Société

Avenir énergétique : la CSQ réclame un exercice de dialogue social

18 septembre 2024

Dans sa forme actuelle, le projet de loi n69 en matière d’énergie préoccupe la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) puisqu’il facilite l’implication accrue du secteur privé. La CSQ souhaite que le gouvernement réaffirme le caractère public d’Hydro-Québec et renationalise les projets énergétiques actuellement sous contrôle privé. 

« Nous demandons également à la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, de suspendre les travaux de la commission et de mettre sur pied rapidement un vaste exercice de dialogue social sur l’avenir énergétique du Québec et la transition juste, qui inclurait toutes les parties prenantes », a dit la vice-présidente de la CSQ, Anne Dionne, de passage en commission parlementaire, le 18 septembre, dans le cadre de l’étude du projet de loi no 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.

Une consultation démocratique plus large 

La CSQ est d’avis que, dans le contexte de son arrivée récente, la ministre a l’occasion de faire preuve de leadership, de prendre un pas de recul et de mettre le projet de loi de côté afin de tenir une vaste consultation démocratique sur cet enjeu. Cet exercice non partisan devrait servir à établir le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques ainsi qu’à aider à identifier les futures modifications législatives en matière d’énergie et de transition juste.

« Cela permettrait de garantir que la gestion des ressources énergétiques du Québec reste orientée vers les besoins collectifs, en répondant aux défis climatiques tout en assurant un développement social et économique équitable », soutient la vice-présidente.

Freiner le recours au privé 

La CSQ exprime de profondes préoccupations concernant le projet de loi no 69 dans sa forme actuelle puisqu’il facilite l’implication accrue du secteur privé. Rappelons que la nationalisation de l’électricité a permis de rectifier les injustices économiques en mettant fin au contrôle des compagnies privées et en uniformisant les tarifs ainsi que la qualité et la disponibilité du service pour tous. La gestion privée des projets a généré, à l’époque, des divisions au sein des communautés locales, exacerbé les inégalités et limité les retombées économiques locales, renforçant la méfiance envers l’État.

Agir en cohérence avec l’urgence climatique 

Par ailleurs, le gouvernement semble s’orienter sur l’augmentation de la production d’électricité au détriment des impératifs de transition écologique et de sobriété énergétique. Le projet de loi, en subordonnant la politique climatique au plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, prend la question à l’envers.

« Malgré des appels de la communauté scientifique internationale, des municipalités du Québec ou des acteurs de la société civile, le gouvernement considère la transition d’abord sous la lorgnette du développement économique, sans mesurer avec justesse l’urgence climatique et les impératifs qu’elle entraîne en matière de décarbonation et d’adaptation. Il n’a toujours pas de plan clair, chiffré, permettant de dresser une trajectoire cohérente vers un Québec zéro émission nette », déplore la vice-présidente.

Plusieurs inquiétudes demeurent 

En conclusion, le projet de loi no 69, dans sa forme actuelle, représente une menace substantielle pour la gouvernance publique et démocratique du secteur énergétique. La Centrale exprime des préoccupations légitimes quant à l’accroissement du rôle du secteur privé au détriment du bien commun et de la souveraineté énergétique, qui ont été historiquement assurés par Hydro-Québec. Elle souhaite mettre en lumière les dangers d’une privatisation progressive, qui risque de détourner les bénéfices évidents d’une gestion collective, notamment en termes de tarifs bas, d’emplois de qualité et de financement des services publics.

« Nous mettons en garde le gouvernement contre les risques de privatisation, l’érosion des services publics et la concentration des pouvoirs. Nous croyons qu’en 2024, il est nécessaire que la gouvernance énergétique du Québec soit axée sur la protection de l’environnement, la justice sociale et l’intérêt public à long terme », conclut Anne Dionne.

En savoir plus

Pour consulter le mémoire de la CSQ : Remettre l’énergie au service du bien commun.

Regardez la présentation d’Anne Dionne devant la commission parlementaire: