucher des travailleurs déjà présents au Canada ».

Or, dans un communiqué de presse publié la semaine dernière, les 52 organisations affirment que ces mesures, prises pour gérer l’augmentation du nombre de travailleuses et travailleurs temporaires, créent plutôt « une situation encore plus propice aux abus de toutes sortes envers ces personnes » et vont plutôt « grossir le flot de personnes sans papiers ». Ces restrictions « aggravent la précarité des personnes entrées par le biais du PTET pour les postes à bas salaire. En effet, en perdant leur statut faute de pouvoir renouveler le permis fermé, ces personnes pourtant déjà présentes sur le territoire ne sont pas censées rester au Canada; or, nombre d’entre elles y vivent depuis plusieurs années, souvent avec leur famille. »

Boucs émissaires de la remontée des taux de chômage 

« Ces mesures relèvent d’un choix politique hypocrite parce qu’elles ne sont pas destinées à décourager ceux parmi les employeurs qui recourent à tour de bras aux travailleurs temporaires, puis les jettent quand ils n’en ont plus besoin, affirment les organisations. En revanche, elles pénalisent lourdement les travailleuses et travailleurs ayant un permis fermé, quel que soit le programme par lequel ils étaient entrés, et même au-delà. En effet, d’autres personnes migrantes disposant d’un permis ouvert par définition temporaire perdent la possibilité de prolonger leur séjour en acceptant, comme on le voit régulièrement, un permis fermé. » 

Réformer en profondeur le système d’immigration

Dans l’immédiat, les organisations réclament :

  • d’abolir le permis de travail fermé, ce qui permettrait de protéger les personnes migrantes et de les sortir du cheap labour;
  • de suspendre l’application des mesures prises pour les travailleuses et travailleurs déjà présents sur le territoire et de leur permettre d’accéder sans délai à la résidence permanente;
  • de faciliter l’accès à la résidence permanente, particulièrement pour les personnes qui sont sur le territoire canadien;
  • de mettre en place un programme de régularisation véritablement inclusif pour les personnes sans statut migratoire.

Pour en savoir plus

Lisez le communiqué de presse officiel signé par les 52 organisations.